Le projet de dépollution de la baie de Hann, devant impacter au moins neuf communes de Dakar, se trouve dans sa phase active, en attendant ses autres composantes qui lui seront intégrées au fur et à mesure, a indiqué le directeur de l’exploitation et du contrôle de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS), Pèdre Sy.
Les populations adhèrent à ce projet en conscience de son importance car il impacte « près de 500 mille personnes habitant les communes traversées afin qu’elles bénéficient d’un système d’assainissement avec ce projet structurant », a-t-il indiqué dans un entretien avec l’APS.
Une commune comme celle de Thiaroye ne dispose pas de système d’assainissement, seule « une partie » de Hann Bel Air par exemple en bénéficie, a fait noter Pèdre Sy, qui assure que « les populations ont bien adhéré à ce projet », conscient qu’il « leur permettra d’améliorer leur cadre de vie ».
D’un coût global de 93 milliards de francs, ce projet consiste en un système d’assainissement de rejets liquides industriels et domestiques, en vue de restaurer la qualité des eaux de la baie de Hann.
Pour ce faire, le projet prévoit de financer des infrastructures de collecte, de traitement et de rejet en mer d’une partie des effluents qui sont actuellement rejetés directement en mer, rejets à l’origine de la dégradation avancée de la baie de Hann, autrefois considérée comme l’une des plus belles au monde.
Il faut noter qu’une grande partie de l’industrie manufacturière sénégalaise est installée le long de la baie de Hann, sans compter que des habitations, essentiellement des villages traditionnels, se sont développées à proximité, sans système d’assainissement.
Les communes concernées par ce projet de dépollution sont Hann Bel-Air, Dalifort, Mbao, Thiaroye-Sur-Mer, Diamaguène Sicap-Mbao, Guinaw Rail-Sud, Guinaw Rail-Nord, Tivaouane Diacksao, et Thiaroye-Gare.
« Après le projet, nous réfléchirons sur les évolutions possibles pour permettre à la baie de se régénérer avec l’appui du ministère de l’Environnement », a avancé le directeur de l’exploitation et du contrôle de l’ONAS.
Pour arriver à cet objectif, « les populations doivent cesser d’en faire un dépotoir d’ordures » pour en faciliter la régénération, « d’autant plus qu’il y aura un suivi écologique qui se fera », dit Pèdre Ndiaye.
Toutes les entreprises officiant au long de cette baie disposeront d’un système de prétraitement connecté à un intercepteur en cours de réalisation et qui est dimensionné pour prendre en charge toutes les eaux déconnectées provenant des sites industriels et celles issues des ménages des communes traversées par le projet, selon Pèdre Ndiaye.
Ce processus concerne également les stations de pompage liées à ce connecteur, dit-il, avant d’ajouter que les travaux prévus dans le cadre de ce projet permettront d’installer un intercepteur principal de 14.975 ml et de réaliser sept stations de pompage.
Il est aussi prévu la réalisation d’une station d’épuration, d’un émissaire marin de 3 km pour le déversement des eaux traitées.
De même, le projet permettra la réalisation de 15 km de réseaux secondaires pour le raccordement des industriels, la réalisation, l’assèchement du canal 6 et l’installation de 30 km de réseaux secondaires et 2.000 branchements domiciliaires pour le raccordement des populations.
Il prend également en compte l’assainissement du Port autonome de Dakar avec le drainage des eaux usées et pluviales, avec l’ambition d’impacter la vie de 500.000 personnes qui auront accès à un assainissement adéquat en plus du raccordement de 120 industriels au réseau d’assainissement.
« On dimensionne un collecteur pour prendre en charge toutes les eaux qui peuvent être déconnectées (…) » du réseau, poursuit Pèdre Ndiaye. Il note que pour le Canal 6, il s’agit d’éviter toute arrivée d’eaux usées.
« Nous allons mettre des intercepteurs et les rabatte sur le collecteur, réhabiliter le canal afin de lui permettre de ne drainer uniquement que des eaux pluviales provenant de ces zones traversées », précise-t-il.
Il rappelle que le canal 6 a son point de départ sous le pont de Colobane et traverse la zone industrielle, de la Rue 1 à la Rue 7, pour aboutir à la baie de Hann.
Les habitats implantés tout le long de la zone industrielle sont connectées à ce canal, relève le responsable de l’exploitation et du contrôle de l’ONAS.
Il y aura donc « une déconnexion des eaux usées qui se fera avec la mise en service de deux intercepteurs des eaux usées, pour les remettre à l’intercepteur en réalisation qui ira jusqu’au niveau de Petit-Mbao, là où va être installée la station d’épuration », renseigne-t-il.
Le canal pour sa part « va être réhabilité. Ses eaux seront traitées par cette station avant d’être rejetées en mer, à travers un émissaire de près de 3 km », a indiqué le directeur de l’exploitation et du contrôle de l’ONAS, insistant sur le fait que ce linéaire vise à faire en sorte que les eaux ne reviennent pas à la plage.
Dans le même temps, 30 km de réseau seront réalisés pour connecter tous les quartiers traversés par ce projet et même au-delà, selon M. Sy.
Les quartiers situés au-delà de la baie de Hann, « après la route nationale, vont bénéficier de ces 30 Km de réseau », a-t-il poursuivi.
« Les travaux sont en cours. Nous sommes en train de mettre l’intercepteur partant » du site de l’entreprise Afric Azote jusqu’à Petit Mbao, en passant par les communes de Thiaroye et Hann Bel Air. « C’est une des phases du projet, conclut-il. L’autre phase est la construction de la station d’épuration » dont le processus de passation de marché était en cours.
Laisser un commentaire