OpinionPoint de vue

Je m’inscris en faux contre ces contre-vérités distillées à dessein…Par Jean Marie Biagui

S’il m’était donné de verser dans quelque élégie de vérité de fait, c’est-à-dire de vérité incontestable, sans hésiter je rétablirais la vérité de fait ci-après.

En effet, le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), ce ne sont pas des bandes armées. Le MFDC, c’est un mouvement de libération nationale, avec sa genèse et son histoire, lesquelles se (con)fondent même avec/dans la genèse et l’histoire du Sénégal ; et avec sa finalité, qui, elle, contraste radicalement d’avec celle du Sénégal dans la mesure même où elle lui est consubstantiellement légitime.

Elle n’en reste pas moins illégale, au regard de la Constitution du Sénégal, ce qui nous vaut un conflit armé en Casamance. Mais un conflit qui oppose, non pas l’Etat sénégalais et des bandes armées, mais l’Etat sénégalais et le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance, depuis décembre 1982.

Aussi, est-ce à la faveur de ce conflit que, d’initiative, l’Armée a mené des opérations militaires les 13 et 14 puis les 20 et 29 mai 2020 contre précisément les positions du MFDC, dans le secteur de Bissine/Bilasse – Diagnon, au sud-est de la Casamance.

Et malgré cette omerta, voulue comme telle par les Autorités, et qui plombe, telle une chape de plomb, ces opérations militaires, la violence des combats, quant à elle, atteste, sans conteste, et bruyamment, d’un bilan nécessairement lourd, tant humain qu’en termes de matériels détruits ou récupérés.

Oui ! Hélas ! les combats survenus les 13 et 14 puis les 20 et 29 mai 2020, entre d’une part l’Armée et d’autre part le MFDC (et non des bandes armées), se sont avérés extrêmement violents et meurtriers.

Sous ce rapport, donc, ceux des professionnels de journalisme, notamment d’investigation, qui le souhaitent et qui voudront bien s’y risquer, vérifieront bien, sans peine, que les « accidents » supposés être le fait de mines anti-char, survenus les 13 et 15 juin 2020, respectivement à Lefeu à l’extrême nord de la Casamance et dans le secteur de Bissine/Bilasse – Diagnon à l’extrême sud de la Casamance, que donc ces « accidents », ainsi que « celui » survenu une semaine auparavant dans ce dernier secteur, n’en sont point ; et que, en réalité, ils ne sont rien de moins qu’un pathétique moyen de dissimuler la réalité des faits. Mais à quelle fin ?

Au demeurant, d’aucuns pourront noter que de violents combats ont encore opposé l’Armée et le MFDC, exactement les 15 et 16 juin 2020, toujours dans le même secteur, prétendument en représailles contre celui-ci, suite au fameux « accident par mine anti-char » du 15 courant ; et qu’ils sont en cours, ce 17 juin, au moment même où j’accouche de ces lignes.

Au fait, si lesdits accidents étaient avérés ; et s’ils n’étaient donc que des accidents, pourquoi ces représailles contre le MFDC ? Si l’on sait de surcroît que de tels actes de la part de l’Armée ne peuvent que mettre en péril le processus de paix en cours en Casamance.

Le « déminage humanitaire en Casamance », cette belle escroquerie politique et intellectuelle !

Tout le monde le sait maintenant : les opérations militaires sus-évoquées ne consistent, ni dans quelque campagne de déminage humanitaire que ce soit, ni dans aucune mission de sécurisation de la zone concernée visant à préparer le retour dans leurs villages des populations déplacées.

Car, alors, comment de telles opérations militaires peuvent-elles prospérer, qui plus est porter leurs fruits en termes notamment de retour réussi au bercail pour les populations concernées, si en même temps le MFDC est, non seulement ignoré, mais combattu de la manière la plus forte ?

A propos, toutes les zones polluées du fait de la guerre en Casamance, et qui sont sous le contrôle de l’Armée, peuvent, sans délai, faire l’objet d’une campagne de déminage humanitaire, pour peu cependant que les Autorités le veuillent réellement ; et qu’elles s’en donnent réellement les moyens, ici et maintenant.

Quant aux autres zones polluées, et qui sont réputées « rouges » pour être des zones-tampons de guerre, à ce jour, elles ne peuvent qu’être virtuellement inscrites dans le registre d’une campagne de déminage humanitaire post-conflit.

C’est aussi simple que cela, parce que participant tout bonnement du bon sens.

Dakar, le 17 juin 2020.

Jean-Marie François BIAGUI -Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
Ancien Secrétaire Général du MFDC

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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