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Le pape François au chevet des migrants de l’île grecque de Lesbos

Le pape François est attendu dimanche matin sur l’emblématique île grecque de Lesbos, où il s’était déjà rendu au pic de la crise migratoire, pour y plaider en faveur d’une meilleure intégration des migrants dans une Europe qui, selon lui, peine à montrer sa solidarité.

Le deuxième jour de son déplacement en Grèce est marqué par une visite éclair du camp de Mavrovouni, qui abrite encore près de 2.200 demandeurs d’asile, dans des conditions ardues.

« On souffre ici, il fait froid, il n’y a pas de chauffage », rapporte Angèle, une demandeuse d’asile congolaise emmitouflée sous un bonnet et une écharpe de laine, qui espère le « soutien » du pape.

Près de 900 policiers ont été déployés sur l’île grecque et les contrôles sont draconiens pour entrer dans le camp, a constaté une journaliste de l’AFP.

Une quarantaine de demandeurs d’asile, en majorité catholiques originaires du Cameroun et de République démocratique du Congo (RDC), doivent assister à l’Angelus et au discours que prononcera le pape sous une tente, en présence de la présidente grecque Katerina Sakellaropoulou, du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas et du ministre grec des Migrations Notis Mitarachi.

Christian Tango, un Congolais de 31 ans, doit s’adresser au pape. Il « espère que le pape portera la voix » des migrants « dans le monde entier et en particulier auprès des pays européens qui doivent accueillir avec plus d’humanité les réfugiés », a-t-il dit à l’AFP samedi.

« C’est une bénédiction cette venue. Le pape est notre chef spirituel et il peut influencer les gens pour qu’ils voient différemment les réfugiés », a déclaré dimanche à l’AFP la Congolaise Rosette Leo, en attendant l’arrivée du souverain pontife dans le camp, prévue vers 08H30 GMT (10H30 locales).

« Nous sommes des humains, pas des prisonniers
Son compatriote Orphée Madouda, qui va assister à la prière, se réjouit: « C’est la première fois que je vais rencontrer le pape, je ne pense pas que j’aurais l’occasion de le revoir dans ma vie ».

« Nous sommes des humains, nous les réfugiés », s’insurge-t-il auprès de l’AFP, « il faut nous traiter comme des humains et pas comme des prisonniers ».

Certains espèrent repartir avec le souverain pontife à Rome.

François avait ramené douze Syriens avec lui en 2016. Et cinquante migrants seront transférés de Chypre, où il vient de passer deux jours.

La possibilité que certains demandeurs d’asile de Mavrovouni puissent l’accompagner en Italie n’a pas été exclue.

En plein vent, le camp de tentes a été érigé à la hâte il y a un an, sur un ancien champ de tir de l’armée de l’île égéenne, lorsque la structure de Moria, alors la plus grande d’Europe, a été détruite par les flammes.

Quand l’île de Lesbos était la principale porte d’entrée de dizaines de milliers de migrants en Europe, François avait visité Moria en avril 2016 et avait symboliquement lancé: « Nous sommes tous des migrants ».

Leitmotiv de son pontificat, la cause des réfugiés reste cette fois encore la pierre angulaire du 35e voyage du pape.

Jorge Bergoglio, lui-même issu d’une famille de migrants italiens installés en Argentine, n’a de cesse de prôner l’accueil des milliers de « frères et soeurs », sans distinguer la religion, ni le statut de réfugié ou d’exilé économique.

Samedi, François a qualifié les migrants de « protagonistes d’une terrible odyssée moderne », dans un discours devant les dirigeants grecs.

Le pontife argentin de 84 ans a aussi regretté que « l’Europe persiste à tergiverser » face aux arrivées de migrants « parfois bloquée » et « déchirée par les égoïsmes nationalistes », « au lieu d’être un moteur de solidarité ».

Il s’exprimait à Athènes, où c’était la première visite d’un pape en 20 ans.

Fils barbelés et rayons X
Le pape trouvera à Lesbos une situation différente de 2016 mais une quarantaine d’ONG n’en ont pas moins exhorté François à intervenir pour que cessent les refoulements présumés d’exilés vers la Turquie, qu’Athènes dément.

Dans une lettre au pape, elles ont également dénoncé la mise en place en Grèce de camps « fermés et à accès contrôlé, » financés en partie par des fonds européens.

Entourés de fils barbelés et fermés par des portails à rayons X, trois de ces camps ont déjà ouvert sur les îles de Samos, Léros et Kos, ceux de Lesbos et Chios étant prévus l’an prochain.

La visite du pontife à Lesbos, plus courte qu’en 2016, sera suivie dimanche à Athènes par une messe devant quelque 2.500 fidèles dans une immense salle de concert.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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