Faits divers

Sophie Pétronin et Soumaïla Cissé libres

Elle était la dernière otage française encore détenue. Sophie Pétronin, 75 ans, a été libérée après presque quatre années de détention, dans le cadre d’un vaste échange de prisonniers.

La Franco-Suisse aurait été remise mardi à des émissaires maliens avec l’homme politique malien Soumaïla Cissé, dans les environs de Kidal. Ils auraient ensuite été transférés en avion vers Gao. Après près de 48 heures sans nouvelles, l’annonce de sa libération a été faite par la présidence malienne sur le réseau social Twitter. Le président de la République Emmanuel Macron a fait part de son «immense soulagement» à cette nouvelle.

Le retour à la vie de Sophie Pétronin est assez inattendu alors que le sort de cette femme semblait peu à peu oublié. Les médias et les autorités françaises donnaient même parfois l’impression de ne pas s’intéresser au dossier.

Sophie Pétronin était une captive un peu à part, qui n’ignorait rien des subtilités de ce nord Mali qu’elle aime, des querelles sanglantes qui le déchirent et de la guerre que la France y mène. Cette ancienne laborantine franco-suisse découvre Gao au milieu des années 90, quand ce futur bastion du djihad s’ouvrait au contraire lentement aux visiteurs. Elle s’y installe en 2001, montant des projets humanitaires pour protéger les enfants. L’insécurité qui monte et les difficultés qui s’accumulent ne la font pas fuir.

En 2012, quand le Mujao, un groupe islamiste, prend la ville, Sophie Pétronin trouve refuge au consulat d’Algérie. Grâce à ses réseaux locaux et à sa maîtrise des langues – elle parle Bambara et Tamachek – elle parvient à s’exfiltrer, déguisée, avant que les djihadistes n’envahissent le bâtiment.

Ces profonds liens locaux la poussent à revenir s’installer en 2015 à Gao, libéré du Mujao par l’armée française. Les mises en garde de ces mêmes militaires ne la font pas changer d’avis. Elle estime que son travail dans un orphelinat prime et que ses relations locales sont une protection suffisante. Il n’en sera rien : le 24 décembre 2016, elle est enlevée en plein après-midi, au cœur de la cité. Le rapt est revendiqué par ce qui deviendra le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à al-Qaida.

Des preuves de vie au compte-gouttes
Pendant des mois, Sophie Pétronin semble s’être volatilisée. Aucune nouvelle ne filtre, officiellement du moins, jusqu’en novembre 2017 quand les ravisseurs diffusent une vidéo. Une autre suivra en mars 2018. Sophie Pétronin y apparaît chaque fois émaciée. Elle s’avoue fatiguée et malade. Son fils, Sébastien Chadaud remue ciel et terre pour sauver sa mère et éviter qu’elle ne tombe dans l’oubli. « Si je ne le fais pas, qui le fera ? » dit-il alors. Il se rend dans la région à la recherche de pistes, sous la protection de Barkhane. Il multiplie les appels et les coups de gueule.

Son activisme touche autant qu’il agace. Il est reçu plusieurs fois au Quai d’Orsay avant la rupture en 2018. Certain que la France n’en fait pas assez, il se lance seul dans des négociations avec des intermédiaires, ignorant lui aussi les alertes. Les déclarations d’Emmanuel Macron en 2019, alors qu’il prononce pour la première fois le nom de Sophie Pétronin, font renaître l’espoir.

Mais, sans doute plus qu’à la France, les raisons de la libération de Sophie Pétronin tiennent à deux événements alors imprévisibles. Le premier est l’enlèvement de Soumaïla Cissé, le 25 mars, alors qu’il était en campagne près de Tombouctou. La disparition de ce politicien de premier plan aux mains de la Katiba Macina, membre de GSIM, choque profondément le Mali et ébranle un peu plus le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK.

Très vite, on évoque l’idée d’un échange de prisonniers pour obtenir la libération de Cissé et, liée pour l’occasion, celle de Sophie Pétronin. « Ce système d’échanges est privilégié car le versement de rançons financières est devenu très compliqué, en raison de la multiplication des intermédiaires douteux et du nombre d’otages détenus par les groupes », assure un spécialiste du Sahel. L’an dernier, 18 prisonniers ont ainsi été relâchés contre un préfet et un journaliste. Le troc est resté officieux, mais ne fait guère de doute.

Pourtant, les négociations piétinent par la suite, notamment, selon une source malienne, « en raison du manque de volonté de l’entourage de IBK » et de « résistances dans la communauté internationale ». Intervient alors le second événement déterminant : le coup d’État qui renverse IBK le 18 août. La junte, puis le président de transition Bah N’Daw, nommé fin septembre, font de la sortie de Soumaïla Cissé une priorité. Des religieux mettent tout leur poids dans la balance pour obtenir un accord.

Ce lundi, des avions ont embarqué des djihadistes condamnés ou en attente de jugement vers le grand nord Mali, à Tessalit, ainsi que dans le centre du pays. Le nombre de prisonniers élargis dans le cadre de cet accord demeure incertain. Il varie de 100 à un peu plus de 200. On attendait depuis le retour des otages. Mardi, Sébastien Chadaud a lui aussi sauté depuis la Suisse dans un avion pour Bamako, espérant que cette fois, après tant de fausses joies, « les nouvelles étaient enfin bonnes »

Libération de Soumaïla Cissé, enlevé en pleine campagne électorale
Le chef de l’opposition au Mali, Soumaïla Cissé, a été libéré, jeudi 8 octobre. Dans le cadre de négociations sans précédent, plus d’une centaine de prisonniers jihadistes ont été relâchés le week-end dernier sur le territoire malien.

Soumaïla Cissé, ancien chef de l’opposition parlementaire et deuxième à trois reprises de l’élection présidentielle, avait été été kidnappé le 25 mars, alors qu’il était en campagne pour les législatives dans son fief électoral de Niafounké, dans la région de Tombouctou, dans le nord-ouest du Mali.

Il se déplaçait avec une délégation d’une douzaine de personnes à bord de deux 4×4 quand le convoi a été attaqué par des hommes armés. Le garde du corps de Soumaïla Cissé avait été tué et deux autres membres de son entourage blessés. Bien que détenu, il avait été élu dès le premier tour des législatives.

Je n’ai subi aucune violence verbale ou physique
Soumaila Cissé n’a pas attendu d’être chez lui pour prononcer ses premiers mots suite à sa libération. Le chef de file de l’opposition a libéré ses premières paroles au palais de Koulouba où il a été reçu en compagnie des trois autres ex-otages des djihadistes, par le président de la Transition Bah NDAW

Le leader de l’Union pour la République et la Démocratie a admis avoir passé six mois très difficiles aux mains de ses ravisseurs. Soumaila Cissé raconte avoir été en isolement quasi-total et permanent. Cependant, l’homme politique malien avoue qu’il n’a subi aucune violence verbale ou physique de ses geôliers djihadistes.

Soumaila Cissé qui n’a pas tari d’éloges sur les nouvelles autorités maliennes a expliqué les raisons du retard accusé par leur libération. « Dès lundi 05 octobre, nous avons été informés que nous sommes libres… C’est vrai qu’aujourd’hui, c’est jeudi (mais) y a des détails liés au protocole de sécurité pour préserver la vie des otages. C’est ce qui fait qu’ils ne sont pas venus plus tôt », fait savoir l’ex otage.

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