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Madagascar vote sous tension, l’opposition appelle au boycott

Madagascar vote sous tension, l’opposition appelle au boycott

Le président sortant Andry Rajoelina a appelé les Malgaches à voter en force jeudi au premier tour de la présidentielle, dénonçant les appels au boycott du scrutin par une grande majorité de l’opposition.

Confiant sur ses chances de l’emporter sans attendre le second tour prévu en décembre, M. Rajoelina, 49 ans, est officiellement opposé à douze autres candidats mais dix d’entre eux n’ont pas fait campagne et ont appelé les électeurs à bouder ce rendez-vous.

La participation ou non des électeurs favorables à l’opposition, parmi les plus de onze millions d’inscrits, sera déterminante jeudi.

Mais quel que soit le résultat, qui ne devrait pas être connu avant au moins une semaine, la crise politique risque de durer dans l’île de l’océan Indien.

« La seule voie démocratique (…) ce sont les élections », a déclaré Andry Rajoelina à la presse après avoir déposé son bulletin à Antananarivo.

Il s’est félicité de « voir que la population vote en masse » et a dénoncé « les gens qui essaient de semer des troubles et empêcher les élections », faisant référence aux incidents dans des bureaux de vote qui ont provoqué l’imposition d’un couvre-feu dans la capitale la nuit précédant le scrutin.

Les électeurs se sont présentés en petits groupes, sans se presser, toute la matinée dans la capitale. A la sortie d’isoloirs rudimentaires, ils repartent le pouce enduit d’encre indélébile vert-doré.

« On ne veut plus de manifestation, on ne veut plus de problème dans le pays. On veut choisir par nous-mêmes, en votant », explique à l’AFP Alain Randriamandimby, 43 ans, imprimeur de T-shirts.

« Je suis inquiet parce qu’il y a des sortes de factions qui veulent seulement que le pays soit en désordre (…) Il faut aller de l’avant, tourner la page. Pendant 60 ans, c’était déjà le cas, et je pense qu’il faut arrêter maintenant », témoigne Francky Randriananantoandro, étudiant en informatique.

« Je vote mais on sait bien que c’est pas normal. Il n’y a que quelques candidats qui ont fait campagne », rappelle Eugène Rakatomalala, 43 ans, petit chapeau en paille et barbichette taillée en pointe.

Manger
Les bureaux de vote doivent rester ouverts jusqu’à 17 heures (14H00 GMT) dans ce pays qui reste l’un des plus pauvres de la planète en dépit d’importantes ressources naturelles.

Elu depuis 2018, Andry Rajoelina avait déjà accédé une première fois au pouvoir en 2009 à la faveur d’une mutinerie chassant l’ex-président Marc Ravalomanana.

Dix opposants et candidats, ralliés dans un collectif comptant deux ex-présidents et d’anciens ministres, ont dénoncé des manœuvres du pouvoir pour reconduire M. Rajoelina et ont réclamé une suspension du processus électoral.

Depuis début octobre, ils ont multiplié les appels à manifester dans la capitale, ne réunissant chaque fois que quelques centaines de partisans.

Le collectif a promis de poursuivre la contestation ces jours-ci mais aucun mot d’ordre n’a été donné pour jeudi.

Andry Rajoelina a sillonné le pays en hélicoptère ou avion privé, déployant d’importants moyens pour sa campagne.

« C’est irresponsable d’inciter les électeurs à ne pas aller voter », avait fustigé sa porte-parole de campagne, Lalatiana Rakotondrazafy, accusant l’opposition de vouloir « saboter » le scrutin par « une tentative de prise en otage de toute la nation ».

La crise politique dans le pays a été déclenchée en juin par la révélation dans la presse de la naturalisation française, en toute discrétion, d’Andry Rajoelina en 2014. Selon l’opposition, il a dès lors perdu sa nationalité malgache et ne peut pas se présenter au scrutin. Mais la justice a refusé d’invalider sa candidature.

Josiane Rasomalala, 41 ans, vient voter en marinière trouée et tongs. « Le matin, je ne mange pas, seulement un peu le midi et le soir, sinon je ne m’en sors pas. Je vote parce qu’il nous faut une vie meilleure », confie-t-elle à l’AFP.

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