Après une demi-heure de délibération, le tribunal correctionnel de Paris a rejeté sa demande de renvoi du procès, considérant «qu’il n’était pas suffisamment établi que Mme Adjani avait réellement l’intention d’être présente».
La demande de renvoi du procès de l’actrice Isabelle Adjani, soupçonnée de fraude fiscale et de blanchiment, a été rejetée jeudi par le tribunal correctionnel de Paris, qui a décidé de juger l’affaire en son absence. L’artiste est accusée d’avoir dissimulé une donation en prêt en 2013 et de s’être fictivement domiciliée au Portugal en 2016 et 2017, ce qu’elle conteste vigoureusement.
En début d’audience, sa défense a demandé un report du procès, faisant valoir qu’Isabelle Adjani, actuellement aux États-Unis, souffre «d’une pathologie aiguë incompatible avec l’avion». «Ce n’est pas un refus de complaisance», a plaidé Me Olivier Pardo, s’appuyant sur un certificat médical.
«Elle tient à s’expliquer, elle tient à être là». Les avocats ont aussi motivé leur demande du fait de l’impossibilité, pour Mamadou Diagna NDiaye, de venir témoigner. «C’est un témoin essentiel, car c’est le prêteur du prêt discuté», ont-ils affirmé.
Le parquet national financier (PNF) s’est opposé à cette requête, jugeant le certificat médical «pas circonstancié». «J’estime aujourd’hui qu’il y a des raisons de penser qu’elle ne s’est pas mise en mesure volontairement de venir», a déclaré le procureur, qui a ajouté que le témoignage de M. Ndiaye avait déjà «été recueilli pendant l’enquête».
Après une demi-heure de délibération, le tribunal a rejeté cette demande, considérant «qu’il n’était pas suffisamment établi que Mme Adjani avait réellement l’intention d’être présente». La présidente a rappelé que la citation devant le tribunal datait de juin et que la défense avait fourni une réservation d’avion retour prise le 16 octobre pour «un vol qui arrivait ce matin à 11h00», soit seulement 02h30 avant le procès.
Soupçons de donation déguisée et domiciliation fictive au Portugal
Connue en particulier pour ses rôles dans L’été meurtrier (1983), Camille Claudel (1988), La Reine Margot (1994) ou plus récemment Mascarade (2022), l’actrice et chanteuse de 68 ans est soupçonnée d’avoir fait passer une donation de 2 millions d’euros pour un prêt, ce qui lui aurait permis d’éluder 1,2 million d’euros de droits de mutation.
Cette somme lui a été transférée par Mamadou Diagna NDiaye, un influent homme d’affaires sénégalais, président du Comité national olympique et sportif sénégalais et membre du Comité international olympique.
L’actrice fait valoir qu’il est un ami, parrain de son fils, et que le prêt a été dûment enregistré auprès du fisc.
Il lui est en outre reproché de s’être fictivement domiciliée au Portugal, éludant ainsi 236.000 euros d’impôt sur le revenu, et d’avoir fait transiter par un «compte bancaire américain non déclaré» la somme de 119.000 euros.
Sur ces deux points, elle conteste aussi toute infraction.
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