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L’artiste sénégalais Serigne Ibrahima Dieye expose nos monstres contemporains dans un lieu insolite à Cannes

L’artiste sénégalais Serigne Ibrahima Dieye propose « Diffraction humaine » au Suquet des artistes. Des toiles – et une installation – à ne pas manquer. Un vrai coup de cœur.

Qui sont ces personnages imaginaires qui peuplent les toiles de Serigne Ibrahima Dieye au Suquet des artistes? Pas des humains, c’est sûr: ici un bec a remplacé une bouche et là des griffes prolongent des bras, des plumes habillent un corps.

Des créatures mythologiques? On aime bien l’idée. L’artiste ne dit pas non… L’adjectif commence à circuler parmi le public venu assister hier au vernissage de l’exposition du talentueux Sénégalais: « Diffraction humaine… »

Jean-Michel Arnaud, adjoint à la culture, évoque la « tératologie » (science qui étudie les malformations des corps) de Serigne. Plus tard, l’artiste insistera sur le fait que « chacun interprète à sa façon les œuvres présentées… »

Diffraction? « Interférence » signale le dictionnaire.

Oui c’est cela qui est proposé au Suquet des artistes: une interférence dans nos consciences. Car ces êtres qui nous interpellent et nous inspirent, « ce sont des monstres » élucide l’artiste. L’homme est violent. Et l’œuvre de Serigne Ibrahima Dieye est venue nous rappeler cette violence, nous rouvrir les yeux. Nous montrer les monstres de notre époque.

Qui ressurgissent chaque fois qu’une crise survient. « La plupart des œuvres parlent des fake news (…) Nous sommes trop consommateurs, nous devons creuser davantage… » dit-il en prenant la pose près de Corruption, que vous voyez ici sur le cliché.

Puis Serigne nous entraîne vers une autre toile – toutes sont un alliage de peinture, collage, stylo-bille – « Convivialité religieuse », réalisée sur la thématique des Chrétiens et Musulmans et leurs conflits souvent exposés, « Au Sénégal, ils vivent très bien ensemble » et c’est là ce qu’il a voulu représenter.

Ils vivent ensemble et reposent ensemble aussi, si l’on s’arrête devant l’installation de Serigne, « J’ai su qu’il y avait une morgue ici, j’ai fait aussi cette installation qui parle de la convivialité… ». Les tombes rappellent que dans la mort, les hommes seront unis au-delà de leurs croyances respectives. L’artiste touche les cœurs en proposant au visiteur de prendre un morceau de charbon pour inscrire le nom d’un proche disparu sur le mur.

Chrystèle BURLOT avec Nice Matin

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