Chronique

Et nous donc ?

Une gageure, voire la croix ou la bannière, que d’organiser un scrutin présidentiel dans le pays laïc spécial qu’est le Sénégal ! La quadrature du cercle aussi.

Dans ce pays à nul autre pareil et où l’on ne fait jamais les choses comme les autres, l’agenda républicain doit donc se soumettre non seulement à celui de la religion musulmane mais aussi à ceux, nombreux, des confréries et familles islamiques.

Ainsi, pour fixer la date de la présidentielle, il a fallu veiller à éviter que la campagne électorale se déroule pendant le Ramadan, tenir compte de la Korité, de la Tabaski, du Maouloud, des innombrables gamous et magals des familles religieuses.

Et aussi se soucier de ne surtout pas empiéter sur l’hivernage saison durant laquelle les paysans sont aux champs tandis que les écoles, qui abritent l’essentiel des centres et bureaux de vote, sont squattées par les victimes des inondations.

Dans ce drôle de pays laïc, l’Etat est l’un de principaux constructeurs de mosquées et l’un des programmes phares du président de la République, c’est justement celui dit de modernisation des cités religieuses. Ce alors pourtant que l’un des principes fondateurs de la laïcité c’est que l’Etat ne construit ni ne salarie aucun culte !

Autre principe républicain violé par notre Etat laïc : l’égalité de droits des citoyens que tout Etat se droit de respecter.

Or notre Etat, en prenant un soin particulier à éviter de froisser certaines confréries dans la date de la présidentielle, ne fait pas preuve de la même sollicitude à l’endroit des adeptes de la principale religion que nous sommes, nous autres animistes.

Oui, nous chez qui tous les jours sont sacrés, toutes les périodes de l’année étant consacrées à adorer nos khambs, nos pangols, nos bois sacrés et autres divinités de la nature.

Il serait donc temps que cet Etat qui s’aplatit devant les chefs de confréries au point de faire passer leurs événements religieux au détriment de ceux du calendrier républicain, apprenne à nous respecter nous aussi, les animistes. Sinon, gare à nos votes-sanctions ou à nos khondioms !

KACCOOR BI – LE TEMOIN

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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