Une popularité « élevée », tout en restant « sujet de crispation »: Emmanuel Macron aura vu son quinquennat marqué par deux crises importantes avant l’invasion russe de l’Ukraine, les « Gilets jaunes » et le Covid, dont il est à chaque fois « sorti gagnant » dans les enquêtes d’opinion, analysent auprès de l’AFP des sondeurs.
Popularité « élevée »
Avec une moyenne d’environ 40% d’opinion favorable, Emmanuel Macron reste majoritairement impopulaire.
« Mais c’est un niveau élevé, malgré le Covid, tout à fait enviable par rapport à ses précédesseurs », estime pour l’AFP le sondeur Jérôme Sainte-Marie (PollingVox).
Dans les semaines précédant la fin de leur mandat, François Hollande et Nicolas Sarkozy bénéficiaient respectivement de moins de 20% de bonne opinion pour le premier, et autour de 35% pour le second, selon les instituts de sondage.
Pour Frédéric Dabi (Ifop), « il a une popularité atypique », « gelée » autour de 40% de bonne opinion et « deconnectée des événements », quand MM. Hollande et Sarkozy « payaient cash une phrase maladroite ou une décision impopulaire ».
Socle électoral stable…
Depuis 2017, « ce qui est frappant, c’est la relative permanence du bloc élitaire autour de lui », juge Jérôme Sainte-Marie, avec « une forte stabilité chez les cadres », malgré un « petit affaiblissement » chez les retraités.
Au total, « trois-quarts de son électorat de 2017 » le soutient toujours, précise Frédéric Dabi à l’AFP.
« Il a aussi retrouvé des couleurs chez les plus jeunes », « autour de 50% » de bonne opinion, ajoute Adélaïde Zulfikarpasic (BVA Opinion).
Selon elle, « il reste pour les Français un président dynamique, jeune, réformateur, et il bénéficie de l’absence d’alternative » face à lui. « Personne ne ferait mieux que lui revient souvent dans la bouche des sondés », appuie M. Dabi.
En 1988, François Mitterrand adresse directement sa Lettre aux Français, 18.000 mots, 47 pages, 7 chapitres, 57 thèmes évoqués 👉 « Mes chers compatriotes, Vous le comprendrez. Je souhaite, par cette lettre, vous parlez de la France… »
@ParisMatch pic.twitter.com/NPVGD2oD1N— Bruno Jeudy (@JeudyBruno) March 3, 2022
…et un peu plus
« Fait marquant: Emmanuel Macron obtient des scores non négligeables » au sein de l’électorat de gauche et aussi, dans une moindre mesure, à droite, explique Jérôme Sainte-Marie.
Lundi, une enquête Odoxa pour LCP et Public Sénat indiquait que 48% des sympathisants PS, 49% chez EELV, 39% chez LR et même 25% chez LFI pensait que le chef de l’Etat sortant était un « bon président ».
« Son image de totale déconnexion par rapport au réel, d’un président qui voulait à tout prix réformer, a laissé place à une image de quelqu’un plus attentif, qui a arrêté de +forcer la France+ », juge-t-il.
Gilets jaunes et Covid: deux crises clés
En cinq ans à l’Elysée, Emmanuel Macron aura fait face à deux crises majeures, les « Gilets jaunes » fin 2018-début 2019, puis le Covid à partir de mars 2020.
« Il a eu un très court état de grâce, jusqu’à l’affaire Benalla à l’été 2018, puis sa côte de popularité s’est lentement érodée jusqu’aux Gilets jaunes, atteignant son niveau le plus bas (26 % d’opinion favorable chez BVA) », raconte Adélaïde Zulfikarpasic à l’AFP.
« Il a ensuite commencé à rebondir après le grand débat national au printemps 2019 », ajoute-t-elle. « Et il a connu un important bon de popularité (+7 points) après sa première grosse allocution sur le Covid en mars 2020. Depuis, les Français font bloc derrière leur président », interprète-t-elle.
Selon la directrice de BVA Opinion, « la gestion de la crise est aussi globalement saluée par les Français », notamment avec « le quoiqu’il en coûte qui a « un peu gommé son image de président des riches ».
« Il est à chaque fois sorti gagnant des crises », résume Frédéric Dabi.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, il a même pris 2 ou 3 points dans les intentions de vote, selon plusieurs instituts.
« Sujet de crispation »
Pourtant, Emmanuel Macron « reste toujours perçu par les classes populaires et les ouvriers et employés comme le président de la France qui va bien », pour Jérôme Sainte-Marie.
« Il reste sujet de crispation, notamment autour de la valeur travail », analyse Adélaïde Zulfikarpasic. « Le tout sauf Macron est toutefois peu audible » dans les enquêtes, nuance Frédéric Dabi.
Et d’enchaîner: « Mais bonne côte de popularité ne veut pas dire réélection assurée ».