PolitiqueSociétéVedette - La UNE

Ousmane Sonko et Diomaye Faye en campagne en Casamance

L’opposant sénégalais Ousmane Sonko et son second et candidat à la présidentielle du 24 mars Bassirou Diomaye Faye ont fait campagne samedi en Casamance (sud), deux jours après leur libération de prison.

MM. Sonko et Faye ont, à leur descente d’avion au Cap Skiring, aussitôt pris place dans un véhicule 4X4 noir aux vitres teintées, acclamés par plusieurs centaines de personnes qui les attendaient à l’aéroport de cette station balnéaire et une des plus importantes destinations touristiques du pays, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le candidat Faye, en boubou blanc, a été le premier à faire son apparition, suivi de M. Sonko en chemise vert-pâle et en casquette, tous les deux les bras levés en signe de victoire, devant une foule majoritairement jeune qui scandait « Diomaye président ».

Un convoi de plusieurs dizaines de véhicules est ensuite parti de Cap-Skiring, à quelque 80 km de Ziguinchor, principale ville de Casamance dont M. Sonko est le maire, dans une région qui est son fief.

« On va gagner au premier tour. J’en suis sûr », a déclaré à l’AFP Malang Sané, 26 ans.

« Nous sommes venus accueillir notre leader qui vient tout juste de sortir de prison et va nous apporter le changement. Le Sénégal est comme une voiture neuve qui n’est pas utilisée. Et Ousmane Sonko va la mettre en marche », a dit à l’AFP Ibou Diatta, éducateur de 29 ans.

Les deux opposants ont été libérés jeudi soir après des mois de détention, en vertu d’une loi d’amnistie adoptée la semaine passée à l’instigation du président Macky Sall, qui ne se présente pas au scrutin présidentiel après deux mandats de sept et cinq ans.

Ce premier déplacement des deux hommes hors de Dakar a lieu une semaine avant la fin de la campagne électorale.

Celle-ci, entamée le 9 mars, a été écourtée d’un tiers en raison de la crise politique ayant suivi le report le 3 février de la présidentielle, initialement prévue le 25 février, par le président Sall. Le Conseil constitutionnel l’a ensuite contraint de fixer une nouvelle date pour un scrutin avant la fin de son mandat le 2 avril.

Sortis de prison, MM. Sonko et Faye, président et secrétaire général du parti Pastef dissous, peuvent désormais participer à la campagne, qui met aux prises 18 hommes et une femme.

Ousmane Sonko a été disqualifié de la présidentielle en janvier, le Pastef désignant alors M. Faye.

« Diffamations et calomnies »
Lors d’une conférence de presse commune vendredi, les deux hommes s’en sont pris au candidat du pouvoir, l’ex-Premier ministre Amadou Ba. « S’il est élu, il sera le président des pays étrangers », a dit M. Sonko, accusant M. Ba d’avoir couvert des malversations.

M. Sonko « récidive en consacrant toute une conférence de presse à des diffamations et calomnies insipides », a rétorqué, dans un communiqué, le camp de M. Ba, en campagne samedi dans le nord et l’est du pays.

Le programme de M. Faye le présente comme le « candidat du changement de système » et d’un « panafricanisme de gauche », qui promet de restituer au Sénégal sa souveraineté et renégociera, s’il est élu, les contrats d’exploitation du gaz et du pétrole ainsi que les accords de défense.

Cette plateforme décline les thèmes caractéristiques de M. Sonko, dont les diatribes contre la corruption, les élites, les multinationales et l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française ont fait le succès du Pastef.

La mise en cause de M. Sonko par la justice, conjuguée aux tensions économiques et sociales et au flou longtemps maintenu par le président Sall sur un troisième mandat, a donné lieu entre 2021 et 2023 à différents épisodes d’émeutes, pillages et saccages.

Le report in extremis de la présidentielle a causé de nouveaux heurts.

Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021, au cours de troubles qui ont fortement ébranlé un pays considéré comme l’un des plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les coups de force.

M. Sonko, 49 ans, a finalement été interpellé fin juillet 2023.

M. Faye, 43 ans, était lui-même détenu depuis avril 2023.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

Articles Similaires

1 sur 355

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *