Après l’évasion du chef du gang de narcotrafiquants connu sous le nom de «Fito» dimanche, les forces de sécurité sont mobilisées pour tenter de retrouver le détenu qualifié d’«extrêmement dangereux».
Le président Daniel Noboa a décrété lundi 8 janvier l’état d’urgence pour l’ensemble de l’Équateur, y compris dans le système pénitentiaire, suite à l’évasion de l’ennemi public n°1, Adolfo Macias, alias «Fito», chef du plus grand gang criminel, et de soulèvements dans des prisons.
«Je viens de signer le décret sur l’état d’urgence pour que les forces armées aient tout le soutien politique et juridique dans leurs actions», a indiqué Daniel Noboa sur son compte Instagram. L’armée est ainsi autorisée à opérer au maintien de l’ordre dans les rues et les prisons du pays où un couvre-feu a été déclaré entre 23 heures et 5 heures heure locale.
«Individu extrêmement dangereux»
Le chef du principal gang criminel du pays, est introuvable depuis 24 heures dans la prison de Guayaquil (sud) où il purgeait sa peine, et les forces de sécurité sont à sa recherche, a annoncé la présidence équatorienne. Les forces de sécurité «sont à pied d’œuvre pour retrouver cet individu extrêmement dangereux», a déclaré le secrétaire à la communication Roberto Izurieta, répondant à une TV locale.
Le prisonnier, Adolfo Macias, alias «Fito», a probablement fui dimanche «quelques heures» avant une opération de contrôle menée dans la prison, a affirmé Roberto Izurieta, qui n’a cependant pas dit clairement que le prisonnier s’était échappé.
Lundi, des médias locaux ont fait état d’incidents dans plusieurs prisons du pays, évoquant de possibles prises d’otages de gardiens par des détenus. Dans la petite prison connue sous le nom de El Inca, au nord de la capitale Quito, un fort contingent de policiers est entré, tandis que des soldats gardaient l’extérieur, a constaté un photographe de l’AFP.
Des images publiées sur les réseaux sociaux montraient des gardiens retenus sous la menace de couteaux par des hommes cagoulés, suppliant le gouvernement «d’agir avec prudence» et de «ne pas envoyer de troupes dans les prisons». À la mi-journée, l’administration pénitentiaire (SNAI) n’avait encore fait aucune déclaration.
L’état d’urgence a été décrété en Équateur par le président après l’évasion de l’ennemi public N°1, Adolfo Macias, alias « Fito », chef du plus grand gang criminel.
Un couvre-feu a été décrété.
(France 24 & RFI) pic.twitter.com/36xJQKzsgu
— cultinews (@cultinews) January 9, 2024
Quatre policiers enlevés en plein état d’urgence
Au moins quatre policiers ont été enlevés. Dans la ville côtière de Machala (Sud-Ouest), «trois fonctionnaires de la police qui étaient de service» ont été enlevés, a annoncé durant la nuit de lundi à mardi la police sur le réseau social X (ex-Twitter). Un quatrième policier a été kidnappé à Quito, la capitale, par trois individus à bord d’«un véhicule aux vitres teintées et sans plaques».
Le parquet général a émis des accusations à l’encontre de deux fonctionnaires pénitentiaires «impliqués dans la fuite» d’Adolfo Macias, alias «Fito», 44 ans,chef des «Choneros». Ce gang d’environ 8000 hommes selon les experts est devenu le principal acteur du narcotrafic florissant en Equateur.
«Nous avons pris des mesures qui nous permettront de reprendre le contrôle» des prisons, a souligné lundi le président Noboa. «Nous ne négocierons pas avec les terroristes et on ne s’arrêtera pas tant que nous n’aurons pas rendu la paix à tous les Equatoriens».
Dans la foulée de l’instauration de l’état d’urgence, la police a rapporté des violences dans la province d’Esmeraldas (Nord-Ouest), contrôlée par des gangs. Des individus ont lancé un engin explosif près d’un commissariat, a-t-elle indiqué, et deux véhicules ont été incendiés, sans faire de victimes.
À Quito, la police a fait état de l’explosion d’une voiture dans le Sud de la ville ainsi que d’un engin sous un pont piétonnier Des policiers et des militaires ont pénétré lourdement armés dans plusieurs prisons du pays, notamment celles où des gardiens ont été séquestrés.
Avocat et clip vidéo
Le nom de Fito a fait la Une de la presse ces derniers mois après l’assassinat début août de l’un des principaux candidats à l’élection présidentielle. La victime, ancien journaliste et parlementaire, avait fait état peu avant son exécution de menaces de mort de la part du chef des Choneros. Arborant une large barbe, Fito, réputé très charismatique, a suivi des études de droit en prison jusqu’à obtenir son diplôme d’avocat. Il inspire une grande terreur à ses codétenus et s’est illustré par la publication ces derniers mois sur les réseaux sociaux d’une chanson à sa gloire par un groupe mexicain, avec clip vidéo et images filmées dans sa cellule.
L’homme avait été transféré à plusieurs reprises de prisons, au cours d’opérations largement médiatisées mobilisant des milliers de gardiens et de militaires en armes. Pays devenu un centre logistique pour l’expédition de cocaïne vers les États-Unis et l’Europe, l’Équateur est ravagé par la violence des gangs et des narcotrafiquants.
Les prisons y sont le théâtre de massacres récurrents entre bandes rivales. Depuis février 2021, il y a eu au moins une douzaine de massacres qui ont fait plus de 460 morts parmi les détenus. Les autorités se sont révélées jusqu’à présent incapables d’en reprendre fermement le contrôle.
Succédant au conservateur Guillermo Lasso, le nouveau président Daniel Noboa a été élu à l’automne 2023 sur la promesse de juguler l’insécurité dans le pays et de rependre le contrôle de ces prisons. Il avait proposé la construction d’au moins six nouveaux établissements de haute sécurité, de même que la location de trois navires pour servir de prisons en mer afin de séparer les détenus les plus dangereux pendant leur construction.
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