Les Qataris élisent samedi la majorité des membres de leur organe législatif, un scrutin inédit très encadré, qui ne devrait toutefois pas changer l’équilibre du pouvoir dans ce riche pays du Golfe gouverné par la famille régnante des Al-Thani et où les partis politiques restent interdits.
Les électeurs sont invités à choisir 30 des 45 membres du Majlis al-Choura, un organe consultatif sans grand pouvoir. Jusqu’alors, tous les membres de ce conseil étaient nommés par l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani.
Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (05H00 GMT) et ferment à 18H00 (15H00 GMT). Dans l’un d’eux situé dans une école du district d’Onaiza à Doha, des citoyens qataris en habits traditionnels s’enregistraient pour voter, avant de déposer leur bulletin dans une urne. Les résultats sont attendus dans la soirée.
Le conseil de la Choura pourra proposer des lois, approuver le budget ou encore révoquer des ministres, prérogatives qu’il n’avait pas avant. Mais le tout-puissant émir, qui nommera les 15 autres membres, aura un droit de véto.
La tenue de ce premier scrutin national au suffrage universel direct, prévu par la Constitution de 2004 mais reporté à plusieurs reprises, a lieu au moment où le pays est sous le feu des projecteurs.
🗳️ “It is a very special opportunity for us here in Qatar to be able to vote for the council. I hope we, as citizens, have done our best to cast our vote sincerely,” voters at polling stations tell Doha News. ⬇️ https://t.co/jvhgHY2Bgi #QatarVotes #مجلس_الشورى_القطري
— Doha News (@dohanews) October 2, 2021
A un an de la Coupe du monde de football au Qatar, les autorités estiment qu’organiser ces élections « va attirer de l’attention positive » sur le pays, affirme Luciano Zaccara, spécialiste du Golfe à l’Université du Qatar.
« C’est une façon de montrer qu’ils vont dans la bonne direction, qu’ils souhaitent plus de participation politique », ajoute-t-il.
Spots formatés
« C’est une journée historique pour participer (au scrutin), pour choisir et voter pour le premier conseil élu de la Choura, je me sens très heureux (…). J’espère que le prochain conseil sera à la hauteur des développements que l’on connaît au Qatar et dans le monde », affirme à l’AFP Ali Abdullah al-Khulaifi, un électeur de 44 ans.
Si quelques rassemblements politiques ont eu lieu, les candidats ont tous évité d’aborder la politique étrangère de leur pays ou le statut de la monarchie, préférant se focaliser sur les enjeux sociétaux comme la santé, l’éducation ou les droits des citoyens. A la télévision, des spots formatés ont été préférés aux vifs débats.
Les candidats ont dû signaler à l’avance au ministère leurs événements de campagne, ainsi que les noms de toutes les personnes qui y prendraient la parole.
Seules 28 femmes figurent parmi les 284 candidats qui ont dû être approuvés par le ministère de l’Intérieur qui s’est basé sur toute une série de critères, dont l’âge, le caractère ou le casier judiciaire.
Un déséquilibre peu important pour Sabeeka Yousef. « Pour moi, la chose primordiale dans ce processus (électoral) est de choisir un candidat capable de porter nos voix », affirme-t-elle au moment de voter.
Des pans de la population exclus
La majorité des 2,5 millions d’habitants du Qatar, premier producteur et exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, sont étrangers et ne peuvent donc pas voter.
Parmi les 330.000 Qataris, seuls les descendants d’habitants déjà citoyens du pays en 1930 ont le droit de voter et de se présenter comme candidats, disqualifiant d’office des familles naturalisées depuis.
Des membres de l’importante tribu al-Mourra ont ainsi été exclus de ces élections, suscitant des débats animés sur les réseaux sociaux.
Les candidats se présentent dans les circonscriptions en fonction d’où vivait leur famille ou leur tribu dans les années 1930.
Selon des sources diplomatiques, des votes ont déjà eu lieu en interne pour déterminer qui élire dans les circonscriptions.
« Quand vous n’avez pas de partis politiques (…) les gens ont tendance à voter pour ceux qu’ils connaissent, des membres de la famille ou de la tribu », explique Courtney Freer, spécialiste du Golfe au Emory College (Etats-Unis).
Les Qataris se sont déjà prêtés à l’exercice électoral, ayant déjà voté par le passé lors de réformes constitutionnelles ou d’élections locales.
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