Le chef des militaires au pouvoir en Guinée, le colonel Mamady Doumbouya, a annoncé mercredi soir un deuil national de trois jours en hommage aux victimes de l’explosion et l’incendie meurtriers du principal dépôt de carburant du pays à Conakry.
Le centre-ville de la capitale était toujours paralysé mercredi après le drame survenu dans la nuit de dimanche à lundi.
«Face à cette épreuve douloureuse, je décrète un deuil national de trois jours à compter de jeudi» en hommage aux 18 morts et plus de 200 personnes blessés dans le sinistre, a déclaré, dans un discours à la télévision publique guinéenne, le colonel Doumbouya, qui a renversé en septembre 2021 le président Alpha Condé qui était au pouvoir depuis plus de 10 ans.
La commune de Kaloum, centre névralgique des affaires à Conakry, a été durement frappée dans la nuit par l’explosion qui a provoqué d’importants dégâts matériels et mis à l’arrêt l’économie.
Le centre-ville de Conakry était toujours paralysé mercredi, malgré l’annonce de la réouverture «à minima» des bureaux, plus de deux jours après l’explosion et l’incendie du principal dépôt de carburant de Guinée. Au bureau de Galaxie Communication, une entreprise spécialisée en communication et conseil, c’est la désolation.
Le détachement sénégalais en mission d’appui en à Conakry a débuté ses interventions. Après une réunion de coordination à l’État-major général des Armées guinéennes, les personnels soignants ainsi que les sapeurs-pompiers sont entrés en action, aux côtés des équipes locales. pic.twitter.com/fYzvWdG4VY
— DIRPA (@CHEFDIRPA) December 21, 2023
«C’est fou ce qui est arrivé là. Regardez ces fenêtres. Regardez mon bureau. Imaginez-vous si cette explosion avait eu lieu en pleine journée, un jour ouvrable ?», s’interroge Mamadou Dian Diallo, le directeur général.
A proximité, l’immeuble de sept étages qui abrite l’office guinéen de publicité a l’apparence d’un squelette éventré. Les fenêtres ont été soufflées et des employés s’affairent à balayer les bureaux jonchés d’éclats de vitres et de morceaux de bois.
Dans le quartier Coronthie, épicentre de l’explosion, même la prison centrale de Conakry avec son mur de plus de dix mètres n’a pas été épargnée par la violence de l’explosion. Il y a eu 33 blessés, dont quatre graves, a déclaré mardi soir Charles Alphonse Wright, le ministre de la Justice qui s’est rendu sur les lieux.
«Incendie volontaire»
Une enquête judiciaire pour des faits présumés «d’incendie volontaire» a été ouverte par le Procureur général pour déterminer les causes du sinistre et tenter d’établir les responsabilités.
Discours du President Colonel, Mamadi DOUMBOUYA. Suite à l’explosion du dépôt national d’hydrocarbures de Conakry. #IncendieKaloum #Guinée pic.twitter.com/eeAu0QcTNd
— Amadou Tidiane BAH (@bahoro09) December 20, 2023
Aucune information n’est disponible pour l’heure sur l’origine de l’incendie. Les réactions internationales et marques de solidarité ont continué d’affluer mercredi.
Le pape François a exprimé sa «proximité aux familles des personnes décédées et aux blessés». «Que Dieu les soutienne et les garde dans l’espérance», a-t-il déclaré lors de son audience générale hebdomadaire au Vatican.
Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine, a exprimé mercredi «ses sincères condoléances et sa profonde compassion» aux familles des victimes de l’explosion.
La commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a pour sa part demandé aux pays membres de l’organisation et à la communauté internationale «d’apporter leur soutien à la Guinée dans ces moments difficiles».
Sur 212 personnes admises dans les structures sanitaires, 127 ont regagné leurs domiciles, 85 sont toujours hospitalisées dont quatre en soins intensifs, a indiqué mardi soir le gouvernement. Il a aussi annoncé la reprise de l’approvisionnement en gasoil dans le pays, bien que la restriction des camions-citernes soit maintenue.
Des chauffeurs et conducteurs de moto taxi ont envahi mercredi matin les stations pour exiger de l’essence dans plusieurs localités. Par conséquent, la plupart des stations-services sont restés fermées par peur d’être attaquées, a constaté l’AFP, entrainant une forte augmentation du prix de l’essence au marché noir.
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