La fondation Verdier, créée le 15 octobre 1835 et basée à Tours, a mis en place un pôle d’accueil et d’accompagnement socio-éducatif renforcé (PAASER) au sein duquel est instauré le dispositif Dalal-Diamm. Cet outil est spécialisé depuis huit ans dans l’organisation de séjours éducatifs en Afrique appelés « séjours de rupture ». Explications et témoignage d’un limougeaud qui a bénéficié de ce projet.
Pour le Limougeaud Patrick de Paiva âgé de 17 ans à l’époque, ce fut une véritable leçon de vie. Placé dès son plus jeune âge en foyer, Patrick a connu une enfance difficile teintée de violence. Après de multiples passages dans différentes familles d’accueil, de nombreux délits et un séjour de près de deux ans à l’Unité d’Accueil d’Urgence de Limoges, deux choix s’offraient à lui : la prison ou un séjour de rupture au Sénégal.
« Lors d’un jugement au tribunal pour des délits que j’avais commis, la juge m’a mis au pied du mur. Je n’avais pas envie d’aller en prison alors j’ai choisi le séjour sans savoir dans quoi je m’embarquais vraiment », révèle Patrick.
Venir en aide aux jeunes
Les séjours du dispositif Dalal-Diamm sont destinés à des adolescents et des jeunes adultes âgés de 14 à 19 ans « en panne de projet », placés par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), dispositif du Conseil départemental. L’admission est validée par le directeur du dispositif et les candidatures doivent être présentées soit directement par l’ASE, soit par un établissement ou service éducatif habilité intervenant en accord avec l’ASE. Les parents ou les jeunes eux-mêmes ne peuvent pas poser directement de candidature. Les juges ont la possibilité de confier un jeune à l’ASE en vue du placement dans le dispositif.
Dalal Diamm s’adresse à des jeunes déjà suivis par les services sociaux et éducatifs sur l’ensemble du territoire national. Des séjours qui se déroulent au Sénégal, pays francophone, choisi pour ses valeurs par la Fondation Verdier. Des valeurs que sont : la famille, le partage, la solidarité, le respect des anciens, l’obéissance des plus jeunes, la nécessité de faire des efforts pour survivre, et la réalité de devoir vivre avec peu de moyens.
Une expérience unique
Après mûre réflexion, Patrick a finalement accepté de s’envoler pour l’Afrique. « Je suis parti à reculons, mais aujourd’hui je traverserai la Méditerranée à la nage pour y retourner », sourit l’adolescent. Le 4 février 2019, à 14h05, le voici à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle prêt à embarquer, la peur au ventre. L’adolescent impétueux avait laissé place à un enfant timoré.
Durant la première semaine, les éducateurs ont amené les participants en pleine savane pour faire une marche de 90 kilomètres. Une randonnée d’accueil avec pour objectif de faire connaissance avec le pays, sa culture et l’équipe d’éducateurs sur place. Par la suite, chaque jeune se rend dans une famille dans laquelle il est amené à séjourner régulièrement.
Dans le village, Patrick était logé dans la maison d’un prêtre. Ainsi, il a pu découvrir les us et coutumes des Sénégalais. Le séjour a permis à ce dernier, impulsif et très nerveux, de se canaliser et prendre en maturité. « Les psychologues m’ont aidé, mais le séjour de rupture a été une véritable thérapie », indique le jeune homme. Diarane, son éducatrice sénégalaise témoigne de ce changement : « Nous sommes fiers de lui malgré un début difficile. Grâce aux supports que nous avons mis en place, il a su tirer bénéfice de son séjour ».
Une fin positive évoquée lors du bilan de retour. Patrick est désormais conducteur d’engins et passera le concours de pompier de l’urgence internationale au mois de décembre prochain.
Emilie Montalban avec Le Populaire
*Dalal Diamm signifie bienvenue en ouolof, la langue nationale au Sénégal
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