Politique

Méga-meeting de Farba Ngom au Fouta: Onde de choc contestataire dans la capitale

Pendant que le député et griot du président de la République, Farba Ngom, plastronne, se targuant d’avoir le Fouta dans sa poche jusqu’à en faire un titre foncier pour le président Sall, la jeunesse de ce terroir se rebelle.

La goutte de trop a été le meeting à coup de di- zaines de millions organisé dans la région de Matam. Un meeting qui, comme une onde de choc, a fait sortir dans les rues… de la capitale, la jeunesse du Fouta.

Un « pays » qui reste un désert au niveau des réalisations infrastructurelles. C’est donc une jeunesse fatiguée de voir son terroir sacrifié qui a lancé à Dakar son cri de colère ce weekend.

Le grand meeting politique organisé au Fouta par le député Farba Ngom, le week- end dernier, a été la goutte d’eau de trop. Face à ce trop-plein, la jeunesse Foutanké de la capitale est sortie dans la rues pour fustiger ce qui leur parait être une insulte dans une région qui manque de tout.

Une zone dépourvue de réalisations infrastructurelles et où les hôpitaux sont devenus des mouroirs. Ce qui fait penser à certains jeunes originaires du Fouta en général, et de la région de Matam en particulier, que l’organisation du meeting constitue pour eux un affront. « Je me demande même au bout du compte s’ils nous prennent encore pour des gens normaux. En ces périodes où la population vit une grave crise sanitaire et économique, organiser un meeting à coup de millions dans ce contexte me parait être une insulte », soutient Ibrahima Diallo, un jeune cadre de la région installé dans la capitale.

A l’en croire, le Fouta souffre de plusieurs maux qu’il ne peut énumérer tellement les chantiers sont énormes. Dans une contrée où l’eau potable est une denrée rare, M. Diallo ne peut comprendre qu’en un seul weekend des dizaines de millions de francs soient dépensés alors que cet argent aurait pu servir par exemple à doter les hôpitaux agonisants de Ourossogui et de Matam de moyens conséquents.

« Le Fouta est orphelin et laissé à lui-même. Il ne tient qu’à travers les ressources qui lui parviennent de la diaspora. Les hommes politiques n’ont rien fait pour la région et considèrent la population comme leur bétail électoral », se désole notre interlocuteur très en colère.

Selon le jeune cadre si ces hôpitaux parviennent un tant soit peu à soigner des malades, c’est grâce aux dons des émigrés. Des hôpitaux confrontés à un déficit criant en personnel soignant. « Au moment où le Fouta est exclu des projets d’envergure, où les travaux de la route Thilogne-Ourossogui trainent encore, où les hôpitaux de Ourossogui et de Matam souffrent d’un manque de moyens en plein COVID19, face à tous ces problèmes, il est inadmissible et indécent que des autorités politiques viennent y tenir un meeting », déplore un autre jeune Foutanké qui dit ne pas comprendre pas l’incurie des acteurs de la politique. « Le Dandé Mayo (Ndlr, villages situés en bordure du fleuve Sénégal) se meurt à cause des hommes politiques », peste-t-il. Pour ne plus servir de marchepied aux politiciens, les jeunes qui manifestaient à Dakar ce weekend se disent dans un processus de sensibilisation et de conscientisation au niveau des populations, et surtout la couche non alphabétisée, pour leur faire savoir les véritables enjeux et les problèmes de la région. Ce afin que ces populations ne servent plus de réceptacles aux politiciens plus préoccupés par leur ascension personnelle que de les soulager, elles qui vivent depuis des lustres dans la précarité. 

Dans ce processus de sensibilisation différentes stratégies allant de la descente sur le terrain à l’occupation des réseaux sociaux sont déclinées. « Non aux manipulations politiciennes des populations du Fouta pour des besoins strictement électoraux. A l’heure actuelle les priorités sont ailleurs » ou encore, « Je ne suis pas une marionnette électorale et ma conscience m’interdit de répondre à vos meetings à Matam.

Jeunes, c’est vrai, mais plus jamais question de jouer avec notre avenir » partagent ces jeunes dans les réseaux sociaux depuis quelques jours déjà. Le Fouta, à l’image de beaucoup de régions du Sénégal, souffre du manque de considération des hommes politiques, mais aussi du manque d’infrastructures, d’entreprises, et d’emplois. Ce qui place sa jeunesse et sa population dans des conditions difficiles. Surfant sur cette pauvreté, les politiciens font la pluie et le beau temps au détriment d’une population et particulièrement d’une jeunesse sacrifiées.

Sileye NGUETTE

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