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Le procureur équatorien, César Suarez qui enquêtait sur la prise d’otage sur un plateau TV assassiné

Le procureur équatorien, César Suarez qui enquêtait sur la prise d’otage sur un plateau TV assassiné

Le procureur chargé de l’enquête concernant l’irruption d’hommes armés en direct sur le plateau d’une chaîne de télévision publique équatorienne, le 9 janvier, a été assassiné mercredi, alors que le pays se trouve sous le régime de l’état d’urgence, en « guerre » contre les gangs de narcotrafiquants.

Selon le parquet, le procureur assassiné à Guayaquil (sud-ouest) était chargé de déterminer quel gang avait mené cet assaut.

Sur les photos obtenues par l’AFP, on voit plusieurs impacts de balles qui ont traversé la vitre latérale côté conducteur, pourtant apparemment blindée.

« En réponse au meurtre de notre collègue César Suarez (…) je serai catégorique: les groupes du crime organisé, les criminels et les terroristes n’arrêteront pas notre engagement envers la société équatorienne », a déclaré la procureure générale Diana Salazar dans une vidéo postée sur X.

Le ministre de la Défense Gian Carlo Loffredo a déclaré dans un communiqué que son gouvernement rejetait « toute forme de violence comme réponse au conflit que nous connaissons ».

« Nous réaffirmons l’engagement ferme du gouvernement à soutenir l’administration de la justice », a-t-il ajouté.

En direct
Les images, très spectaculaires, de l’irruption en direct d’hommes lourdement armés, encagoulés, plaquant au sol sous la menace journalistes et employés de la chaîne TC à Guayaquil avaient fait le tour du monde.

« Ils sont entrés pour nous tuer, mon Dieu protégez-nous », avait déclaré l’un des journalistes captifs à un correspondant de l’AFP, dans un message WhatsApp. Des plaintes étaient audibles en bruit de fond.

Au milieu des coups de feu, la diffusion de ces images surréalistes s’est poursuivie en direct pendant de longues minutes, malgré l’extinction des lumières sur le plateau et le figement de la caméra.

L’intervention rapide des forces de l’ordre a permis de mettre fin à la prise d’otages sans faire de victime et d’arrêter treize assaillants.

« J’ai été frappé par leur inexpérience », a raconté à l’AFP l’un des journalistes pris en otage. « Au fond, ce n’étaient que des enfants. » Ce que confirme la présentation devant la presse des membres du groupe interpellés et menottés. Selon les autorités, ils sont âgés de 16 à 25 ans.

Quelques images restent en mémoire: les signes faits devant la caméra par les assaillants fanfaronnant pour revendiquer leurs gangs d’appartenance, ou encore le fusil à pompe posé sur la tempe d’un malheureux reporter.

Procureurs dans le collimateur
Cet assaut sur un plateau télévisé a constitué un climax de l’enchaînement de violences déclenchées par l’évasion quelques jours plus tôt du redouté chef du gang des Choneros, Adolfo Macias, alias « Fito ».

Plusieurs mutineries et prises en otage de gardiens ont touché des prisons, et dans les rues de Guayaquil ou de la capitale Quito, les gangs ont semé la terreur à force d’explosions ou de tirs dirigés contre la police.

Pour rétablir l’ordre, le président équatorien Daniel Noboa a décrété le pays « en guerre » contre les gangs et envoyé plus de 20.000 militaires sur le terrain. Les violences dans le pays ont fait au moins 19 morts.

Les procureurs sont sous la menace de la vingtaine d’organisations criminelles qui opèrent en Equateur, naguère havre de paix ravagé par la violence après être devenu le principal point d’exportation de la cocaïne produite dans les Etats voisins que sont le Pérou et la Colombie.

En juin, le procureur Leonardo Palacios a été tué par des hommes armés dans la ville de Duran, voisine de Guayaquil.

Diana Salazar a fait état de menaces directes de mort de la part de Los Lobos, l’une des principales organisations criminelles, dont le chef, Fabricio Colon Picole, s’est également échappé de prison la semaine dernière.

La justice équatorienne s’attaque aux criminels mais aussi à la corruption liée au narcotrafic qui a gangréné jusque dans les arcanes de l’Etat.

L’affaire dite « Metastasis », « la plus grande de l’histoire contre la corruption et le trafic de drogue » en Equateur, selon la procureure, a mis au jour en fin d’année dernière « une structure criminelle » impliquant des procureurs, des responsables pénitentiaires et des policiers « dont l’objectif était d’obtenir l’impunité et la liberté des personnes poursuivies ou condamnées » ainsi que d’introduire des objets interdits en prison.

Les politiques sont également visés. Fin 2023, le candidat à la présidence Fernando Villavicencio à Quito et Agustin Intriago, maire de Manta (ouest), l’une des principales villes du pays, ont également été tués par des criminels.

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