InternationalLiban

Les tentatives de migration illégales par la mer en augmentation avec l’été au Liban

Le nombre de migrants qui tentent de quitter le Liban par voie informelle, au péril de leur vie, afin de rejoindre l’Europe, est en augmentation cet été, après une baisse des tentatives au début de l’année, affirme la porte-parole au Liban du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), Lisa Abou Khaled, à L’Orient Today.

Les voyages en bateau se poursuivent en effet, malgré une série de naufrages meurtriers au large des côtes libanaises et syriennes en 2022, au cours desquels des dizaines de personnes ont trouvé la mort sur ce que l’agence des Nations unies pour les migrations appelle la « route migratoire la plus dangereuse au monde ».

Un des facteurs à l’origine de cette volonté de quitter le Liban, est, selon Mme Abou Khaled, la crise économique paralysante au Liban, qui a commencé en 2019. « La crise économique au Liban a entraîné une forte détérioration de la situation des Libanais et des réfugiés, augmentant les besoins humanitaires et les mécanismes d’adaptation négatifs », explique-t-elle.

La moitié de la population libanaise vit aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté et 90 % des familles de réfugiés syriens ont besoin d’une aide humanitaire pour survivre ». « Si le nombre de signalements (de départs et de tentatives de départ, ndlr) était faible au début de l’année, ils ont depuis repris avec le début de la saison chaude – avec quatre signalements de départs de bateaux pour le seul mois de mai », ajoute-t-elle.

Pour mémoire
« Nous attendons tous les jours notre fils depuis notre balcon »… Au Liban, le calvaire des « boat people » disparus
Depuis le début du mois de juillet, l’armée et les Forces de sécurité intérieure (FSI) libanaises ont déjoué au moins quatre tentatives de migration irrégulière par voie maritime. La dernière en date a eu lieu jeudi dernier, lorsque l’armée et les FSI ont empêché un bateau de migrants clandestins de prendre la mer au large de la côte de Abdé, au Akkar.

Le 8 juillet, ils avaient déclaré avoir arrêté dans le nord du Liban plus de 200 Syriens et plusieurs Libanais, qui s’apprêtaient à embarquer sur des bateaux de migration irrégulière vers l’Italie, tandis que l’armée avait annoncé avoir arrêté cinq passeurs et 49 Syriens à Deir Ammar, qui étaient également en route pour migrer vers l’Europe par la mer.

Les FSI avaient ajouté qu’elles avaient également arrêté ce jour-là neuf passeurs présumés qui avaient tenté de transporter des centaines de personnes au large de la côte de Selaata, à Batroun. Chaque passager potentiel devait payer entre 6.000 et 7.000 dollars pour tenter la traversée vers l’Italie.

Un porte-parole des FSI avait alors déclaré à L’Orient Today que les tentatives de migration maritime au départ des côtes libanaises sont « généralement attendues à la hausse pendant la période estivale ».

Majoritairement des migrants syriens
Toutefois, « dans l’ensemble, en 2023, le nombre de bateaux et de passagers tentant de quitter le Liban est en baisse par rapport à l’année dernière », selon la porte-parole du HCR. « Entre janvier et juillet 2022, on a recensé 14 bateaux avec 1.082 passagers à bord, comparé à la même période cette année où il y a eu 10 bateaux, avec 535 passagers. Les profils restent les mêmes – l’écrasante majorité des passagers sont Syriens », selon Mme Abou Khaled.

Sur la totalité de l’année 2022, de janvier à décembre, le HCR a indiqué avoir reçu des rapports concernant 51 bateaux impliqués dans un transit irrégulier depuis le Liban, avec 4.334 passagers à bord. Sur la même année, la répartition des nationalités des passagers était diversifiée, mais les Syriens étaient les candidats les plus nombreux à l’émigration, selon le HCR, qui a recensé 66 % de passagers syriens, 24 % de Libanais et 10 % de Palestiniens.

Selon des chiffres récents publiés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations unies, l’année dernière, 3.800 personnes sont mortes sur les routes migratoires à l’intérieur et en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, soit le nombre le plus élevé depuis 2017. L’OIM a noté, dans une déclaration conjointe avec le HCR, que les tentatives de migration irrégulière au départ du Liban représentaient près de la moitié des 378 décès sur la route de la Méditerranée orientale en 2022.

Dans un rapport de l’OIM, Federico Soda, directeur du département des urgences de l’organisation, déclare qu »’année après année, la Méditerranée reste la route migratoire la plus dangereuse au monde, avec le taux de mortalité le plus élevé ». Il souligne également la nécessité pour les États de s’unir et de combler les lacunes en matière de recherche et de sauvetage proactifs, de débarquement rapide et d’établissement de voies régulières sûres ».

Avec OLJ par Sally Abou AlJoud

Articles Similaires

1 sur 302

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *