Algérie

Abdelmadjid Tebboune accuse Gérald Darmanin de «gros mensonge» quant au nombre d’immigrés clandestins algériens à refouler

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accusé Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur de «gros mensonge » quant au nombre d’immigrés clandestins algériens à refouler depuis la France.

« Moussa Darmanin a bâti un gros mensonge », a accusé le président algérien Abdelmadjid Tebboune à l’adresse du ministre de l’Intérieur français dont Moussa est le deuxième prénom donné en hommage à son grand-père, un tirailleur algérien de la deuxième guerre mondiale.

En cause, la décision que la France a annoncé le 28 septembre de réduire de moitié des visas pour l’Algérie et le Maroc et d’un tiers pour la Tunisie, invoquant comme raison le « refus » de ces pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.

Immédiatement, Alger avait réagi en convoquant l’ambassadeur français François Gouyette pour lui notifier une « protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation ».

« Il n’y a jamais eu 7 000 Algériens à expulser »
Selon le président algérien Abdelmadjid Tebboune, Gérald Darmanin annonce des chiffres faux. « Il n’y a jamais eu 7 000 Algériens à expulser. La France a évoqué avec nous plus de 94 Algériens. Jamais il n’y en a eu 7 000 », a-t-il déclaré dans un entretien avec plusieurs médias algériens.

« La liste qui nous est parvenue en 2020 et les trois listes en 2021 comptaient 94 cas parmi lesquels 21 ont été acceptés et 16 autres rejetés », a-t-il assuré. Tebboune. Pour les demandes rejetées, il précise : « Ils ne vont pas rentrer en Algérie car ils sont liés au terrorisme. Ils sont venus de Syrie (…) Il y a des binationaux qui n’ont pas de famille ici. »

Il a en outre souligné que la France ne devrait pas traiter l’Algérie comme la Tunisie et le Maroc dans sa décision. « La réduction des visas est une question qui relève de la souveraineté de tous les États, y compris pour l’Algérie, à condition qu’elle respecte les accords d’Evian et les accords de 1968 qui dictent certaines mesures », a-t-il ajouté.

Selon lui, en vertu de ces accords, les Algériens bénéficient d’un régime spécifique qui facilite leur entrée en France, leur octroie une liberté d’établissement comme commerçant ou indépendant et un accès plus rapide à des titres de séjours valables 10 ans.

Et pour le président algérien cette décision de la France est dictée par d’autres raisons : « Ces choses-là ne se règlent pas par le biais de la presse », « Je ne vais pas pérorer dans un journal pour le populisme et la campagne électorale. »

Montée en tension
Au-delà de cette affaire, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a exigé de Paris « un respect total de l’État algérien » en soulignant à l’adresse de son homologue français Emmanuel Macron que « l’histoire ne peut pas être falsifiée. » Emmanuel Macron a déclenché la colère d’Alger après des propos dans le Monde accusant le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » en servant à son peuple une « histoire officielle » qui « ne s’appuie pas sur des vérités. »

Cette fois-ci, Alger a décidé le rappel « immédiat » de son ambassadeur à Paris, Mohamed Antar-Daoud, et, comme autre mesure de rétorsions, a interdit, dans la foulée, le survol de son territoire aux avions militaires français de l’opération antidjihadiste Barkhane au Sahel. Interrogé pour savoir si la fermeture de l’espace aérien aux appareils militaires est « définitive », Abdelmadjid Tebboune a expliqué que « dans les relations diplomatiques, il n’y a rien d’irréversible ». Mais « actuellement nous sommes agressés dans notre chair, notre histoire, dans nos martyrs, nous nous défendons comme nous pouvons », a-t-il expliqué.

Autant dire que les tensions sont loin de vouloir s’apaiser d’autant que d’après Le Monde, le président français a également affirmé que « la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question ». Un passage qui n’est pas passé et qui a le plus heurté l’opinion publique algérienne.

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