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Le Sénégal, une république bananière – Par Idrissa Ibrahima WELLE

M. Le Président, je vous ai, par moment adressé des lettres ouvertes et interpellé votre haut sens de responsabilité eu égard à l’once de croyance et de conviction que j’ai toujours eu en vous.

Mais je viens de me rendre compte que j’ai peur d’avoir tort d’avoir cette considération en vous.

Certes, vous êtes et vous demeurez le Président de la République du Sénégal jusqu’au 02 avril 2024 (inchala) mais à travers cette décision malheureuse et aux antipodes des valeurs démocratiques, sociales et sociétales, vous venez de perdre la présomption du doute et de bonne foi que j’ai eu à manifester à chaque fois que vous aviez fait un errement.

Monsieur le Président, mon jugement objectif préalable était basé sur votre discours et posture de campagne mais surtout sur les idéaux que vous nous avez vendu dès votre accession à la magistrature suprême notamment : la patrie avant le parti, je ne protégerai personne, je ne suis pas venu pour construire des infrastructures mais restaurez les valeurs quitte à avoir un seul mandat, etc.

M. Le Président, malheureusement ce que vous nous avez livrés à la suite de cette commande a été :
– Le parti avant la patrie en procédant au partage du gâteau au sein du gouvernement suivant quota alloué à chaque parti ou coalition gouvernemental ;
– La nomination dans le gouvernement des directeurs épinglés par l’OFNAC jusqu’aux coudes ;
– L’apologie de la corruption pour faire rallier des transhumants ;
– L’affaissement de nos institutions par :

Le limogeage intégral des membres de la CENA parce qu’ils ont refusé de vous suivre dans ces errements ;

L’instrumentalisation de la justice aux fins de l’élimination des potentiels candidats dont le refus, par la DGE, de l’application des décisions de la justice en est une parfaite illustration ;

L’instrumentalisation de l’assemblée nationale dans le but de lever injustement l’immunité de certains députés, de faire passer comme lettre à la poste des lois anticonstitutionnels comme le report des élections…

Monsieur le Président, le mal que vous semblez faire subir aux sénégalais a atteint son maximum lorsque vous avez décidé de prolonger injustement votre mandat en violation de la clause sur la durée du mandat stipulée dans l’article 103 de la Constitution.

Monsieur le Président, j’ignore si l’assemblée nationale a les prérogatives de reporter les élections mais je reste convaincu qu’elle n’a guère le droit de proroger votre mandat qui expire le 02 avril 2024.

Malheureusement, le report par l’assemblée nationale de la date du scrutin présidentiel au 15 décembre 2024, serait synonyme d’un éventuel 3e mandat pour une durée choisie à partir du 02 avril 2024 qui est du reste illégal, illégitime et anticonstitutionnel.

Évoquant une crise institutionnelle entre l’assemblée nationale et le conseil constitutionnel, vous semblez d’emblée, Monsieur le Président, en créer une pour que vous puissiez vous maintenir au pouvoir jusqu’au delà de l’échéance constitutionnelle et pour d’autres raisons que le commun des Sénégalais ignore.

La forfaiture est d’autant plus manifeste dans la mesure où l’arrêt de la procédure électoral (le samedi 03 février) est précédé par la convocation (à cet effet) du bureau de l’Assemblée nationale (le dimanche 04 février) et la plénière pour son adoption (le lundi 05 février 2024).

Outre, la restriction des libertés collectives (interdiction des rassemblements, la coupure de signaux ou le retrait des licences des chaînes de télévisions privées) et individuelles (emprisonnement des sénégalais pour des délits mineurs, restriction ou suspension de l’internet mobile), la fermeture arbitraire des universités, etc.

Ce qui fait de vous paradoxaement le bon et le moins Président de l’histoire du Sénégal

Car, faisant focus sur votre bilan matériel, je peux sans ambages dire que vous êtes le Président qui a le plus construit des infrastructures avec équité.

Mais sur le plan immatériel, vous êtes également le Président de l’histoire du Sénégal dont les actes sont contraires au Projet de société que vous aviez présenté aux sénégalais en 2012. Diantre !

Monsieur le Président, moralement et légalement en rapport à votre serment devant Dieu et devant les sénégalais de respecter et de faire respecter la constitution, vous n’aviez pas le droit de violer la charte fondamentale de la Nation.

En définitive, si vous restez au pouvoir au delà de l’échéance constitutionnelle, le peuple se réserverait le droit de se consacrer avec responsabilité et souveraineté à la désobéissance civile inchallah.

Idrissa Ibrahima WELE (2IW) Citoyen sénégalais

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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