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Le personnel de l’hôpital de Nivelles (Belgique) se mobilise pour Abdoulaye Dieme, désormais sans papiers

« Le secteur hospitalier manque de bras, et quand on en a, on nous les enlève » ! Ce coup de gueule formulé ce jeudi matin par le secrétaire permanent CSC Christian Guldentops résume parfaitement l’état d’esprit des membres du personnel de l’hôpital de Nivelles.

Leur collègue Abdoulaye Dieme en CDI depuis trois ans au service de l’entretien ménager de l’hôpital ne va pas pouvoir continuer à y travailler.

Ce Sénégalais, arrivé sur le territoire en 2018, a essuyé deux refus dans le cadre de sa procédure d’asile, alors qu’il se dit victime de persécutions dans son pays d’origine, en raison de son orientation sexuelle.

Le CGRA qui n’a visiblement pas jugé le témoignage crédible [le CGRA ne commente pas dans la presse les dossiers individuels], lui a d’abord signifié un premier refus. Ensuite, le 17 janvier, il était définitivement débouté de son droit d’asile par l’instance de recours, le conseil du contentieux des étrangers (CCE).

Le recours étant épuisé, « Sa carte orange, donc son accès au marché du travail, est pour l’instant supprimée », décode Christian Guldentops. « Avec son avocate, nous allons maintenant tenter tous les moyens nécessaires pour dégager une solution favorable pour Dieme ».

Voilà donc Abdoulaye Dieme sans papier. Mais il compte bien, avec l’aide de son avocate, tenter une régularisation de son séjour sur base du travail. C’est précisément pour essayer de collecter un maximum de témoignages sur son intégration professionnelle et sociale apparemment réussie que les collègues, représentants syndicaux en tête, ont organisé une mobilisation ce jeudi matin à l’entrée de l’hôpital.

Des feuilles et des bics à la main, la secrétaire permanente CSC Evelyne Magerat explique la démarche : « Concrètement, on demande aux collègues qui connaissent Dieme et qui sont contents de lui, de donner des témoignages écrits à remettre à son avocat pour appuyer son dossier de régularisation. On a aussi lancé une pétition : en 12 heures, on a déjà collecté près de 600 signatures en ligne. On a enfin contacté le bourgmestre et la direction qui est tout à fait avec nous ».

Les accolades, embrassades et autres mots chaleureux échangés ce matin entre Abdoulaye Dieme et les autres membres du personnel de l’hôpital ne laissent pas vraiment de doutes sur sa bonne intégration au sein de l’équipe. Un infirmier du service chirurgie témoigne : « C’est un monsieur super, toujours souriant, toujours gentil. Il est compétent dans son travail, on l’apprécie beaucoup à l’étage. Merci à lui ».

Christian Guldentops rappelle que depuis son arrivée en Belgique, il a suivi avec succès des formations et cours de langue, que s’il a reçu un contrat de travail à durée indéterminée, après à peine deux semaines de stages, c’est parce qu’il était identifié par la direction comme un élément par très valable.

La direction appuie d’ailleurs la démarche du personnel et des représentants syndicaux. Elle a, elle aussi, rédigé un témoignage de soutien à Abdoulaye Dieme dans lequel elle souligne son professionnalisme et elle décrit aussi la difficulté à recruter dans le service, en raison à la fois des contraintes d’horaires et du salaire moins attractif que dans d’autres secteurs.

Présent ce matin, à l’hôpital, Abdoulaye Dieme s’est montré très ému par la mobilisation : « Ils m’ont toujours accueilli. Ça me va droit au cœur. Moi je ne peux pas les remercier. Je suis tellement ému de voir là, tout le monde. C’est trop humain ».

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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