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Les «convois de la liberté» manifestent partout dans le monde contre les mesures sanitaires ou la vaccination obligatoire

Quinze jours après le gigantesque rassemblement de chauffeurs routiers à Ottawa, et alors que les blocages se poursuivent au Canada, des manifestants opposés au passe sanitaire ou à la vaccination obligatoire ont défilé dans de nombreuses villes du monde.

Les manifestations contre les mesures sanitaires apparues au Canada, où les camionneurs paralysent encore la capitale, sont en train d’essaimer dans plusieurs pays, dont la France où des convois ont convergé vers Paris samedi sans réussir toutefois à imiter la manifestation d’Ottawa. Petit tour du monde de ces rassemblements hétéroclites et aux revendications disparates, mais dont le mot d’ordre commun est : «liberté !».

Au Canada, état d’urgence et frontière toujours bloquée
Initié fin janvier par les camionneurs canadiens qui dénonçaient l’obligation vaccinale pour traverser la frontière avec les États-Unis, le mouvement qui s’est baptisé «Convoi de la liberté» s’est rapidement transformé en protestation contre les mesures sanitaires dans leur ensemble au Canada et, pour certains manifestants, contre le gouvernement de Justin Trudeau.

Dans la capitale fédérale Ottawa, des centaines de camions bloquent les rues depuis deux semaines. Après Ottawa dimanche, l’état d’urgence a été décrété vendredi dans tout l’Ontario. Ces protestations se sont étendues à d’autres grandes villes canadiennes (Toronto, Winnipeg, Québec…) ainsi qu’à trois axes frontaliers avec les États-Unis, avec l’objectif de frapper l’économie.

Ils ont ainsi notamment bloqué le pont Ambassador, qui relie la ville canadienne de Windsor à Detroit aux États-Unis, crucial pour l’industrie automobile ainsi que pour les hôpitaux américains, où travaillent de nombreuses infirmières canadiennes. La Cour supérieure de l’Ontario a ordonné vendredi la levée de ce blocus. «Toutes les options sont sur la table» pour mettre fin aux convois, a déclaré vendredi M. Trudeau.

À Paris, le dispositif policier a tenu face aux tentatives de blocage
Des milliers de Français se sont mobilisés ce samedi 12 février à Paris, rejoignant en voiture depuis toute la France les habituelles manifestations anti-passe du week-end. Avec des revendications aussi diverses que la suppression du passe vaccinal, la détaxation du carburant ou l’amélioration du pouvoir d’achat.

Envisageant d’abord d’établir un blocus dans la capitale, les manifestants ont été interceptés au moment d’entrer dans Paris avec leurs véhicules, et ont pour beaucoup opté d’entrer à pied dans la ville. Alors que la place d’Italie était désignée comme point de ralliement par certains leaders du mouvement, c’est la place de l’Étoile qui l’a emporté. Seuls quelques véhicules ont rejoint les «gilets jaunes» réunis dans le 13e arrondissement. Et alors que le cortège devait se rendre place de la Nation, une partie des manifestants a finalement choisi de rejoindre ceux des Champs-Élysées.

Les forces de l’ordre ont procédé au total à Paris à 97 interpellations et 513 verbalisations, selon un bilan global communiqué dimanche par la préfecture de police de Paris. Dans un tweet, la préfecture de police a ajouté «maintenir son dispositif ce dimanche» pour empêcher les manifestants des convois anti-passe de bloquer la capitale.

En Nouvelle-Zélande, arrosage automatique et «Macarena»
En Nouvelle-Zélande le cyclone Dovi, qui a entraîné dimanche des coupures d’électricité, des glissements de terrain et des évacuations, n’a pas découragé les manifestants hostiles aux restrictions sanitaires qui campent depuis six jours devant le parlement. Des centaines d’entre eux ont dansé dans la boue, sur une musique qui était destinée à les disperser.

Le vice-Premier ministre Grant Robertson a reconnu à la télévision que chaque Néo-Zélandais avait le droit de manifester pacifiquement, mais il a estimé que ces manifestants «sont allés bien au-delà de ce droit». «Je trouve la rhétorique de cette manifestation très inquiétante… Il y a quelque chose de triste, il y a un élément de théorie du complot dans lequel les gens se sont laissés entraîner», a-t-il déploré.

Leur détermination semble avoir été renforcée après l’intervention jeudi de la police, qui a conduit à l’arrestation de 122 personnes. Depuis, les forces de l’ordre ont renoncé à procéder à des arrestations et les autorités ont tenté de les décourager en actionnant des arroseurs automatiques. Mais avant même l’arrivée du cyclone Dovi, les pelouses situées autour du Parlement s’étaient transformées en un vaste bourbier.

Le surintendant Scott Fraser a déclaré que la police continuait «d’explorer les options pour résoudre le problème», tandis que le président du Parlement Trevor Mallard a fait diffuser de la musique, notamment la «Macarena» ou des chansons de Barry Manilow, ainsi que des messages du gouvernement Covid-19 aux manifestants. Ces derniers ont riposté en diffusant leurs chansons favorites. Sur Twitter, le chanteur James Blunt a proposé ses services à la police : «Faites-moi signe si ça ne marche pas».

Aux Pays-Bas, un blocage important de La Haye
Des opposants aux restrictions sanitaires venus en convois de tous les Pays-Bas ont bloqué samedi pendant plusieurs heures le centre de La Haye. Les organisateurs exigeaient la levée de l’ensemble des restrictions sanitaires dans le pays.

Convois interdits en Autriche
En Autriche, la police a annoncé jeudi l’interdiction des «convois de la liberté», invoquant une nuisance «inacceptable», alors que plusieurs centaines de véhicules avaient prévu de converger vendredi vers le centre de Vienne ainsi qu’à proximité d’un grand parc public.

Mobilisation à venir à Bruxelles
Les autorités ont annoncé jeudi interdire l’accès à Bruxelles d’un convoi attendu lundi dans la capitale belge, selon un appel circulant sur les réseaux sociaux qui évoque une «convergence» depuis toute l’Europe.

Une partie des véhicules qui avaient fait halte samedi autour de Paris sont repartis dimanche matin en direction de Bruxelles : tôt dimanche matin, il y avait une centaine de camping-cars dans le bois de Boulogne, 220 véhicules en Seine-et-Marne et 120 dans le Val-d’Oise, selon une source policière.

Le mot d’ordre des organisateurs des convois est de prendre la route vers 10h pour rallier Bruxelles mais, selon une source policière, tous les participants ne devraient pas suivre ce mot d’ordre.

La Maison Blanche en alerte aux États-Unis
Les États-Unis ont demandé au Canada d’employer les «pouvoirs fédéraux» pour lever les blocages à la frontière des deux pays. La Maison Blanche dit avoir été avertie de l’organisation d’un «convoi de la liberté» à Washington début mars et assure «prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer que ce convoi ne perturbe pas le commerce ou les transports, et n’affecte pas le travail du gouvernement fédéral, des forces de l’ordre et des secours».

Les convois ont reçu le soutien de responsables conservateurs américains, du sénateur du Texas Ted Cruz, qualifiant les protestataires de «héros» et de «patriotes», à l’ex-président Donald Trump en passant par le milliardaire Elon Musk.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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