La préparation des élections territoriales, la restauration du poste de Premier ministre (PM), l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr, entre autres, ont rythmé la vie politique au cours de l’année 2021.
En cette fin d’année, les état-major politiques des partis et coalitions sont sur le qui-vive avec les élections territoriales du 23 janvier 2022 en ligne de mire, un scrutin dont les résultats sont fortement scrutés car précédant d’autres échéances cruciales notamment les élections législatives de la même année et la présidentielle de 2024.
Face au bloc de la majorité et sa puissante machine électorale, l’opposition a tenté en vain d’aller aux locales sous une même bannière.
Cette dynamique s’est heurtée aux ambitions des uns et des autres. Finalement, trois grandes coalitions sont sorties : Yewwi Askan Wi, Wallu Sénégal et la Grande coalition Gueum sa Bopp.
Pour Yewwi Askan Wi et la Grande coalition Gueum sa Bopp, le dépôt de listes n’a pas été une simple formalité.
Les listes de Yewwi Askan Wi ont été déclarées irrecevables à Saint-Louis, Golf Sud, Sahm Notaire (Dakar) et Kédougou, entre autres. A Mbour, la tête de la liste de la coalition, Me Abdoulaye Tall, n’a pas pu déposer sa liste.
A Matam, le coordonnateur de Yewwi Askan Wi, préposé au dépôt des listes pour le compte de la coalition, a décidé finalement de rejoindre la mouvance présidentielle avant de disparaitre avec les documents.
Yewwi Askan Wi et la Grande coalition Gueum sa Bopp ont attendre la décision de la Cour suprême qui a statué sur les recours introduits par l’administration après la réhabilitation par les Cours d’appel des listes rejetées dans un premier temps dans certaines collectivités lors des opérations de dépôt.
La haute juridiction a tranché les différends qui portent essentiellement sur le rejet de certaines listes de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW) pour les élections départementales et municipales.
Sur 10 recours déposés, le ministère de l’Intérieur qui avait saisi la Cour suprême a eu gain de cause sur les 8 tandis que les 12 recours des partis d’opposition ont tous été rejetés.
La liste de Yewwi Askan Wi à Matam a été validée, par contre la candidature de Moustapha Guirassy à Kédougou a été rejetée.
La candidature de l’homme d’affaires Bougane Guèye Dany à la mairie de Dakar est invalidée.
Pour ces locales, les yeux sont braqués sur la mairie de Ziguinchor que va briguer l’opposant Ousmane Sonko (Yewwi Askan Wi ) et la ville de Dakar qui sera âprement disputée par Abdoulaye Diouf Sarr (majorité), Barthélémy Diaz (Yewwi Askan Wi ), Doudou Wade (Wallu), la maire sortante Soham el Wardini, entre autres.
C’est dans ce contexte de préparation des élections que le chef de l’Etat a pris tout le monde de court en annonçant, le 24 novembre, la réinstauration du poste de Premier ministre.
L’Assemblée nationale a adopté, le vendredi 10 décembre, à une large majorité, le projet de loi portant réintroduction de ce poste dans l’architecture institutionnelle.
Quatre-vingt-douze députés – la chambre parlementaire compte 165 membres – ont voté pour cette réforme. Deux voix contre le projet de loi et huit abstenions ont été dénombrées à la suite de l’examen du texte présenté aux députés par le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall.
Le 24 novembre dernier, en Conseil des ministres, le président de la République avait fait part de sa volonté d’entamer une révision de la Constitution en vue de la restauration du poste de Premier ministre, qui avait été supprimé en mai 2019.
La ‘’restauration’’ des fonctions de chef de gouvernement va servir à ‘’adapter l’organisation du pouvoir exécutif à un nouvel environnement économique et socio-politique’’, indiquait le communiqué du Conseil des ministres du même jour.
Le chef de l’Etat doit assurer la présidence tournante de l’Union africaine (UA) durant toute l’année 2022.
Macky Sall avait promulgué, mardi 14 mai 2019, la loi supprimant le poste de Premier ministre, après une réforme largement adoptée par les députés, le 4 mai de la même année.
L’année 2021 a aussi connu une séquence dramatique, qui a fait vaciller l’exception démocratique que constitue le Sénégal réputé pays stable dans un environnement régional troublé.
Alors que les activités publiques étaient en hibernation du fait des restrictions liées à la Covid-19, le champ politique a subitement connu une ébullition à cause d’un fait divers impliquant l’un de ses principaux acteurs et véritable poil à gratter du régime.
Ce 05 février 2021, c’est un coup de tonnerre dans le ciel….politique : le quotidien Les Echos rapporte qu’une jeune fille travaillant dans un salon de massage a porté plainte contre l’opposant Ousmane Sonko pour ‘’viols répétitifs et menaces de mort’’.
Convoqué par la gendarmerie, le député, arrivé troisième à la dernière présidentielle, dénonce un complot ourdi par la majorité, demande la levée de son immunité parlementaire avant de déférer à toute convocation.
Son immunité parlementaire levée, Ousmane Sonko accepte de répondre à la convocation du magistrat instructeur, sans avoir récusé le Juge du 8e cabinet, lequel finira par se dessaisir de l’affaire.
Le 6 mars, alors qu’il se rendait au Palais de justice, l’opposant est arrêté par des éléments du Groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale pour ‘’troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée’’.
Il écope de cette nouvelle accusation après un désaccord sur le choix de l’itinéraire qu’il devrait emprunter.
L’arrestation de l’opposant est suivie d’une série de manifestations à Dakar et à l’intérieur du pays.
Treize personnes ont péri et de nombreux biens publics et privés ont été saccagés lors de ces manifestations qui ont mis en évidence un mal être qui a frappé la petite économie fortement impactée par les mesures de restrictions imposées par le gouvernement pour endiguer la pandémie de Covid-19.
L’Armée sera appelée en renfort à Dakar pour la sécurité des personnes et des biens.
L’implication des leaders religieux et de la société civile permet une décrispation de la situation. Toutes les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire seront libérées.
Le 8 mars, le leader de Pastef/Les patriotes, député a l’Assemblée nationale qui s’est vu notifier la levée de sa garde à vue, quitte la Caserne Samba Diéry Diallo pour se rendre chez le magistrat instructeur.
Le même jour, il est inculpé et placé sous contrôle judiciaire. Il est accusé de viols répétés et de menaces de morts.
Quelques jours plus tard, le chef de l’Etat prend la parole lors d’un message à la Nation. Il condamne les destructions de biens et promet une réallocation des ressources budgétaires pour prendre en charge le problème du chômage de la jeunesse.
Depuis lors, le gouvernement met en œuvre le Programme ‘’Xéyu ndaw gni’’ qui table sur le recrutement de 65 000 jeunes.
L’affaire Ousmane Sonko a mis sur le devant de la scène le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) un regroupement d’acteurs se réclamant de l’opposition et de la société civile qui présentera un Mémorandum sur les événements survenus aux mois de février et mars.
De son côté, le gouvernement a annoncé la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante qui fera la lumière sur ces manifestations.
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