Le président des Etats-Unis est le seul habilité par la Constitution à autoriser l’usage de l’arme nucléaire et n’a même pas besoin de demander leur avis aux militaires, un pouvoir exorbitant qui inquiète les élus démocrates après l’attaque des pro-Trump contre le Congrès.
La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a appelé vendredi le chef d’état-major, le général Mark Milley, pour « discuter des précautions disponibles afin d’éviter qu’un président instable ne lance des hostilités militaires ou accède aux codes de lancement et ordonne une frappe nucléaire ».
L’armée américaine a confirmé cet appel, indiquant sans plus de précision que le général Milley, qui en sa qualité de chef d’état-major est le principal conseiller militaire du président, avait « répondu à ses questions sur la chaîne de commandement nucléaire ».
Selon un document du centre de recherche du Congrès, le pouvoir accordé à M. Trump lui est conféré par son « rôle constitutionnel de commandant en chef », et « ni les militaires ni le Congrès ne peuvent annuler sa décision ».
« Le président peut demander leur avis à ses conseillers militaires, qui ont ensuite l’obligation de transmettre et d’appliquer l’ordre d’autoriser l’usage de l’arme nucléaire », précise ce document actualisé le 3 décembre.
Lors de son audition de confirmation comme chef du commandement stratégique de l’armée américaine (Stratcom), le général John Hyten, aujourd’hui numéro deux de l’état-major, soulignait en septembre 2016 que son rôle était purement consultatif.
Question de légalité
Le seul garde-fou existant au pouvoir accordé au président est d’ordre légal. Les lois de la guerre autorisent un militaire à refuser d’exécuter un ordre illégal, note le document du Congrès. Or tant que le président exerce légalement ses fonctions, son ordre est légal.
« Les questions autour de la légalité d’un ordre — savoir s’il est conforme aux exigences, selon les loi des conflits armés, de nécessité, de proportionnalité et de distinction (entre civils et militaires, ndlr) — ont plus de chances d’aboutir à des consultations et à une décision différente du président qu’à un refus par l’armée d’obéir à son ordre », précise-t-il.
Le président des Etats-Unis est accompagné en toutes circonstances d’un aide militaire qui transporte une valise, surnommé « le football », contenant tous les éléments nécessaires à une frappe nucléaire.
S’il décide de lancer une frappe, il consulte les options à sa disposition et donne par téléphone l’ordre au commandement militaire de l’exécuter. Son appel est authentifié par un numéro figurant sur une petite carte appelée « le biscuit », qu’il indique à son interlocuteur.
Au total, le délai entre la décision du président et le lancement d’une arme nucléaire peut se limiter à quelques minutes, notait récemment Derek Johnson, de l’organisation antinucléaire Global Zero.
« Des gens dans la chaine de commande peuvent techniquement refuser d’obéir à un ordre, mais un ordre authentifié est considéré comme légal », a-t-il souligné dans une vidéo. « Et la pression pour obéir est massive ».
Le système est « conçu pour être rapide et décisif. Il n’est pas conçu pour débattre de la décision », notait en août 2016 sur NBC l’ancien chef de la CIA Michael Hayden.