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Jimmy Lai, patron du groupe de presse Next Media interpellé par la police

Le septuagénaire, patron du groupe de presse Next Media, a été interpellé pour des soupçons de collusion avec des forces étrangères.

Illustration concrète de la loi controversée sur la sécurité. Le magnat hongkongais Jimmy Lai a été arrêté lundi et son groupe de presse perquisitionné au nom de ce texte, marquant une nouvelle étape dans la reprise en main musclée de l’ex-colonie britannique par Pékin.

Le richissime septuagénaire est le patron de Next Media, qui compte notamment le quotidien Apple Daily et le magazine Next, deux titres ouvertement prodémocratie et critiques de Pékin. Il a été interpellé chez lui vers 7 heures (22 heures à Dakar), a précisé Mark Simon, un de ses proches collaborateurs, en précisant que d’autres membres de son groupe de presse avaient eux aussi été arrêtés.

Dans un communiqué, la police a fait état de sept arrestations pour des soupçons de collusion avec des forces étrangères – une des infractions visées par la loi sur la sécurité nationale qui a été imposée fin juin par Pékin – et fraude.

Un texte dénoncé comme étant « liberticide »
Considérée comme une réponse de Pékin aux mois de manifestations prodémocratie qui avaient ébranlé l’ex-colonie britannique en 2019, la loi donne aux autorités de nouveaux pouvoirs pour réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l’Etat : la subversion, le séparatisme, le terrorisme et la collusion avec des forces extérieures.

Nombre de militants prodémocratie dénoncent un texte liberticide qui vient en finir avec le principe « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession en 1997 et garantir théoriquement jusqu’en 2047 aux Hongkongais des libertés inconnues dans le reste de la Chine.

En fin de matinée, des dizaines de policiers se sont présentées au siège du groupe de presse de Jimmy Lai, sur une zone industrielle du quartier de Lohas Park (sud-est).

Des journalistes d’Apple Daily ont diffusé en direct sur Facebook les images de cette perquisition. Sur les images, le rédacteur en chef du quotidien Law Wai-kwong apparaît en train de demander aux policiers leur mandat. « Dites à vos collègues de ne rien toucher avant que nos avocats ne vérifient le mandat », leur intime Jimmy Law.

Haine de Pékin
Les policiers ont ordonné aux journalistes de se lever et de s’aligner pour des vérifications d’identité, alors que d’autres fouillaient la salle de rédaction. Et Jimmy Lai a été amené sur les lieux. Mark Simon a précisé sur Twitter que des perquisitions avaient aussi eu lieu au domicile du magnat et à celui de son fils.

Pour beaucoup de Hongkongais engagés dans la mouvance prodémocratie, Jimmy Lai est un héros, un patron de tabloïd qui a bâti sa fortune seul, et le seul patron de presse hongkongais qui tienne tête au pouvoir central chinois.

Rares sont les Hongkongais qui attirent autant la haine de Pékin que Jimmy Lai, que les médias d’Etat chinois qualifient régulièrement de « traître » en l’accusant d’être l’instigateur de la contestation de 2019. Les accusations de collusion avec une puissance étrangère ont redoublé l’an passé, quand Jimmy Lai a rencontré le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo et le vice-président Mike Pence.

Archétype du self-made-man
Deux semaines avant que la loi sur la sécurité soit imposée à Hong Kong, Jimmy Lai avait confié dans un entretien qu’il était « prêt » à aller en prison. « Le cas échéant, j’aurai la possibilité de lire des livres que je n’ai pas lus », avait-il dit. «

La seule chose que je puisse faire est de rester positif ». Il avait balayé les accusations de collusion, en expliquant que les Hongkongais avaient le droit de rencontrer des hommes politiques étrangers.

Jimmy Lai est l’archétype du self-made-man. Il débarqua clandestinement à Hong Kong avec sa famille à l’âge de 12 ans, à bord d’un bateau venu de Canton. Il commença à travailler comme petite main dans une usine textile, puis, la trentaine approchant, apprit l’anglais et ouvrit sa propre entreprise de textile. C’est la répression du soulèvement de Tiananmen en 1989 qui a transformé sa vision politique et en 1990, il fondait Next Media.

« Tant que je serai en vie, Next Media ne changera pas », confiait il y a quelques années ce père de six enfants. « Je ne veux pas que mes enfants, mes petits-enfants, se disent que leur père et grand-père était riche, mais qu’il était un trou du cul. Je ne peux pas compter sur mon argent pour être heureux ».

Dans son interview fin juin, il expliquait que la loi sur la sécurité allait « sonner le glas pour Hong Kong » et disait craindre que les autorités poursuivent ses journalistes.

Les autorités chinoises et hongkongaises ont affirmé que ce texte controversé n’aurait aucun impact sur les libertés dans le territoire semi-autonome et ne visait qu’une minorité de personnes. Les semaines qui ont suivi son adoption ont cependant confirmé une crispation brutale à Hong Kong, avec une répression accrue contre les membres du mouvement pour la démocratie.

Mike Pompeo «profondément préoccupé» par l’arrestation de Jimmy Lai
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s’est dit lundi 10 août «profondément préoccupé» par l’arrestation à Hong Kong du magnat de la presse Jimmy Lai, une des figures de proue du mouvement pro-démocratie du territoire.

Cette arrestation est une «preuve supplémentaire que le Parti communiste chinois a éviscéré les libertés de Hong Kong et les droits de son peuple», a tweeté le secrétaire d’Etat américain.

La Chine salue l’arrestation de Jimmy Lai
La Chine a salué lundi 10 août en fin de journée l’arrestation quelques heures plus tôt du magnat hongkongais Jimmy Lai, l’accusant d’être un «agitateur» à la solde de puissances étrangères cherchant à saper sa sécurité nationale.

«Ces agitateurs antichinois de concert avec des forces étrangères ont gravement mis en danger la sécurité nationale et nui à la sécurité et la prospérité de Hong Kong», a déclaré dans un communiqué le bureau chinois chargé de suivre la situation à Hong Kong et à Macao. «Jimmy Lai est l’un de leurs représentants», a-t-on ajouté de même source.

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