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9e Forum Mondial de l’eau à Dakar: L’or bleu, la bataille de demain ?

Diamniadio, ville située à la périphérie de la capitale sénégalaise Dakar, accueille du 21 au 26 mars Forum mondial de l’eau, placé sur le thème « la sécurité de l’eau pour la paix et le développement ».

Rendu à sa 9è édition, il se tient pour la première fois dans un pays de l’Afrique subsaharienne. L’initiative qui a été lancée en 1997 est le plus grand évènement concernant les questions de l’eau et se tient tous les trois ans. Cette année, il est organisé conjointement par le gouvernement sénégalais et le conseil mondial de l’eau, créé en 1996.

Les participants sont issus de toutes les sphères sociales et de tous les domaines, notamment des politiciens, des travailleurs des institutions multilatérales, des universitaires, des acteurs de la société civile et du secteur privé. Ceux-ci mèneront des réflexions sur les solutions à long terme à apporter aux défis mondiaux de l’eau.

Au cours des 50 dernières années, la population humaine a plus que doublé. Cette croissance rapide, le développement économique et l’industrialisation qui l’accompagnent ont transformé les écosystèmes aquatiques du monde entier et entraîné une perte massive de biodiversité.

Aujourd’hui, 41% de la population mondiale vit dans des bassins fluviaux soumis à un stress hydrique. Les préoccupations concernant la disponibilité de l’eau augmentent à mesure que l’utilisation de l’eau douce se poursuit à des buts non durables. En outre, l’augmentation de la population mondiale accroît le besoin de nourriture, d’abris et de vêtements, ce qui entraîne une pression supplémentaire sur l’eau douce par la production de produits de base et d’énergie.

La population humaine a réussi à exploiter de nombreux cours d’eau naturels du monde à travers la construction des barrages, des puits d’eau, de vastes systèmes d’irrigation et d’autres structures qui ont permis aux civilisations de croître et de prospérer. Cependant, les systèmes d’eau sont de plus en plus stressés et certains fleuves, lacs et aquifères s’assèchent. Même dans les pays disposant de ressources en eau adéquates, la pénurie d’eau n’est pas rare.

Elle est généralement due à un certain nombre de facteurs à l’instar de effondrement des infrastructures et des systèmes de distribution, de conflit ou mauvaise gestion des ressources en eau. Le changement climatique ainsi que les facteurs humains privent de plus en plus la nouvelle génération de son droit à l’eau potable et à l’assainissement.

Face à l’augmentation de la population mondiale, l’eau est une préoccupation majeure qui revient. C’est une ressource qui couvre 70% de notre planète et il est facile de penser qu’elle sera toujours abondante. En effet, l’eau douce, c’est-à-dire celle utilisée pour les besoins quotidiens de l’homme, est très rare. Seulement 3% de l’eau du monde est de l’eau douce, et les deux tiers de celle-ci sont cachés dans des glaciers gelés ou autrement indisponibles pour l’usage.

Au regard de ce constat, une large partie de la population mondiale souffre de la pénurie d’eau. Selon les Nations Unies, environ 1,1 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau, et 2,7 milliards de personnes sont exposées à une pénurie d’eau pendant au moins un mois de l’année. 2,4 milliards de personnes font face à la difficulté de s’offrir un assainissement adéquat, les exposant à des pathologies, telles que le choléra et la fièvre typhoïde, et à d’autres maladies d’origine hydrique.

Deux millions de personnes, principalement des enfants, meurent chaque année des seules maladies diarrhéiques. De nombreux systèmes d’approvisionnement en eau qui maintiennent les écosystèmes en plein essor et nourrissent une population humaine croissante sont devenus stressés. Les rivières, les lacs et les aquifères s’assèchent ou deviennent trop pollués pour être utilisés.

Plus de la moitié des zones humides du monde ont disparu. L’agriculture consomme plus d’eau que toute autre source et en gaspille une grande partie par manque d’efficacité. Le changement climatique modifie les conditions météorologiques et l’eau dans le monde, provoquant des pénuries et des sécheresses dans certaines régions et des inondations dans d’autres. Le rythme de consommation actuel fait planer le risque d’une aggravation de la situation.

Des experts alertent que d’ici 2025, les deux tiers de la population mondiale pourraient faire face à des pénuries d’eau, précisant que les écosystèmes du monde entier seront davantage affaiblis.

La pollution de l’eau provient de nombreuses sources, dont l’usage des pesticides et les engrais, les eaux usées humaines non traitées, les déchets industriels entre autres. Même les eaux souterraines ne sont pas à l’abri de la pollution, car de nombreux polluants parviennent à se déverser dans les aquifères souterrains.

L’agriculture utilise 70% de l’eau douce accessible dans le monde, mais environ 60% de celle-ci est gaspillée en raison des systèmes d’irrigation qui fuient, des méthodes d’usage inefficaces ainsi que de la culture de denrées trop non adaptées pour l’environnement dans lequel elles sont cultivées. Cette utilisation inutile de l’eau assèche les rivières, les lacs et les aquifères souterrains.

De nombreux pays qui produisent de grandes quantités de nourriture à l’exemple de l’Inde, la Chine, l’Australie, l’Espagne et les États-Unis, ont atteint ou sont sur le point d’atteindre leurs limites de ressources en eau. À la culture des denrées non adaptées s’ajoute le fait que l’agriculture génère également une pollution considérable de l’eau douce à la fois par les engrais et les pesticides qui affectent autant les humains que d’autres espèces.

La pénurie d’eau limite l’accès à l’eau potable et à l’hygiène de base à la maison, à l’école et dans les établissements de santé. Lorsque l’eau est rare, les systèmes d’égouts peuvent tomber en panne et le risque de contracter des maladies comme le choléra augmente. L’eau rare devient également plus chère.

La pénurie d’eau pèse davantage sur les femmes et les enfants car ils sont très souvent responsables de la collecte. Plus le lieu d’accès à l’eau est éloigné, plus il faut du temps pour la recueillir. Dès lors, ils accordent moins de temps à l’école. En particulier pour les filles, une pénurie d’eau dans les écoles a un impact sur la scolarisation, la fréquentation et les performances des élèves. Transporter de l’eau sur de longues distances est également un fardeau physique énorme et peut exposer les enfants à des risques pour la sécurité et à l’exploitation.

Quatre milliards de personnes, soit près des deux tiers de la population mondiale, font face à une grave pénurie d’eau pendant au moins un mois chaque année. Aussi, plus de deux milliards de personnes vivent dans des pays où l’approvisionnement en eau demeure un problème majeur. La moitié de la population mondiale pourrait vivre dans des zones confrontées à une pénurie d’eau dès 2025. Environ 700 millions de personnes pourraient être déplacées en raison d’une pénurie d’eau intense d’ici 2030. D’ici 2040, environ 1 enfant sur 4 dans le monde vivra dans des zones de stress hydrique extrêmement élevé.

Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), en 2020, environ une personne sur quatre n’avait pas accès à de l’eau potable gérée en toute sécurité à son domicile, et près de la moitié de la population mondiale était privée de services d’assainissement gérés en toute sécurité. La pandémie de Covid-19 a davantage accru le besoin d’offrir à la population du monde la possibilité d’accès à l’eau.

Au début de la pandémie, trois personnes sur dix dans le monde ne disposaient d’aucune installation à domicile permettant de se laver les mains avec de l’eau et du savon. Le même rapport précise qu’en 2030, des milliards de personnes à travers la planète n’auront pas accès à des services d’approvisionnement en eau potable, d’assainissement et d’hygiène gérés en toute sécurité si le taux de progression actuel n’est pas multiplié par quatre.

Le Forum mondial de l’eau de cette année est dès lors porteur de nombreux espoirs. Il se tient dans l’une des régions du monde les moins avancées en termes d’accès à l’eau. Les participants se pencheront sur les différents défis ainsi que les réalités auxquelles sont confrontées les populations. La bonne gestion de la question de l’eau pourrait être un début de solution pour celles de la santé, de l’hygiène, de la sécurité alimentaire et bien d’autres. Ne dit-on pas que l’eau c’est la vie ?

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