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Climatologue, Gianluca Grimalda refuse de prendre l’avion pour se rendre en Papouasie Nouvelle-Guinée et risque d’être licencié

Climatologue, Gianluca Grimalda refuse de prendre l’avion pour se rendre en Papouasie Nouvelle-Guinée et risque d’être licencié

«Je suis maintenant confronté à ce dilemme : garder mon emploi en reniant mes principes, ou perdre mon emploi en restant fidèle à mes principes», a expliqué Gianluca Grimalda.

Gianluca Grimalda, climatologue de l’Institut allemand de Kiel, préfère ses convictions écologistes aux demandes de son employeur. Il a été envoyé depuis l’Allemagne vers l’île de Bougainville, en Papouasie Nouvelle-Guinée, bien qu’un processus d’indépendance soit en cours, afin d’étudier les effets du changement climatique sur ses 300.000 habitants.

Mais pour s’y rendre, il a refusé de prendre l’avion car le «transport aérien est vraiment le moyen le plus rapide de brûler des combustibles fossiles, donc le moyen le plus rapide de nous diriger vers la catastrophe», rapporte nos confrères du Guardian . Il a, donc, voyagé en train, puis en bus, et en cargo. «Mon voyage réduira de 6,7 tonnes d’émissions carbones», a-t-il expliqué dans un long fil X (ex-Twitter) où il détaille son périple.

Une fois arrivé à Bougainville, les complications se multiplient. Les habitants se refusent à lui parler, ses travaux sont volés, et il est même capturé par des bandits, armés de machettes, contre rançon. «Certaines communautés se sont retirées après avoir été initialement sélectionnées, et d’autres ont dû être annulées en raison de l’activité volcanique», ajoute-t-il dans une longue lettre de justification.

De plus, dit-il, «les hommes blancs (comme on nous appelle ici) sont souvent qualifiés de giaman [menteurs ou fraudeurs en tok pidgin, la langue locale]». «Je ne veux pas être giaman».

«Confronté à un dilemme»
Tous ses facteurs, selon lui, ont retardé son retour en Allemagne. Ses travaux devaient se terminer en juillet, et le 10 septembre, il devait se trouver dans les locaux de l’Institut de Kiel. «Il faut du temps pour instaurer la confiance entre les communautés et un « homme blanc » – comme on m’appelle toujours –, si bien que plusieurs communautés m’ont demandé d’aller expliquer le contenu de la recherche deux voire trois fois avant le début du travail de terrain», justifie-t-il, toujours dans sa lettre.

L’Institut hausse le ton, et exige, le 29 septembre, sa présence à Kiel le 2 octobre. Un tel délai l’obligerait donc à prendre l’avion. Mais Gianluca Grimalda, toujours à Buka, la capitale de Bougainville, se dit prêt à embarquer ce 8 octobre sur un cargo. «Je suis maintenant confronté à ce dilemme : garder mon emploi en reniant mes principes, ou perdre mon emploi en restant fidèle à mes principes», regrette-t-il dans sa lettre.

Ce travail qu’il dit aimer car son «salaire est élevé (3 700 euros de revenu mensuel net d’impôts) et j’ai 30 jours de vacances par an. Grâce à cet emploi, j’ai suffisamment de stabilité économique et de temps libre pour me consacrer à des causes environnementales».

Gianluca Grimalda se dit pourtant prêt à y renoncer et à ne pas sacrifier ses convictions écologistes. «La pensée de la perte possible de la civilisation telle que nous la connaissons est assez forte pour moi. Je n’accepterai pas que les choses se passent comme d’habitude. Je ne monterai pas dans cet avion», conclut-il.

Par A.C

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