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Quatre ministres japonais remplacés en plein scandale de fraude financière

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a remplacé jeudi quatre de ses ministres pour tenter d’éteindre l’incendie provoqué par un vaste scandale de fraude financière au sein de son parti, qui le fragilise encore davantage lui aussi.

Yoshimasa Hayashi, qui avait perdu son poste de ministre des Affaires étrangères lors d’un remaniement en septembre, a remplacé Hirokazu Matsuno au poste clé de secrétaire général et porte-parole du gouvernement.

Ancien éphémère ministre de la Justice de M. Kishida, Ken Saito prend la tête du puissant ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Meti) à la place de Yasutoshi Nishimura.

Takeaki Matsumoto revient aux Affaires intérieures en remplacement de Junji Suzuki, et Tetsushi Sakamoto prend les rênes de l’Agriculture en lieu et place d’Ichiro Miyashita.

Cinq vices-ministres et d’autres responsables également éclaboussés par le scandale au sein du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) dirigé par M. Kishida ont aussi pris la porte.

D’après la presse japonaise, des procureurs enquêtent sur des soupçons de fraudes visant des dizaines de membres du PLD, la formation politique qui gouverne le pays presque sans interruption depuis sa fondation en 1955.

Ces membres du PLD sont soupçonnés d’avoir omis de déclarer l’équivalent de plusieurs millions d’euros, récoltés via la vente de billets pour des soirées de levées de fonds et que le parti leur aurait ensuite reversés.

Les enquêteurs s’intéresseraient en particulier aux membres de la plus importante faction interne du PLD que dirigeait l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, assassiné l’an dernier. Ils auraient reçu quelque 500 millions de yens (3,2 millions d’euros) sur une période de cinq ans jusqu’en 2022.

Les quatre ministres limogés jeudi faisaient tous partie de cette faction. Cependant le scandale toucherait aussi des membres de la propre faction de M. Kishida, selon les médias locaux.

Impopulaire « boule de feu »
Jugeant « extrêmement regrettable que la situation ait suscité la défiance de la population », M. Kishida, 66 ans, avait promis mercredi de se « muer en boule de feu pour restaurer la confiance dans le gouvernement » et de « procéder rapidement » à de nouvelles nominations jeudi.

Cette affaire a encore « considérablement affaibli le soutien public envers le PLD et le gouvernement Kishida », estime Naofumi Fujimura, professeur de sciences politiques à l’université de Kobe (ouest) interrogé par l’AFP.

Arrivé au pouvoir à l’automne 2021, M. Kishida avait déjà vu sa popularité s’effriter avant la révélation progressive par les médias de ce nouveau scandale. Il n’est plus crédité que de 17,1% d’opinions favorables selon un sondage diffusé jeudi par l’agence de presse japonaise Jiji, une chute de 4,2 points par rapport au mois précédent.

Les électeurs « expriment leur inquiétude face au scandale et au manque perçu de responsabilité des dirigeants politiques », selon M. Fujimura qui juge cependant peu probable une alternance politique au Japon vu la faiblesse et l’éparpillement des partis d’opposition.

Les factions du PLD, héritées des partis qui ont fusionné pour lui donner naissance, sont des coalitions internes organisées autour de figures charismatiques qui attirent des membres en leur promettant soutiens électoraux et postes ministériels.

Aucune n’égale en puissance la faction Abe, même un an et demi après la mort de l’ex-dirigeant: « Sa force réside dans le nombre considérable de ses membres » (99), explique M. Fujimura, selon qui « cette supériorité numérique lui a permis d’exercer une influence significative sur la sélection du Premier ministre et le maintien du gouvernement ».

En évinçant ses membres de son équipe, M. Kishida court le risque de perdre le soutien de l’influente faction Abe et « cette rupture pourrait compliquer la gestion » du gouvernement, ajoute ce spécialiste de la politique japonaise.

Avant même ce dernier scandale, la cote de popularité de M. Kishida était déjà plombée par d’autres sujets de mécontentement, dont l’inflation persistante et la baisse du yen qui fragilisent le pouvoir d’achat des ménages malgré l’annonce le mois dernier d’un nouveau plan de relance budgétaire massif.

Le Premier ministre peut théoriquement rester au pouvoir jusqu’en 2025, mais certains analystes spéculent sur la possible convocation d’élections anticipées avant un vote interne au PLD l’an prochain qui pourrait s’annoncer très difficile pour lui.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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