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Le recours à la justice populaire au Sénégal: une solution dangereuse

Crimes, viols à l’arraché et avec violence, cambriolages, viols, etc. le sentiment d’insécurité est grandissant et la psychose générale ou presque chez les populations dans Dakar et sa banlieue. C’est le constat ces derniers temps. Face aux nombreux cas d’agressions décriés un peu partout, avec à la clé des séries de meurtres, de plus en plus de voix s’élèvent appelant les populations à réagir, en se faisant justice elles-mêmes, sur les réseaux sociaux.

Mieux, des vidéos de voleurs/cambrioleurs, agresseurs, et autres malfrats lynchés ou attachés contre des poteaux en bois (de Senelec ou Sonatel) avant d’être bastonnés et même celles d’agressions à l’aide de motos ayant échoué grâce à l’intervention rapide d’autres personnes, poussant les agresseurs à abandonner leurs engins pour prendre la poudre d’escampette, font le tour de la toile.

Histoire d’inciter à la justice populaire, ce qui pourrait être un précédent dangereux face au sentiment d’impunité des criminels. Reportage dans quelques quartiers chauds de Dakar et sa banlieue.

RECRUDESCENCE DE LA VIOLENCE AU SÉNÉGAL : la peur gagne du terrain
Arrêt bus de Fass Mbao, des passagers entendent sagement un car pour joindre Dakar. La psychose des cas de meurtres, agressions violentes, vols et cambriolages, viols et autres violences est tellement persistant que les gens ont même peur d’en parler, dans à la presse. «Désolé Madame, j’ai peur… de la presse» où «excusez-moi Madame, je n’ai pas d’idée», sont les réponses de personnes interpellées sur le sujets.

Après plusieurs individus ayant décliné notre interpellation, voilà que Libasse Laye Samb, habitant de Yoff, accepte d’en parler. «Nous avons tous remarqué qu’au Sénégal, la violence est énorme, les meurtres, l’insécurité en grosso modo. Cette recrudescence de la violence a fait qu’aujourd’hui toute la population a peur. Ce qui est malheureux, c’est que personne n’est en sécurité.

La grande question est : à qui faire confiance de nos jours ?», dit Libasse. Et M. Samb de lancer un appel au gouvernement pour plus de sécurité. «Je lance un appel à l’Etat du Sénégal pour qu’il déploie la Police et la Gendarmerie dans les quartiers, les villages, les villes, partout. L’insécurité a gagné du terrain, en commençant par la banlieue où on voit rarement des patrouilles de Polices.

Les agresseurs attaquent parce qu’ils savent qu’il n’y aura personne à leur poursuite. Il fait qu’il y ait des patrouilles en permanence, avec des relances à chaque fois. De ce fait, l’insécurité, l’agression et les crimes pourront disparaître de notre cher pays», a-t-il dit. Avant d’ajouter : «il faut aussi que l’Etat aide la jeunesse. C’est vrai que l’insécurité est extrême, mais aussi les jeunes n’ont pas de boulot. Et c’est ce manque d’emploi qui les pousse à agresser, même si ce n’est pas une raison. Il est temps que l’État épaules sa jeunesse», a alerté Libasse Laye Samb.

Lui emboitant le pas, Lamine Djité, enseignant rencontré à Pikine Texaco, a lui fait un constat amère, mais tout de même factuel. «Les principales causes de la recrudescence des violences pourraient être à la fois sociétales et sociales. Sociétales parce que nous avons malheureusement une société malade de ses valeurs, de ses convictions, de ses repères, de ses références… aspirant à adopter une autre société et surtout occidentale dont nous ne serons jamais les bienvenus pour juste raison, parce qu’il y a choc de cultures.

L’autre cause qui semble être le tronc ou les feuilles de l’arbre qui est naturellement celle sociale s’explique par les disparités socioéconomiques très en vue, avec les nantis qui non seulement ne font pas 10% de la population, mais aussi représentant en grande partie nos hommes politiques qui s’enrichissent avec beaucoup d’arrogance dans le dos des Sénégalais.

Malheureusement ils prennent la politique comme un moyen d’ascension sociale», dénonce M. Djité qui y ajoute «le manque de confiance en soi, la dépendance financière des jeunes surtout causée par le sous emploi, la mauvaise politique de réinsertion des jeunes à la formation et à entreprenariat de la part de l’Etat, les jalousies internes, les trafics de personnalité, etc.».

Selon Lamine, «pour éradiquer ce fléau qui gangrène la société, il nous faut un Etat fort qui fait face à ses responsabilités, en distribuant la richesse du pays aux ayants -droit ; histoire de pondérer la tension sociale. Mais surtout promouvoir une vraie politique d’emploi pour la jeunesse car occupant plus de 65% de la population ; encore que cette jeunesse doit être utilisée comme un atout et non comme un frein au développement…», note l’enseignant M. Djité.

UN POLICIER, AGENT DE LA CIRCULATION A TOURNAL YEUMBEUL, DIAGNOSTIQUE LE MAL : «De 2020 à nos jours, tous les crimes qui se sont succédé viennent d’un membre connu de la victime…»
Contrairement à ces intervenants pour qui l’insécurité règne au Sénégal, la preuve par la recrudescence des violences, ce policier en plein exercice de ses fonctions, trouve qu’il y a de la sécurité au Sénégal. Mais que ce sont les valeurs qui régissaient ce pays qui sont en voie de disparition.

«C’est vrai que ces derniers temps il y a trop d’agressions ; mais cela ne veut pas dire que le Sénégal est en pleine insécurité. Il y a une sécurité totale dans l’ensemble du territoire national. Je pense que ce sont les mentalités qui ont changé. C’est l’éducation de base qui fait défaut. Les parents n’ont plus le temps d’éduquer leurs enfants.

Avant, même la rue participe à l’éducation de l’enfant. De nos jours, ce n’est plus le cas», a livré l’agent préposé à la circulation routière à Tournal Yeumbeul. Et de poursuivre en relevant la pression sociale qui est source de frustration. «Je ne sais pas si vous avez fait le constat où non. Mais, de 2020 à nos jours, tous les crimes qui ce sont succédés viennent d’un membre connu de la victime.

Soit c’est un petit ami, un cousin, un collègue de travail et j’en pense. Et la plupart d’entre ces crimes, c’est l’argent le mobile. Il faut aussi oser le dire, la jeunesse est frustrée par le manque d’emploi et la pression familiale est énorme. Il y a trop de pressions dans les maisons. Il est difficile de trouver du boulot de nos jours et certains parents ne comprennent pas cela.

Par exemple, certains exigent leurs enfants à assurer les dépenses quotidiennes ou autres. Comment quelqu’un qui n’a pas de travail peut gérer toute une famille ? Je peux donner pleins d’exemples de pressions qui règnent sur la jeunesse» a-t-il constaté avant d’appeler les parents à veiller sur leurs enfants, à les approcher et les aider, au lieu de les pousser à bout.

Concernant la justice populaire, le policier appelle le peuple au calme et au sens des responsabilités car nul n’est censé ignorer la loi

Seynabou BA

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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