Neuf personnes ont été tuées et plus de 300 arrêtées au cours de manifestations mercredi contre de nouvelles taxes au Kenya, interdites par les autorités, selon une commission des droits humains et une source officielle.
Ces rassemblements organisés dans plusieurs villes du pays ont été émaillés de pillages et d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, les premiers lançant des pierres, les seconds répliquant par des tirs de gaz lacrymogènes et à balles réelles.
La police a été accusée de brutalité et critiquée pour avoir tiré des gaz lacrymogènes contre des civils, y compris dans une école, provoquant l’hospitalisation de dizaines d’enfants.
L’alliance Azimio du chef de l’opposition Raila Odinga a annoncé jeudi que ses manifestations reprendraient « le mercredi 19 juillet 2023 », promettant de poursuivre l’action de rue jusqu’à l’obtention de résultats sur sa bataille sur le coût de la vie.
La veille, neuf personnes ont été tuées au cours d’une nouvelle journée de mobilisation de l’opposition, selon la Commission nationale kényane des droits de l’Homme (KNCHR), une organisation indépendante, qui a assuré à l’AFP se baser sur un décompte de la police.
La Commission a demandé l’ouverture d’enquêtes sur les violences policières et les pillages, avertissant que le pays était « au bord de l’anarchie ».
Selon la KNCHR, quatre personnes ont été tuées à Mlolongo, dans la banlieue de Nairobi, et cinq dans différentes villes du Kenya, tandis que de nombreuses autres ainsi que des membres des forces de l’ordre ont été blessés.
Dans un communiqué, la KNCHR « condamne fermement la force excessive exercée par la police lors de l’arrestation de manifestants. Si le maintien de la loi et l’ordre est crucial, il ne doit jamais se faire au détriment des droits de l’homme et des droits fondamentaux et libertés des individus ».
De son côté, l’Autorité indépendante chargée de la surveillance de la police (IPOA), a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête sur « les décès signalés résultant de blessures par balle » ainsi que sur d’autres incidents qui ont fait des victimes ou des dégâts matériels.
Selon la police, une des victimes est un homme qui a été tué dans des affrontements entre groupes rivaux à Sondu, à la frontière de Kericho et de Kisumu, ce dernier étant un bastion d’Odinga.
« 312 personnes qui ont directement ou indirectement planifié, orchestré ou financé les manifestations violentes et les actes d’anarchie (de mercredi), dont un député, ont été arrêtées et seront poursuivies pour diverses infractions pénales », a déclaré de son côté le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki, vilipendant le « hooliganisme » et « l’anarchie ».
« La recherche d’autres responsables (de ces violences) est en cours », a-t-il ajouté.
Fin de « l’impunité »
A l’origine de la mobilisation anti-gouvernementale, le vétéran de l’opposition kényane, Raila Odinga, plusieurs fois candidat malheureux à l’élection présidentielle, a accusé mercredi la police d’avoir « tiré, blessé et tué des manifestants », notamment à Nairobi.
Mercredi, le ministre de l’Intérieur avait fustigé « la violence généralisée » et « les pillages », tout assurant que « cette culture de l’impunité » allait « prendre fin ».
Ces incidents ont eu lieu quelques jours après d’autres manifestations meurtrières contre le gouvernement du président William Ruto dans plusieurs villes du pays.
Au moins six personnes ont été tuées vendredi dernier au cours de ces rassemblements, selon le ministère de l’Intérieur. Des ONG ont alors dénoncé une violente répression policière.
Début juillet, le président Ruto a promulgué une loi de finances qui instaure une série de nouvelles taxes, malgré les critiques de l’opposition et de la population de ce pays touché par une forte inflation.
Azimio entend organiser des manifestations chaque semaine contre la politique du gouvernement.
M. Odinga a été défait par William Ruto à la présidentielle d’août 2022, mais en conteste toujours les résultats, estimant que la victoire lui a été « volée ».
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