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Valéry Giscard d’Estaing est mort des suites du Covid-19

Valéry Giscard d’Estaing est décédé à l’âge de 94 ans, ce mercredi 2 décembre, dans sa propriété d’Authon dans le Loir-et-Cher. Il est mort des suites du Covid-19, annonce sa famille.

Valéry Giscard d’Estaing avait consacré une grande partie de sa vie politique au projet européen et restera comme le Président qui a modernisé la France.

L’ancien président Valéry Giscard d’Estaing est mort ce mercredi 2 décembre, à l’âge de 94 ans, « entouré de sa famille » dans sa propriété d’Authon dans le Loir-et-Cher. Il est décédé « des suites du Covid » et ses obsèques se dérouleront « dans la plus stricte intimité », a précisé sa famille. Voici son portrait.

La scène se déroule le 19 mai 1981, au journal de 20 h d’Antenne 2. Valéry Giscard d’Estaing vient de perdre l’élection présidentielle face à François Mitterrand.

Dans un discours qu’il termine les yeux humides, le Président fait ses adieux aux Français. Terminant par un au revoir , il se lève, tourne le dos à la caméra et se dirige lentement vers la porte.

Valéry Giscard d’Estaing termine, alors, un septennat qu’il avait voulu sous le signe de la modernité », d’une « ère nouvelle de la politique française » . Jamais sans doute la société n’aura autant changé en si peu de temps.

En deux ans, ce « jeune » Président de 48 ans fait passer plusieurs réformes de société afin de décrisper la vie publique » : droit de vote à 18 ans (au lieu de 21), dépénalisation de l’avortement (loi Veil), création des APL (aides au logement), collège unique, divorce par simple consentement…

Plusieurs fois ministre
Sa carrière, il la doit beaucoup à des parents qui le portaient en grande estime. Lorsqu’il était enfant, ils avaient les plus grandes ambitions pour lui et voulaient le faire accéder à la plus haute fonction publique. Lorsque Valéry Giscard d’Estaing sort diplômé de Polytechnique et de l’Ena, en 1951, il est armé pour se lancer dans le grand bain.

Après sa rencontre avec Anne-Aymone de Brantes, qu’il épouse en 1952 et avec qui il aura quatre enfants, VGE est élu député dans le Puy-de-Dôme, en 1956.

Il devient secrétaire d’État aux Finances en 1959, dans le gouvernement de Michel Debré, puis ministre des Finances et des Affaires économiques, en 1962. Après l’arrivée de Georges Pompidou au pouvoir, en 1969, il est nommé ministre de l’Économie et des Finances.

Le rêve de ses parents est enfin réalisé, en mai 1974, lorsqu’il bat François Mitterrand au deuxième tour de l’élection présidentielle, avec 50,9 % des voix.

Le débat télévisé du second tour fut sûrement un facteur déterminant de sa victoire lorsque, droit dans les yeux, il adresse au candidat socialiste cette phrase destructrice : Vous n’avez pas le monopole du cœur.

L’Europe, son « enfant »
Mais son enfant , comme VGE aime à le souligner, c’est l’Europe. C’est lui qui permet la création du Conseil européen en décembre 1974. C’est lui qui approuve l’élection du Parlement européen au suffrage universel.

C’est lui aussi qui, avec le chancelier Helmut Schmidt, est à l’origine du Système monétaire européen (SME) visant à encadrer les taux de change. Hasard ou pas, sa promotion à l’Ena s’intitulait « Europe ».

Au pouvoir, Valéry Giscard d’Estaing s’était distingué par un style très démarqué de ses prédécesseurs. Fini la queue-de-pie lors de la cérémonie d’investiture, place à une simple cravate.

Le « style giscardien »
Sa façon d’exercer le pouvoir a marqué la classe politique au point que beaucoup, par la suite, ont parlé de style giscardien » .

Comme lorsqu’il reçoit des éboueurs de la rue du Faubourg Saint-Honoré à déjeuner à l’Élysée. Comme lorsqu’il se rend, chaque mois, dîner chez des Français, pour côtoyer les gens normaux » . Comme lorsqu’il n’hésite pas à se faire filmer en maillot de bain, en bras de chemise, ou en train de jouer de l’accordéon.

Malgré sa volonté de rester près du peuple » , Valéry Giscard d’Estaing se verra toujours reprocher ses manières d’aristocrate parvenu » . Surtout vers la fin de son septennat, beaucoup de Français lui reprochant de gouverner de façon hautaine.

Son mandat est aussi marqué par plusieurs affaires : les avions renifleurs, les diamants de Bokassa, la mort de Robert Boulin…

Son propre nom a été une source de critiques et de railleries. Son père, Edmond Giscard, avait obtenu, en 1922, le feu vert du Conseil d’État pour rajouter le nom « d’Estaing » après Giscard, en référence à une ancêtre du XVIIIe siècle.

Beaucoup ont estimé que le Président se tenait en haute estime. Mais il a aussi fait sourire, comme lorsqu’en 2009, il publie un livre sur une histoire d’amour que beaucoup virent comme la révélation d’une liaison qu’il aurait entretenue avec la princesse Diana, même s’il a toujours démenti cette interprétation.

Une rivalité tenace avec Jacques Chirac
Sa défaite, en 1981, ne sonne pas le glas de sa carrière politique. Il devient président du conseil régional d’Auvergne en 1986 – où il crée le parc à thème Vulcania – puis président de l’UDF, en 1988, parti créé dix ans plus tôt pour le soutenir lorsqu’il était au pouvoir.

Il n’a jamais pardonné à Jacques Chirac d’avoir créé en 1976 le RPR qui, selon lui, aurait provoqué sa défaite face à Mitterrand cinq ans plus tard. Les deux hommes n’avaient, depuis, pas cessé de se faire la guerre.

Entré à l’Académie française en 2003, l’ex-président fut très marqué par le non de la France au référendum sur la Constitution européenne (2005), qui a mis un coup d’arrêt à son rêve européen.

Si le septennat de Valéry Giscard d’Estaing n’est pas resté parmi les plus commentés, il n’en reste pas moins exceptionnel par les changements qu’il aura apportés dans la société française.

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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