Politique

Elections législatives: La mouvance présidentielle remobilise, l’opposition menace…

A quatre mois de joutes électorales pour les législatives en juillet 2022, la bataille entre la mouvance présidentielle et l’opposition a débuté. Chacun y va avec sa stratégie pour remporter la bataille finale sous l’arbitrage du peuple, le seul habilité à trancher. Quelles sont les forces et les faiblesses des deux camps? 

Entre, d’une part, la dernière sortie fracassante d’Ousmane Sonko contre le fonctionnement de la justice et les menaces à l’endroit du président de la République, la conférence de presse de l’opposition et une partie de la société civile du lundi 14 mars 2022 qui envisagent de descendre dans la rue pour contester le système de parrainage que le chef de l’État veut imposer et, d’autre part, la remobilisation des troupes ainsi que les menaces de sanctions contre toute liste parallèle de la mouvance présidentielle, le moins qu’on puisse dire c’est que nous allons vers des élections législatives qui seront âprement disputées.

Ceci tient du fait qu’au regard des résultats sortis des urnes lors des dernières locales donnant vainqueur la grande coalition de Yaw dans les grandes villes, le camp présidentiel se sentant affaibli, redoute la possibilité d’une cohabitation à l’Assemblée nationale qui serait non seulement un avertissement pour la perte du pouvoir en 2024 mais également un cas de figure qui l’empêchera de gouverner comme il l’aurait souhaité d’ici la tenue de l’élection présidentielle.

C’est la raison pour laquelle, conscient des risques qu’il encourt si toutefois ce schéma inédit dans l’histoire politique du Sénégal se produirait, BBY est déjà sur le terrain pour faire taire les querelles internes et appeler à l’union autour d’un seul objectif qui reste la victoire au soir du 31 juillet 2022 afin de se donner une majorité confortable de sièges à l’hémicycle de la place Soweto.

Mais cette confrontation est aussi algébrique. En effet, si du côté de la mouvance présidentielle on se réclame vainqueur avec un score de plus de 50% à l’issue des dernières élections municipales, pour l’opposition sa victoire est sans conteste puisqu’elle ne lui donne que 40% selon les chiffres avancés lors de leur conférence de presse du lundi 14 mars 2022.

Les élections locales n’étant jamais comparables à celles des législatives, attendons de voir qui entre ces deux protagonistes, comme deux loups aiguisant leurs crocs et prêts à combattre, sortira vainqueur à l’issue de la prochaine bataille électorale qui, à coup sûr, sera déterminante pour le scrutin présidentiel prévu en 2024.

Forces et faiblesses… La mouvance sous la menace de frustrés et de votes sanctions…
Cela ne fait l’ombre d’aucun doute que BBY a raflé une bonne partie des départements aux dernières locales. Mais est-ce suffisant pour crier victoire ? Dans ces élections minées dans son camp par des votes sanctions, des listes parallèles et des guerres de positionnement, il était difficile d’évaluer exactement la force de la coalition présidentielle. C’est pourquoi, sachant que ces tiraillements pourraient jouer en sa défaveur, le président de la coalition Macky Sall s’est résolument engagé à descendre sur le terrain pour parler à ses militants et éviter toute division pouvant favoriser la victoire de l’opposition.

Si toutefois ces malentendus sont dépassés BBY pourra compter sur l’union sacrée de ses responsables et cadres politiques (détenteurs des moyens financiers) pour réaliser un bon score. Mais attention aux Sénégalais devenus éveillés sur l’achat de conscience.

Ainsi la grande interrogation est de savoir si ces injonctions seront suivies à la lettre. Le doute peut être permis quand on sait que tout ceci intervient dans un contexte de la formation prochaine d’un nouveau gouvernement dont la composition prendra, à coup sûr, en compte les résultats issus des urnes aux dernières locales et éventuellement aux prochaines législatives.

Analysé sous cet angle, le président de la République court le risque d’être rattrapé par l’annonce prématurée du retour du Premier ministre avant même la tenue des locales pour la bonne et simple raison que tous ceux dont le poste ministériel est menacé pourraient agir à l’encontre du «chef» pour ne pas mourir politiquement.

Aussi il y a l’énigme autour du troisième mandat qui fait douter plus d’un dans la famille politique marron beige. Ne sachant pas si l’actuel locataire du palais va annoncer sa candidature ou pas, d’aucuns préféreront, en toute responsabilité, faire leur propre chemin.

Et au cas où ils réussiront à gagner leur poste de député ils seront sauvés par leur légitimité populaire. A cela il faut ajouter l’exercice très compliqué et souvent source de polémique et de menace de vote sanction qu’est la confection des listes des députés. Ce sont là autant d’épines sous les pieds de Macky Sall qu’il faudra enlever pour éviter un desserrement des rangs dans la coalition présidentielle.

L’impérieuse question autour d’une liste unique de l’opposition…
Sa belle percée aux dernières locales est sans conteste, surtout avec le symbolisme que constitue la victoire dans des villes comme la capitale Dakar, Thiès, Guédiawaye et Ziguinchor. L’opposition portée par la grande coalition de YAW (Yewi Askan Wi) peut encore faire mal si elle parvient à maintenir sa nouvelle dynamique enclenchée pour contester le parrainage avec d’autres forces comme Geum Sa Bop et «Y’en a marre».

Cet élan, elle a intérêt à le maintenir et le transformer en «une grande coalition de l’opposition» en y associant d’autres formations politiques et de la société civile. Elle a surtout intérêt à enterrer la guerre de leadership pour éviter ces histoires de «tête de liste» de l’opposition de 2017 qui avait sauvé le régime d’une cohabitation à l’Assemblée nationale.

Aussi elle doit être plus présente sur le terrain pour conquérir des localités perdues et affaiblir la force de BBY dans d’autres. Pour y parvenir, il est impératif de s’unir et de mettre en avant l’intérêt général. C’est sa seule et unique alternative si elle veut terrasser le baobab BBY qu’elle a fini de secouer et le rendre minoritaire à la place Soweto.

Youssoupha Ba

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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