Quelque 500 personnes ont manifesté samedi 26 février à l’appel de l’opposition contre la junte militaire au pouvoir au Tchad en scandant également des slogans hostiles à la France qu’elles accusent de soutenir le régime, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Le jour même de l’annonce de la mort du président Idriss Déby Itno le 20 avril 2021, tué en se rendant au front contre des rebelles après avoir dirigé 30 ans le Tchad d’une main de fer, son fils le général Mahamat Idriss Déby Itno, a pris le pouvoir à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 généraux.
Il avait immédiatement dissous Parlement et gouvernement et abrogé la Constitution mais promis des «élections libres et démocratiques» dans un délai de 18 mois renouvelable une fois.
La France avait aussitôt apporté un soutien remarqué au régime du général de 37 ans, par la voix de son président Emmanuel Macron venu à N’Djamena, ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine, pourvu que le délai soit maintenu à 18 mois.
À l’appel notamment de la plate-forme de l’opposition Wakit Tamma, les manifestants ont défilé dans le calme encadrés par un lourd dispositif policier. Ils ont scandé des slogans hostiles au CMT accusé notamment d’«entraver les libertés publiques».
«Stop à la barbarie humaine des forces de l’ordre», «La France hors du Tchad» pouvait-on lire sur des pancartes et banderoles. Puis les manifestants ont scandé «Non à la France, oui à la Russie», ou encore «Nous voulons la Russie comme au Mali !»
Des jeunes ont traîné par terre un drapeau français accroché à une voiture puis l’ont piétiné, d’autres arboraient un drapeau russe qu’ils ont placé à côté d’un drapeau tchadien. «L’origine du mal tchadien est militaire», a lancé à la foule Max Loalngar, porte-parole de Wakit Tamma, ajoutant notamment: «Nous constatons que la France instrumentalise les militaires pour nous tuer».
Les manifestants ont également scandé des slogans réclamant un «dialogue sincère». La junte a promis dès sa prise du pouvoir un Dialogue national inclusif ouvert à l’opposition politique mais aussi à tous les nombreux mouvements rebelles armés qui attaquent le pouvoir depuis des décennies.
Mais ce dialogue a été repoussé déjà plusieurs fois et est aujourd’hui prévu pour le 10 mai. Il doit toutefois être précédé, dimanche, par un «pré-dialogue» entre le pouvoir et les chefs de 23 mouvements rebelles à Doha, mais il y a de très fortes chances que celui-ci soit encore repoussé car ni le Qatar, qui l’organise, ni un comité de médiation dépêché par N’Djamena, n’ont encore confirmé, la veille, qu’il s’ouvrira bien dimanche.
Plusieurs cadres de la rébellion ont assuré à l’AFP qu’ils n’avaient encore pas pu quitter leurs repaires ou pays d’exil vendredi et n’ont aucune chance d’y parvenir d’ici à dimanche.
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