Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a annoncé vendredi un plan de relance massif d’un montant record de 56.000 milliards de yens (430 milliards d’euros) pour donner un coup de fouet à la reprise de la troisième économie mondiale.
Cet ensemble de mesures liées à la pandémie, qui devrait être approuvé par le gouvernement plus tard dans la journée, « est suffisant pour rassurer la population japonaise et lui redonner espoir », a déclaré M. Kishida à des chaînes de télévision.
Ce plan de relance – le premier au Japon depuis fin 2020 et le troisième depuis l’apparition de la pandémie – inclut aussi des fonds qui avaient été fléchés pour de précédents programmes d’aide mais n’avaient pas été utilisés jusqu’ici.
« Nous avons été en mesure d’assembler des mesures économiques qui vont permettre de rouvrir la société après la pandémie », a ajouté M. Kishida.
En plus d’aides directes, le dispositif comprend aussi des investissements et des prêts.
Il représente l’équivalent d’environ 10% du PIB japonais, et même davantage en incluant des prêts supplémentaires de fonds privés qu’il est censé entraîner, portant son total à 79.000 milliards de yens (plus de 600 milliards d’euros) selon M. Kishida.
Impact probablement limité
La mesure la plus spectaculaire consiste en une prime individuelle de 100.000 yens (quelque 770 euros) pour les jeunes de 18 ans et moins, et des personnes en situation de précarité.
L’efficacité de cet outil pour doper la consommation est toutefois très incertaine. En 2020 déjà, le gouvernement japonais avait versé une prime de 100.000 yens à tous les résidents du pays, mais ces derniers s’en étaient surtout servis pour épargner.
Par conséquent, « il ne faut pas s’attendre à une frénésie de dépenses » des Japonais avec la nouvelle prime, a prévenu le cabinet d’études Capital Economics dans une récente note.
« C’est un énorme plan mais son impact sur le PIB apparaît limité », a également estimé Hideo Kumano, économiste du Daiichi Life Research Institute interrogé vendredi par l’AFP, selon lequel l’allocation accordée aux enfants répond davantage à une logique « politique » que strictement économique.
Le retour début 2022 d’un programme de subventions pour le tourisme intérieur, suspendu depuis fin 2020 à cause de la recrudescence du Covid-19 à l’époque, est aussi prévu.
Cela devrait soutenir la consommation et les secteurs de l’hôtellerie-restauration, très éprouvés par la pandémie et les restrictions persistantes aux frontières (les touristes étrangers sont toujours bannis du Japon à l’heure actuelle).
Ce volet du plan pourrait être le plus notable en termes d’impact positif sur l’économie, a estimé dans une note Junichi Makino, économiste chez SMBC Nikko Securities.
Des aides financières pour de petites et moyennes entreprises frappées par la crise sont aussi au menu.
Poursuite des « Abenomics »
Arrivé au pouvoir début octobre et conforté par le large succès de son parti aux élections législatives du 31 octobre, Fumio Kishida (PLD, droite conservatrice) a fait de la reprise économique l’une de ses grandes priorités.
Il avait proposé d’emblée un nouveau plan de relance massif, dans la droite ligne des « Abenomics » de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe (2012-2020).
Accusant l’impact du variant Delta et des pénuries d’approvisionnement mondiales pesant sur l’industrie, le PIB nippon a rechuté au troisième trimestre (-0,8% par rapport au deuxième trimestre), selon des chiffres préliminaires publiés lundi et plus mauvais que prévu.
Mais un vif rebond est attendu dès le quatrième trimestre, grâce notamment à la très nette amélioration de la situation sanitaire dans le pays depuis septembre, liée à un taux de vaccination devenu élevé: plus de 75% de la population a désormais reçu deux injections contre le Covid-19.
Malgré la dette publique japonaise extrêmement élevée (256,9% du PIB actuellement selon le Fonds monétaire international), le gouvernement ne devrait avoir aucun mal à emprunter pour financer son plan de relance.
Car la Banque du Japon (BoJ) maintient une politique monétaire ultra-accommodante et rachète autant d’obligations publiques japonaises que nécessaire pour maintenir leurs rendements autour de 0%.
M. Kishida compte faire adopter d’ici fin décembre par le Parlement un budget additionnel nécessaire pour financer le plan. Ce vote au Parlement ne devrait être qu’une formalité étant donné la majorité écrasante dont dispose la coalition au pouvoir.
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