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Les eurodéputés doutent de l’engagement du commissaire Virginijus Sinkevičius en faveur de la pêche

Les eurodéputés des groupes majoritaires au Parlement européen ont reproché au commissaire européen à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche, Virginijus Sinkevičius, de privilégier la protection de l’environnement au détriment de la durabilité économique et sociale du secteur de la pêche.

Au cours d’un débat à la commission de la pêche (PECH) du Parlement européen, jeudi (1er décembre), le commissaire européen Virginijus Sinkevičius a été vivement critiqué par certains eurodéputés. Ces derniers lui demandaient de soutenir davantage les communautés de pêcheurs en cette période difficile.

M. Sinkevičius a présenté au Parlement l’état d’avancement des dernières initiatives de la Commission visant à soutenir la transition énergétique du secteur. Ces initiatives avaient été présentées aux ministres européens la semaine dernière lors du Conseil « Agriculture et pêche » (AGRIPECHE).

Il a également annoncé que la révision très attendue de la Politique commune de la pêche (PCP), ainsi que le Plan d’action pour le milieu marin (PAMM), seront présentés par la Commission en janvier 2023.

Le commissaire lituanien a reconnu que « de nombreux pêcheurs sont actuellement littéralement mis au pied du mur », tout en soulignant que « si nous détruisons complètement l’environnement, il n’y aura plus de pêche, plus d’agriculture, plus de foresterie et probablement plus d’économie, car 50 % de notre économie dépend de l’environnement ».

Cependant, ses propos n’ont pas entièrement convaincu les libéraux et le centre droit, qui ont continué à lui reprocher de se consacrer davantage aux aspects environnementaux de son portefeuille qu’à la pêche.

« Vos initiatives, votre communication et vos propositions se réfèrent toujours à la protection de l’environnement mais cela se fait au détriment du secteur de la pêche et de l’aquaculture », a reproché Gabriel Mato, coordinateur de la commission PECH pour le Parti populaire européen (PPE).

L’eurodéputée espagnole Clara Aguilera, homologue socialiste de M. Mato, estime qu’il ne s’agit pas de privilégier un secteur ou l’autre mais d’aller de pair avec le secteur de la pêche.

« Je pense qu’il est nécessaire d’expliquer que ni la transition écologique, ni la transition numérique, ni aucune transition ne peut être réalisée sans inclure les secteurs », a-t-elle indiqué. « Pensez-vous que les procédures de la Commission sont comprises et acceptées par le secteur de la pêche ? Je ne le pense pas », a-t-elle continué.

En revanche, l’eurodéputée française Caroline Roose, du groupe des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) de centre gauche/gauche, a été favorable aux « grandes ambitions environnementales » récemment formulées par l’exécutif. Elle s’est toutefois montrée préoccupée par le projet de la Commission de reporter le Plan d’action pour le milieu marin à 2023, puisqu’il était initialement prévu pour 2021.

Les eurodéputés des groupes majoritaires ont également appelé le commissaire à « se rapprocher » des communautés de pêcheurs, qui « ne le voit pas comme étant de leur côté ».

« Je ne me cache jamais des réunions avec vous [les eurodéputés] et je ne me cacherai jamais des réunions avec le secteur [de la pêche] », a répondu M. Sinkevičius.

Objectifs environnementaux et impacts socio-économiques
L’exécutif européen devrait présenter un plan visant à accélérer la transition écologique dans le secteur de la pêche du bloc et à décarboner le secteur alors qu’il fait face à la crise énergétique.

Le secteur a bénéficié du versement rapide et ponctuel d’aides d’État et du Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture (FEAMPA) pour faire face à la hausse des prix du carburant, M. Sinkevičius pense que la solution consisterait à réduire la dépendance du secteur aux combustibles fossiles.

« La dépendance actuelle aux combustibles est ce qui pose le plus grand problème aujourd’hui », a-t-il confié aux eurodéputés.

Par ailleurs, les eurodéputés ont interrogé le commissaire sur les impacts socio-économiques des projets de la Commission pendant une grande partie de la discussion.

Certains eurodéputés ont évoqué l’exemple du partenariat pour la pêche signé entre l’UE et le Sénégal pour la première fois en 1979. Cet accord permet aux navires européens de pêcher le thon et le merlu noir dans des zones de pêche délimitées le long de la côte sénégalaise.

Toutefois, le gouvernement sénégalais a récemment adopté une approche restrictive qui pourrait empêcher les navires européens de pêcher dans ces zones malgré le respect de normes élevées en matière de pêche durable.

Selon les eurodéputés, les pêcheurs touchés par les violations de l’accord de la part du Sénégal devraient être soutenus par des subventions de l’UE.

« Si l’UE a [signé] un accord avec le Sénégal et si le gouvernement sénégalais est négligent, mais que nous ne pouvons pas aider les navires touchés, la situation est vouée à l’échec », a indiqué l’eurodéputée socialiste Mme Aguilera.

M. Sinkevičius a expliqué que malgré les efforts déployés par la Commission et la délégation de l’UE au Sénégal, le gouvernement du pays africain est toujours en train de repousser la délivrance des autorisations de pêche.

Le commissaire européen a ajouté qu’il ferait tout son possible « pour garantir que les intérêts de notre secteur de la pêche soient défendus à l’étranger », tout en soulignant que « la Commission applique une tolérance zéro à l’égard de [la pêche] illicite, non déclarée et non réglementée (INN) ».

Anne-Sophie Gayet

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