Le bilan de la guerre entre Israël et le Hamas a continué mercredi de s’alourdir de façon vertigineuse, avec des milliers de morts recensés au total, quatre jours après l’attaque lancée par le mouvement islamiste palestinien depuis Gaza.
Des frappes israéliennes nocturnes ont fait au moins 30 morts dans l’enclave palestinienne, touchant des dizaines de bâtiments d’habitation, des usines, des mosquées et des magasins, a annoncé mercredi le gouvernement du Hamas. L’armée israélienne a indiqué que plusieurs cibles du Hamas avaient été touchées.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié l’offensive massive lancée le 7 octobre par le Hamas contre Israël de « sauvagerie jamais vue depuis la Shoah », promettant que son pays allait « vaincre avec de la force, énormément de force ».
Israël avait annoncé mardi avoir repris en partie le contrôle de sa frontière avec la bande de Gaza, placée en état de siège. Dans le nord, l’armée israélienne a frappé la Syrie et le sud du Liban en riposte à des tirs de roquettes.
L’offensive a suscité de multiples condamnations internationales, ainsi que des inquiétudes face à l’éventualité d’un assaut terrestre sur Gaza.
L’Etat israélien, qui a annoncé l’évacuation des zones frontalières, a imposé un « siège total » à Gaza et suspendu l’approvisionnement en eau, en électricité et en nourriture de l’enclave palestinienne.
Le bilan des attaques en Israël est passé à plus de « 1.200 morts », a annoncé mercredi matin l’armée israélienne. Plus de 2.700 personnes ont été blessées et des dizaines d’autres sont officiellement recensées comme « otages ou disparues ».
Du côté palestinien, 900 personnes sont mortes et plus de 4.500 ont été blessées, selon les autorités locales. Le Hamas a annoncé que deux de ses hauts responsables avaient été tués par des frappes israéliennes.
L’armée israélienne a annoncé en outre mardi avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas dans les zones voisines de Gaza.
Les forces aériennes israéliennes ont par ailleurs indiqué mercredi que « des dizaines d’avions de combat ont récemment attaqué plus de 200 cibles dans le quartier d’Al Furkan », dans la ville de Gaza.
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, menace de son côté d’exécuter des otages enlevés en Israël. Parmi eux se trouvent des jeunes capturés pendant un festival de musique, où des combattants du Hamas ont fait irruption samedi, tuant 250 personnes selon une ONG.
Champs de ruines
« Plus de 100 personnes » ont aussi été tuées dans le kibboutz de Beeri, selon la même ONG, Zaka, qui a participé à la collecte des corps.
« Ils tiraient sur tout le monde », « ils ont assassiné de sang-froid des enfants, des bébés, des gens âgés, tout le monde », a témoigné Moti Bukjin, le porte-parole de Zaka.
Samedi à l’aube, après avoir franchi la barrière frontalière qu’Israël considérait infranchissable, des centaines de combattants du Hamas s’étaient engouffrés dans des localités du sud du pays, allant de maison en maison, abattant des citoyens ou les enlevant.
Lors de cette offensive terrestre, aérienne et maritime d’une ampleur sans précédent depuis la naissance de l’Etat d’Israël en 1948, menée en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, le Hamas a tiré des milliers de roquettes.
Depuis, l’armée israélienne pilonne Gaza, une bande de terre pauvre et exiguë, enclavée le long de la Méditerranée, où s’entassent 2,3 millions d’habitants et où des rues entières sont transformées en champs de ruines.
Le « mal à l’état pur »
Israël a mobilisé 300.000 réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats autour de Gaza, ainsi qu’à sa frontière avec le Liban.
Mardi soir, l’armée israélienne a annoncé avoir tué « trois terroristes palestiniens » lors d’un échange de tirs avec des soldats à Ashkelon, une ville du sud d’Israël située à une quinzaine de kilomètres de Gaza.
Endossant sans réserve le rôle de premier soutien d’Israël, le président américain Joe Biden a promis mardi qu’il aiderait l’Etat israélien à se défendre face au « mal à l’état pur ».
Le Hamas a dénoncé des propos « incendiaires », jugeant que le président américain tentait de « dissimuler les crimes d’Israël ».
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est attendu en Israël jeudi.
Les hôpitaux débordés
Dans les hôpitaux de la bande Gaza, la situation est catastrophique. L’hôpital al-Chifa de la ville de Gaza déborde de blessés. « Certains meurent bien avant » d’avoir pu être soignés, raconte un médecin.
L’ONU a affirmé que le siège total de la bande de Gaza, où plus de 263.000 personnes ont déjà été déplacées par la guerre, était « interdit » par le droit international humanitaire.
Face à l’offensive, dans un pays marqué par de profondes fractures, Benjamin Netanyahu a appelé lundi « les dirigeants de l’opposition à former immédiatement un gouvernement d’union nationale ».
L’offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël par surprise et fait 2.600 morts côté israélien en trois semaines.
Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché cette offensive pour « mettre fin aux crimes de l’occupation », en référence à l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
Israël avait retiré ses troupes et évacué les colons de la bande de Gaza en 2005 après avoir occupé ce territoire depuis 1967.
Mais il a gardé le contrôle de l’espace aérien et des eaux territoriales et imposé un blocus depuis 2007, contrôlant strictement le passage des biens et des personnes entre Israël et l’enclave.
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