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Peng Shuai: des Chinois percent des trous dans la censure

Expressions codées, références aux « pastèques » ou à une certaine « PS »: l’affaire de la tenniswoman Peng Shuai est passée sous silence en Chine mais des internautes font preuve d’ingéniosité pour contourner la censure des réseaux sociaux.

Dans un message publié en ligne début novembre, la championne évoquait longuement sa relation compliquée avec l’ancien vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli et évoquait un rapport sexuel avec lui qu’elle s’est sentie « forcée » d’accepter.

Le texte est resté seulement quelques minutes sur le compte officiel de la joueuse de 35 ans sur le réseau social chinois Weibo, avant d’être effacé par les censeurs.

Depuis, l’affaire est totalement passée sous silence dans les médias chinois. Et les censeurs redoublent d’efforts pour effacer toute allusion au scandale sur les réseaux sociaux.

La majorité des Chinois ne sont ainsi pas au courant de l’affaire, d’autant plus que la plupart des sites internet de médias étrangers sont bloqués en Chine.

Mais l’information circule tout de même via les messageries privées et le bouche-à-oreille.

Pour contourner la censure, les internautes ont d’abord commencé à utiliser les initiales (« PS ») de l’ex-numéro une mondiale du double. Un subterfuge vite répéré et censuré.

D’où l’apparition d’un ingénieux mot-dièse « codé »: « #Peng Yuyan est super beau », une référence à Peng Yuyan, un acteur taïwanais populaire en Chine.

« Beau » se disant « shuai » en mandarin, le hashtag a donc pour premier et dernier caractère chinois « Peng » et « Shuai » — soit le nom de la championne.

D’autres utilisateurs de Weibo se sont rendus sur la page consacrée au tennis pour y évoquer une « grosse pastèque » ayant fait les gros titres de l’actualité.

En chinois, l’expression « manger de la pastèque » signifie s’intéresser aux nouvelles racoleuses ou qui attirent l’oeil.

« Même quand je dors, je me réveille pour manger de la pastèque », écrivait un utilisateur de Weibo dans un message depuis supprimé. Il n’évoquait pas nommément Zhang Gaoli mais en parlait comme de « la personne sensible politiquement ».

Sur le compte Weibo de la WTA, l’instance internationale gérant le circuit féminin de tennis, certains affichaient leur « soutien » à l’organisation qui a décidé d’annuler ses tournois en Chine, ceci sans mentionner explicitement Peng Shuai.

Les internautes se réfugient aussi parfois dans les recoins les plus insoupçonnés du web.

Certains commentaient ainsi l’affaire sur le site de critiques de films Douban, à la page consacrée à une série sud-coréenne au nom évocateur: « Le Premier ministre et Moi »…

Ces différentes astuces n’ont pas tenu bien longtemps face à la vigilance des censeurs.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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