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Plus forts que la technologie ? En Angleterre, des policiers « super-reconnaisseurs »

Ils ont une mémoire exceptionnelle des visages et une capacité d’identification bien supérieure à la moyenne. Au moment où le monde débat de l’intelligence artificielle et des technologies de reconnaissance faciale, la police anglaise s’appuie sur quelques agents « super-reconnaisseurs ».

Seulement 1% de la population a cette aptitude innée, « ce super-pouvoir », selon Tina Wallace, une responsable de la Thames Valley Police qui couvre une large zone à l’ouest de Londres.

Son équipe, qui a commencé à recruter ces agents si spéciaux en 2017, compte désormais une vingtaine de « super-reconnaisseurs », parmi lesquels Alex Thorburn, qui travaille depuis 17 ans dans la police.

« J’ai toujours été bonne pour reconnaître les visages. Alors quand on m’a proposé de passer des tests, je me suis lancée », raconte cette dernière. Les résultats ont confirmé son aptitude.

Après une semaine de formation, elle a fait un dernier exercice, dans un centre commercial. « On m’a montré des photos, datant de 10 à 30 ans, de dix personnes. Il a fallu les retrouver dans la foule. J’ai réussi, même si elles avaient beaucoup changé ».

L’équipe travaille aussi bien derrière des écrans, à partir des images de vidéo-surveillance, que sur le terrain.

Alex Thorburn a ainsi été placée dans la foule réunie au château de Windsor, à l’ouest de Londres, pour le couronnement de Charles III en mai.

« On nous a montré de nombreuses photos de personnes, des obsédés de la famille royale. Notre rôle était de voir si elles étaient présentes afin d’éviter tout problème. Heureusement, tout s’est bien passé ».

« C’est un moyen peu onéreux et efficace de combattre la criminalité », vante Mike Neville, un enquêteur à la retraite de Scotland Yard, où il a monté la première équipe de « super-reconnaisseurs ». Il a ensuite créé l’association Super Recognisers International.

Pas de compétition
Un des premiers « succès majeurs » de ces policiers hors norme remonte à 2011, au moment des émeutes de Londres. Il y avait au total 200.000 heures d’images de vidéo-surveillance. « Vingt agents ont identifié 600 émeutiers », explique Josh Davis, un professeur en psychologie appliquée de l’université de Greenwich, qui est membre de l’association de Mike Neville.

Un policier, qui était expert en gangs, a reconnu en analysant les images 180 délinquants, y compris certains qu’il n’avait jamais vus en personne et qui avaient une partie du visage cachée.

La Thames Valley Police déploie désormais ses « super-reconnaisseurs » certains soirs devant bars et boîtes de nuit afin de repérer des auteurs connus d’agressions sexuelles. « Des agents en civil sont sur le terrain ou derrière la vidéo-surveillance. Dès qu’ils repèrent des comportements inappropriés, des policiers en uniforme sont envoyés sur place », raconte Tina Wallace.

En trois ans, 520 personnes ont ainsi été interpellées. « Deux hommes sur cinq que nous avons arrêtés avaient déjà été condamnés pour viol ou agression sexuelle », ajoute cette femme de 50 ans, dont 26 dans la police.

Mais à l’heure de l’intelligence artificielle (IA) et des technologies de reconnaissance faciale, ces compétences humaines ne sont-elles pas dépassées ?

« Il n’y a pas de compétition. Elles peuvent être utilisées ensemble », comme le fait la police de Londres, assure Mike Neville. « L’IA fonctionne bien avec des images de bonne qualité. Les humains sont meilleurs quand la qualité est faible, quand le visage est incliné ou partiellement couvert par des lunettes de soleil ou un masque ».

« De plus, en vertu de la législation du Royaume-Uni et de l’UE, les identifications par IA doivent être vérifiées par un être humain avant qu’une arrestation ne soit effectuée », note-t-il. « La plupart des gens, dans une démocratie, seraient plus heureux si des personnes prenaient la décision de détenir quelqu’un, plutôt qu’un ordinateur ».

La demande pour des « super-reconnaisseurs » ne cesse de grandir, notamment des polices en Allemagne et en Australie, selon Mike Neville.

Le professeur Josh Davis a quant à lui mis en ligne un test basique dans lequel on peut engranger un maximum de 14 points : « Si vous obtenez moins de 10 ou 12, vous n’allez pas devenir un +super-reconnaisseur+. Mais si vous atteignez 14, merci de me contacter ! »

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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