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Trois questions sur les affrontements qui ont fait au moins 19 morts au Sénégal

Trois questions sur les affrontements qui ont fait au moins 19 morts au Sénégal

À Dakar, au moins dix neuf personnes ont été tuées dans des manifestations contre le gouvernement, selon différentes compilations effectuées ce dimanche 4 juin 2023 par dakarecho.com. Les partisans de l’opposant Ousmane Sonko sont descendus dans la rue après qu’il a été condamné par la justice, l’empêchant ainsi de se présenter à l’élection présidentielle de 2024.

La tension retombe progressivement au Sénégal après deux journées de tensions. Dans les rues de Dakar et dans d’autres régions du pays, des heurts ont opposé la police et les manifestants, faisant au moins 19 victimes.

Les partisans de l’opposant politique Ousmane Sonko sont descendus dans la rue après sa condamnation par la justice à deux ans de prison, une décision qui pourrait l’empêcher de se présenter. À moins d’un an de la prochaine présidentielle, fixée au 25 février 2024, l’élection est déjà dans toutes les têtes.

Pourquoi des manifestants sont-ils descendus dans la rue ?
C’est une décision de justice qui a provoqué la colère des partisans de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko. Jeudi 1er juin, des manifestations spontanées ont éclaté, à la suite de la condamnation de l’homme politique de 48 ans, à deux ans de prison ferme pour avoir poussé à la « débauche » une jeune femme de moins de 21 ans. Il a été acquitté des accusations de viol.

Candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, Ousmane Sonko pourrait être rendu inéligible par cette décision.

Très populaire auprès des jeunes, Ousmane Sonko crie au complot depuis le début de l’affaire. Selon lui, il s’agit d’une manœuvre du président Macky Sall pour l’éliminer politiquement. Ses partisans, eux, craignent une arrestation de leur leader.

Le ministre de la Justice a déclaré que l’opposant pouvait être arrêté « à tout moment ». Cette éventuelle arrestation pourrait relancer le cycle de violences. Ousmane Sonko, qui n’a pas réagi publiquement depuis sa condamnation, se dit « séquestré » dans sa résidence de Dakar par des forces de sécurité qui empêchent quiconque d’approcher.

Qui est à l’origine des violences ?
Dans cette affaire, les deux parties se rejettent mutuellement la faute. Dans un communiqué dimanche, le Pastef, le parti de Ousmane Sonko, condamne « la répression meurtrière des forces de défense et de sécurité » et accuse le pouvoir d’utiliser « des milices privées » pour « mater » les populations civiles. Il continue d’exhorter les Sénégalais « à se défendre par tous les moyens et à riposter ».

Le gouvernement dénonce pour sa part les « actes de vandalisme et de banditisme », œuvre des partisans d’Ousmane Sonko soutenus par des « forces occultes », « des étrangers » venus « déstabiliser le pays » et le « plonger dans le chaos ». Le ministre de l’Intérieur a annoncé samedi avoir mené plus de 500 arrestations.

Dans un communiqué, la Croix-Rouge a annoncé ce dimanche avoir secouru depuis le début des troubles 357 manifestants blessés, dont une femme enceinte, et 36 éléments des forces de défense et de sécurité. Parmi eux, 78 étaient blessés grièvement et ont été évacués vers des structures de santé.

Comment la situation évolue-t-elle ?
Les tensions semblent s’apaiser. Dimanche, les forces de sécurité étaient moins nombreuses dans les rues de Dakar. Le ministère de l’Intérieur a reconnu une « nette baisse des points de tension et des arrestations ». La vie a repris un aspect presque normal avec la fin de l’interdiction de circulation des deux-roues.

Mais le gouvernement a coupé l’accès à internet sur les téléphones « en raison de la diffusion de messages haineux et subversifs », alors que les réseaux sociaux, comme WhatsApp, Facebook ou Twitter, étaient déjà indisponibles.

Le spectre d’un regain des violences plane. Samedi soir, un des chefs de file de la coalition de l’opposition, le maire de Dakar Barthélémy Dias, a appelé le président Macky Sall à s’exprimer et à renoncer à une candidature à un troisième mandat. Le président laisse planer le doute sur sa possible candidature.

Les appels à la retenue et au dialogue se sont multipliés ces deux derniers jours. Les Nations unies, l’Union Africaine et la Communauté Economique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont condamné les violences.

La diaspora sénégalaise s’est largement mobilisée ce week-end un peut partout dans le monde, de la France en passant par l’Italie, le Canada, le Maroc, les Etats Unis…pour dénoncer la dictature rampante au Sénégal.

La France s’est dit « extrêmement préoccupée » par les violences dans un communiqué, et a appelé à la retenue et à la résolution de la crise dans « le respect de la longue tradition démocratique du Sénégal ».

Les USA, via leur Département d’Etat, se disent « troublés et attristés par la violence et les dégâts dont nous avons été témoins dans de nombreuses régions du pays »

Des personnalités sénégalaises, telles que le chanteur Youssou N’Dour ou le footballeur Sadio Mané, ont également appelé au calme.

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