Chronique

Thione, voix utile…

Thione Seck chantait bien. Il chantait juste. Il chantait utile. Il chantait agréable. Il chantait l’amour, la vie. Car pour lui, tout ce qui n’est pas utile, tout ce qui n’est pas agréable, est futile.

Une ligne de conduite qu’il s’était fixée dès les premières heures de sa riche carrière qui a débuté dans les années 1970 avec l’Orchestra Baobab, avant la création, vers 1980, de son groupe le « Raam Daan ».

Son répertoire constitue ainsi une bibliothèque de messages instructifs. Des appels au courage, à la dignité, au dévouement, au respect dû à autrui, à l’autre “plus important que moi-même”. Une réputation de parolier à cheval sur les principes moraux qu’il irrigue d’une voix qui savait épouser toutes les émotions.

Du rythme et des rimes. De la métaphore à l’emphase. Jamais de mots mal placés. Jamais de mots déplacés. Jamais de gros mots. Toujours le verbe bien choisi. De la mesure, dans la franchise.

De l’humour. De la bonne tenue. Thione Ballago Seck était sans doute un “seigneur” du Mbalax. Papa Thione, comme on l’appelait non sans amabilité, a su maintenir haut le flambeau de l’orthodoxie musicale et n’a jamais voulu entrer dans le simplisme ambiant, avec son lot de bling bling et de buzz.

Ses dernières années ont été marquées par une longue procédure judiciaire avec la fameuse histoire des faux billets. Une détention provisoire de neuf mois en 2015. Et l’annulation de toute la procédure par la Cour suprême, quelques jours seulement avant sa disparition.

Un signe du destin ? Certainement, pour quelqu’un qui évoquait Dieu, tel un leitmotiv dans sa vie musicale et sa vie tout court.

Comme tout être humain, il avait un passif. Mais son beau parcours mérite qu’on passe l’éponge sur ce passif.

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