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Le Conseil d’État français valide l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso

Le frère cadet du président déchu Blaise Compaoré est mis en cause dans l’enquête sur l’assassinat en 1998 d’un journaliste d’investigation. Il a saisi la Cour européenne des droits de l’homme, selon ses avocats.

Le Conseil d’État français a validé vendredi 30 juillet l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, où ce frère du président déchu Blaise Compaoré est mis en cause dans l’enquête sur l’assassinat en 1998 d’un journaliste d’investigation.

Dans une décision rendue vendredi, le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative française, a rejeté le recours formé par François Compaoré contre le décret d’extradition signé en mars 2020 par le Premier ministre français de l’époque, Edouard Philippe. «La requête de M. Compaoré est rejetée», indique la décision.

François Compaoré est le frère cadet de Blaise Compaoré, chassé par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir au Burkina Faso. Journaliste d’investigation reconnu et directeur de l’hebdomadaire «L’Indépendant», Norbert Zongo, 49 ans, avait été assassiné le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Sa mort avait provoqué une profonde crise politique au «pays des hommes intègres».

Norbert Zongo, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant une mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été retrouvées calcinées dans le sud du Burkina.

Arrêté à Roissy en octobre 2017
En juin 2019, la Cour de cassation française avait rejeté le pourvoi de Compaoré contre son extradition vers Ouagadougou, où le dossier de l’assassinat du journaliste, classé en 2006 après un «non-lieu» en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de Blaise Compaoré.

François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport parisien de Roissy en octobre 2017, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de Ouagadougou. Mais à ce jour, il n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.

Dans un communiqué, les avocats de Compaoré, Maîtres François-Henri Briard et Pierre-Olivier Sur, indiquent vendredi que leur client «prend acte» de la décision. François Compaoré «est prêt à faire face, dans la dignité, dans l’honneur et avec responsabilité, à la justice burkinabée», ajoutent les avocats.

La Cour européenne des droits de l’Homme saisie
François Compaoré regrette «toutefois que la décision du Conseil d’État ne s’inscrive pas dans la ligne des précédents jurisprudentiels qui excluent toute mesure d’extradition à caractère politique ou qui expose la personne concernée à des risques de torture, de traitements inhumains et dégradants et de violations du droit à un procès équitable», selon le texte.

Compaoré est «assurément exposé à de tels risques s’il était remis au Burkina Faso», pays en proie «à une grave déstabilisation et qui ne présente aucune garantie suffisante, ni pour lui, ni pour ses avocats appelés à le défendre», affirment ses conseils. Les avocats annoncent dans ce communiqué que Compaoré a saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) «afin qu’elle fasse échec à l’extradition envisagée et sanctionne les manquements de la France à le protéger».

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