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« Record » pour Vladimir Poutine qui promet une Russie intraitable

La Commission électorale a salué lundi la victoire « record » de Vladimir Poutine à la présidentielle russe, un résultat présenté comme la preuve d’une union nationale derrière son assaut contre l’Ukraine mais forgé dans la répression de l’opposition.

« C’est un indicateur record (…) Près de 76 millions » de voix, a proclamé la cheffe du gendarme électoral, Ella Pamfilova. Le président russe récolte ainsi 87,29% des voix, sur 99,76% des suffrages dépouillés.

Le maître du Kremlin, au pouvoir depuis près d’un quart de siècle, a vu son score bondir de 10 points par rapport à 2018. Les résultats officiels doivent être annoncés jeudi.

Le président russe a célébré dès dimanche soir sa victoire à l’issue d’une présidentielle à laquelle aucun réel rival n’a pu se présenter. Il a dressé le portrait d’une Russie « consolidée » par sa victoire et qui ne se laissera pas « intimider » par ses adversaires.

Dans les médias d’Etat et chez les officiels, les propos dithyrambiques se multipliaient pour proclamer « l’unité » des Russes, leur soutien « colossal » à leur leader ou encore leur « incroyable » consolidation autour du chef.

Un concert doit avoir lieu dans la soirée sur la place Rouge pour fêter le maintien au Kremlin de M. Poutine, une célébration qui coïncide avec le 10e anniversaire de l’annexion de la Crimée ukrainienne en 2014, point de départ de l’agression militaire de Moscou contre Kiev qui a culminé avec l’assaut du 24 février 2022.

S’adressant aux Russes en fin de soirée dimanche, M. Poutine s’est félicité de la « consolidation politique interne », deux ans après le début de son offensive contre l’Ukraine et de l’adoption de sanctions sans précédent par les Occidentaux.

Il a repris son leitmotiv d’une Russie résistant à l’ennemi occidental.

« Peu importe qui veut nous écraser (…) Cela n’a pas fonctionné aujourd’hui et ne fonctionnera pas à l’avenir », a lancé le président, âgé de 71 ans.

Toute la semaine a été marquée cependant par des bombardements meurtriers et des incursions de combattants armés venus d’Ukraine pour tenter de perturber le scrutin et montrer à la Russie qu’elle n’est pas à l’abri sur son territoire.

« J’ai écrit Navalny »
Vladimir Poutine, qui pourra encore se présenter en 2030 et se maintenir jusqu’en 2036, a salué dans son discours ses soldats combattant en Ukraine, qui protègent « les territoires historiques de la Russie », confirmant encore une fois ses ambitions impérialistes, lui qui a déjà annexé cinq régions ukrainiennes.

Il a estimé que les forces russes, à l’offensive depuis la prise d’Avdiïvka mi-février face à une armée ukrainienne en manque d’hommes et de munitions, avaient « entièrement l’initiative » sur le front.

Ces avancées restent encore limitées, mais le président russe parie sur la poursuite de l’affaiblissement du soutien occidental à Kiev.

En Russie, plus personne ne peut en outre le contredire : les trois autres candidats sélectionnés étaient tous dans la ligne, qu’il s’agisse de l’Ukraine ou de la répression qui a culminé avec la mort de l’opposant Alexeï Navalny dans une prison de l’Arctique en février.

L’opposition a réussi néanmoins à se montrer lors de cette présidentielle. Ioulia Navalnaïa, qui a juré de reprendre le flambeau de son mari, avait appelé ses partisans à aller tous voter au même moment, à midi dimanche.

Elle-même a voté après plusieurs heures d’attente dans une foule imposante devant l’ambassade de Russie à Berlin.

« J’ai écrit (sur le bulletin de vote) le nom Navalny parce qu’il n’est pas possible (…) qu’un mois avant les élections, le principal opposant à Poutine, déjà emprisonné, soit tué », a-t-elle déclaré à la presse.

Score irréel
Devant de nombreuses autres ambassades russes, des foules sont allées voter à l’heure dite, des dizaines de milliers de Russes s’étant exilés depuis le début de l’assaut contre l’Ukraine à cause de la répression et de la peur d’être mobilisés dans l’armée.

Par endroits à Moscou comme à Saint-Pétersbourg, des queues importantes se sont formées à l’heure dite. Mais devant d’autres bureaux de vote, l’affluence ne semblait pas particulièrement élevée.

Dans le cimetière où Navalny est inhumé, des dizaines de personnes ont défilé, déposant des fleurs fraîches sur la sépulture ainsi que des bulletins de vote sur lesquels avait été ajouté le nom de Navalny.

Dimanche soir, Vladimir Poutine a lui balayé les actions jugée « sans effet » de l’opposition.

L’équipe d’Alexeï Navalny a, elle, déclaré que le score obtenu par M. Poutine n’avait « pas de lien avec la réalité ».

Et les chancelleries occidentales ont largement critiqué le scrutin, après des mois à dénoncer la répression sans merci des détracteurs du président russe.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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