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La Chine connaît sa plus forte chute des prix depuis 14 ans

Les prix en Chine ont encore baissé en janvier, à leur rythme le plus rapide depuis 14 ans, selon des données publiées jeudi, le gouvernement tentant de relancer la consommation des ménages.

Cette déflation dans le pays asiatique est à rebours de la situation dans les principales économies, notamment occidentales, qui sont en proie à l’inflation et à une baisse du pouvoir d’achat d’une partie de leurs habitants.

L’indice des prix à la consommation (CPI) en Chine, principale jauge de l’inflation, a baissé en janvier de 0,8% sur un an, contre -0,3% le mois précédent, a indiqué le Bureau national des statistiques (BNS).

Il s’agit de la chute la plus prononcée depuis le second semestre 2009, en pleine crise financière mondiale.

Des analystes sondés par l’agence Bloomberg anticipaient pour janvier un repli des prix, mais moins prononcé (-0,5%).

Selon le BNS, cette chute s’explique en partie par la « base de comparaison élevée » de l’an passé.

La Fête du Nouvel an lunaire, principale réunion familiale de l’année et période de grande consommation, était tombée en janvier. Cette année, elle a lieu en février, ce qui fausse la comparaison.

La Chine avait basculé en déflation en juillet 2023, pour la première fois depuis 2021. Après un bref rebond en août, les prix sont constamment en repli depuis septembre.

Spirale néfaste
« Le principal frein à l’inflation reste les prix des denrées alimentaires, qui ont baissé (en janvier) de 5,9% en glissement annuel, soit le niveau le plus bas jamais enregistré », souligne Lynn Song, économiste spécialiste de la Chine à la banque ING.

« Ces chiffres ne signifient pas que la Chine est coincée dans une spirale déflationniste », nuance-t-il toutefois, soulignant que l’indice des prix à la consommation en janvier a augmenté en glissement mensuel (+0,3%), comparé à décembre.

Si un recul des prix peut sembler une bonne chose pour le pouvoir d’achat, la déflation est une menace pour l’économie car les consommateurs ont tendance à différer leurs achats dans l’espoir de nouvelles baisses.

Faute de demande, les entreprises sont alors contraintes de réduire leur production et consentent à de nouvelles ristournes pour écouler leurs stocks.

Cette situation, qui pèse sur leur rentabilité, les pousse à geler les embauches ou à licencier.

Les économistes parlent d’une spirale néfaste car ce phénomène est un frein supplémentaire à la consommation.

Sur l’ensemble de 2023, l’inflation en Chine a progressé en moyenne de 0,2%, bien loin des rythmes enregistrés dans les principales économies – comme en France où elle a atteint 4,9%.

Et le géant asiatique a enregistré l’an passé l’une de ses croissances du PIB les plus faibles en trois décennies (+5,2%).

« Mesures rapides »
De son côté, l’indice des prix à la production (PPI) s’est de nouveau contracté en janvier (-2,5%) pour le 16e mois consécutif, a annoncé jeudi le BNS.

Cet indice, qui mesure le coût des marchandises sorties d’usines et donne un aperçu de la santé de l’économie, était déjà en repli de 2,7% en décembre.

Sur l’ensemble de 2023 il avait reculé de 3%.

Des prix à la production dans le rouge sont synonymes de marges réduites pour les entreprises.

Outre une consommation atone, l’activité est pénalisée en Chine par une crise dans l’immobilier, un chômage élevé chez les jeunes et le ralentissement économique mondial qui pèse sur la demande en biens chinois et donc l’activité des usines.

« La Chine est confrontée à une pression déflationniste persistante » et « doit prendre des mesures rapides et énergiques pour éviter le risque d’une attitude attentiste » chez les consommateurs, plaide l’économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.

La Chine a plusieurs fois annoncé des mesures pour sauver son secteur immobilier mais les résultats n’ont eu pour le moment que peu d’effets.

De leur côté, les Bourses chinoises ont été parmi les moins performantes au niveau mondial ces derniers mois.

Dans ce contexte, la Chine a démis de son fonctions mercredi Yi Huiman, le patron de l’instance de régulation des marchés (CSRC). 

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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