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Les hippopotames de Pablo Escobar reconnus comme personnes légales aux États-Unis par un tribunal américain

Les hippopotames de Pablo Escobar reconnus comme personnes légales aux États-Unis par un tribunal américain

Pour la première fois, un tribunal américain a reconnu une personnalité juridique à des animaux. Et pas n’importe lesquels: les descendants des hippopotames de Pablo Escobar, qui se sont multipliés en Colombie depuis la mort du célèbre narcotrafiquant il y a 30 ans. Cette reconnaissance a été accordée dans le cadre d’une bataille judiciaire visant à bloquer leur abattage.

Pablo Escobar, à son apogée, avait importé quelques hippopotames pour garnir le zoo de son hacienda de Napoles, à une centaine de kilomètres au sud de son fief de Medellin.

Après qu’il a été abattu en 1993 par les forces de sécurité colombiennes, la plupart des autres animaux (flamants roses, girafes, zèbres, kangourous…) ont été vendus, mais pas les pachydermes, qui ont proliféré. Jusqu’à devenir ce qui est réputé être la plus grande colonie de ces animaux hors d’Afrique. Ils sont peu à peu devenus un souci environnemental et une menace pour les habitants (des attaques de pêcheurs ont été rapportées).

Face au problème, le gouvernement colombien a commencé à stériliser les animaux. Des fusils à fléchettes contenant un contraceptif sont notamment utilisés, davantage qu’une stérilisation chirurgicale. Un avocat, Luis Domingo Gomez Maldonado, a déposé en juillet un recours en justice au nom des hippopotames en Colombie, qui reconnaît déjà une personnalité juridique aux animaux. Le but est d’empêcher que les hippopotames ne soient euthanasiés, mais aussi de faire en sorte que le gouvernement ait recours à un autre médicament pour les stériliser que celui actuellement utilisé.

C’est dans ce cadre que l’association Animal Legal Defense Fund (ALDF) a fait une demande pour permettre à deux experts en stérilisation basés aux États-Unis de pouvoir témoigner, afin d’appuyer le recours. La magistrate Karen Litkovitz, d’une cour fédérale de l’Ohio, a accepté cette demande la semaine dernière, au nom d’une loi américaine permettant à «une personne intéressée» de réclamer une déposition américaine dans un litige à l’étranger. Les personnes intéressées étant donc, dans ce cas, les hippopotames.

Pour Christopher Berry, avocat pour l’ALDF, l’importance de cette décision est double: «D’abord, elle aidera les hippopotames à ne pas mourir – c’est sa conséquence immédiate.» «Plus largement, c’est le premier exemple concret d’une cour américaine autorisant les animaux à exercer un droit légal en leur propre nom», a-t-il dit à l’AFP. Selon lui, d’autres cas se frayent lentement un chemin dans les tribunaux aux États-Unis.

L’association représente par exemple un cheval nommé Justice dans un cas de cruauté et négligence envers un animal. Il n’est pas sûr que la décision concernant les hippopotames influencera ces autres cas, «mais il est certain que cela est pertinent et important dans le cadre plus large de la discussion autour des droits des animaux», estime Christopher Berry.

Le mouvement pour accorder un statut juridique aux animaux a également pris de l’ampleur au niveau mondial. En 2014, un tribunal argentin a décidé qu’un orang-outan nommé Sandra avait subi un emprisonnement injustifié dans un zoo de Buenos Aires. Elle se trouve désormais dans un refuge en Floride.

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