Deux décennies de mutations de la santé dans le monde faisant la synthèse de l’évolution de la santé mondiale durant ces deux dernières décennies.
Les rapports mettent en avant :
– D’importants progrès de la santé mondiale de 2000 à 2019 : augmentation de l’espérance de vie (+6,6 années), réduction de la mortalité maternelle (-34%), de la mortalité néonatale (-41%) et de la mortalité infanto-juvénile (-52%), forte réduction du nombre de décès liés au VIH/Sida (-66%)…
– Un ralentissement des progrès, et même aggravation des indicateurs depuis 2015 : ralentissement de la réduction de la mortalité maternelle (la cible de réduction de la mortalité maternelle des ODD ne devrait pas être atteinte avant 50 ans en Afrique subsaharienne), réduction de l’espérance de vie (76 ans) et augmentation de la mortalité maternelle aux États-Unis (+78%), progrès lents dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, stagnation du taux de mortalité dus au paludisme depuis 2015…
– Un essor des maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes : accroissement du nombre des infections, élargissement des zones géographiques concernées, accélération de la vitesse de propagation des épidémies (6,8M de décès dus à la COVID-19)
– Une forte hausse de la mortalité liée au maladies non transmissibles (+30% depuis 2000 = 41M de décès par an) : au cœur des enjeux du développement durable
-Une « Triple crise environnementale » ou « triple crise planétaire » = changement climatique + pollution (eau, air, sols) + perte de biodiversité : devrait conduire à +250.000 décès additionnels par an de 2030 à 2050 (estimations, OMS)
– Une stagnation des progrès dans l’accès aux services de santé essentiels depuis 2025 après une forte hausse de 2000 à 2015 : plus de la moitié de la population mondiale n’a pas toujours pas accès aux services de santé essentiels
– Une dégradation de la protection financière des ménages : hausse de la part de la population qui doivent faire face à des dépenses de santé catastrophiques de 9,6% en 2000 à 13,5% en 2019
– Une stagnation de l’aide en santé depuis 2013 (1er financeur = USA, 2ème = Fondation Bill et Melinda Gates);
– Une concentration de l’aide en santé sur la lutte contre les maladies infectieuses : +67% et effet d’éviction de l’aide internationale en santé sur la dépenses publiques en santé dans les pays les plus pauvres
– Une pénurie généralisée des professionnels de santé et inaccessibilité des médicaments et autres technologies médicales essentielles
– De fortes disparités inter et intra-nationales
Recommandations :
1. Revoir ses approches, ses polarisations et ses paradigmes :
– Intégrer la diversité des déterminants environnementaux, sociaux, politiques et économiques de la santé
– Abandonner l’opposition entre maladies infectieuses et maladies non transmissibles
– S’appuyer sur des systèmes de santé adaptés aux nouveaux défis sanitaires
– Promouvoir des politiques de santé favorisant l’intégration, l’inclusivité et l’équité pour tous
– Sortir du paradigme médical entre prévention et soins curatifs et faire de la promotion de la santé, la prévention des maladies évitables et l’accès équitables aux soins médicaux des priorités universelles
2. Réformer la gouvernance de la santé mondiale : révision du RSI et adoption d’un nouvel Accord international sur les prévention, la préparation et la riposte aux pandémies. Cette gouvernance mondiale doit permettre de favoriser l’indépendance et la transparence de la science dans les mécanismes de production des choix nationaux et intergouvernementaux (décisions politiques).
3.Impliquer les citoyens et tenir compte du rôle essentiel de l’adhésion et de la participation des populations aux politiques de santé.
