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46 journalistes tués en 2021, 488 détenus particulièrement en Chine, un record

Jamais le nombre de reporters détenus pour avoir voulu informer n’a été aussi important, particulièrement en Chine, selon le bilan annuel de Reporters sans frontières.

46 journalistes ont été tués dans le monde, le nombre le plus bas depuis 20 ans, et un nombre record de 488 journalistes sont emprisonnés, déplore Reporters sans frontières (RSF) dans son bilan annuel.

« Jamais depuis la création du bilan annuel de RSF en 1995 le nombre de journalistes emprisonnés n’avait été aussi élevé », constate l’ONG de défense de la liberté de la presse, dans un communiqué publié jeudi.

Cette hausse exceptionnelle, de l’ordre de 20 % en un an, « est principalement le fait de trois pays », à savoir la Birmanie, la Biélorussie et la Chine.

La loi de sécurité nationale imposée en 2020 à Hongkong a provoqué une augmentation en flèche des détentions de journalistes dans la presqu’île, pointe RSF, et dans la région du Xinjiang, 70 journalistes ouïghours sont emprisonnés, alors que le traitement de cette minorité musulmane de la part de Pékin est dénoncé par de nombreux pays et ONG.

Il y a quelques jours, RSF a publié une enquête sur « le grand bond en arrière du journalisme » en Chine, un rapport qui révèle l’ampleur de la campagne de répression menée par le régime de Pékin contre le droit à l’information. Dès lors, la Chine détient le record de journalistes détenus au 1er décembre : 127. Suivent la Birmanie (53), le Vietnam (43), la Biélorussie (32) et l’Arabie saoudite (31).

« 65 % des tués sont sciemment ciblés et éliminés »
Parmi les 488 journalistes détenus, 60 sont des femmes, un tiers de plus que l’année dernière. La Biélorussie est le pays qui a mis sous les verrous plus de femmes journalistes (17) que de confrères masculins (15).

Le régime porté par l’autocrate Alexandre Loukachenko a notamment provoqué un tollé international fin mai en déroutant un avion de ligne pour intercepter Roman Protassevitch, journaliste d’opposition en exil.

Seule bonne nouvelle : le nombre de journalistes et de professionnels des médias tués a atteint son niveau le plus bas en 20 ans. « Cette tendance à la baisse, qui s’est accentuée depuis 2016, s’explique notamment par l’évolution des conflits régionaux (Syrie, Irak et Yémen) et la stabilisation des fronts après les années 2012 et 2016, particulièrement meurtrières », analyse l’organisme.

Pour le secrétaire général de l’association Christophe Deloire, le Covid a aussi limité « les sorties des journalistes et donc les moments où ils sont en risques ». D’autre part, « peut-être une forme d’autocensure » a conduit les journalistes à « moins aller sur des territoires dangereux ».

Néanmoins, « 65 % des tués sont sciemment ciblés et éliminés », dénonce RSF, particulièrement au Mexique et en Afghanistan, ainsi qu’au Yémen et en Inde. Quatre femmes journalistes ont été tuées en 2021 contre 2 l’an passé : trois collaboratrices de médias afghans dans deux attaques revendiquées par le groupe État islamique (EI) et une journaliste yéménite, morte dans l’explosion de sa voiture piégée.

Mais « trois journalistes tués sur cinq l’ont été dans des pays qui ne sont officiellement pas en guerre », comme l’assassinat en Grèce au printemps d’un reporter qui enquêtait sur la corruption au sein de la police ou d’un journaliste néerlandais cet été.

RSF comptabilise également au moins 65 journalistes et collaborateurs de médias retenus en otage dans le monde, soit deux de plus que l’an passé. « Tous sont otages dans trois pays du Moyen-Orient : Syrie (44 journalistes), Irak (11) et Yémen (9) », sauf le journaliste français Olivier Dubois, retenu depuis avril au Mali, détaille RSF.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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