Société

Le Forum civil dénonce le «flou» autour de l’achat de l’avion présidentiel

En session de formation sur la transparence et la « redevabilité » dans les passations de marchés publics, le Forum civil s’est prononcé, hier, sur l’achat du nouvel avion présidentiel.

Selon Birahim Seck qui rejette la notion de « secret défense » brandie par le gouvernement pour justifier son silence par rapport au coût du nouvel appareil, un montage financier n’a jamais été un secret à plus forte raison quand il s’agit de l’argent du contribuable.

Le ton durci, la mine exaspérée. C’est avec un air visiblement choqué que Birahim Seck a abordé hier, à la Maison de la Presse, la lancinante question du flou qui entoure l’achat du nouvel avion présidentiel.

Pour le coordonnateur du Forum civil, qui était venu assister à la session de formation sur la transparence et la redevabilité dans les passations de marchés publics, le contenu du communiqué servi par le gouvernement est irrespectueux à l’égard des Sénégalais. « Il faudrait fondamentalement qu’au Sénégal, on se respecte.

On connaît les sommes injectées dans le système éducatif où le gouvernement s’efforce de donner des montants. Pourquoi quand on achète un bien de l’Etat, comme l’avion présidentiel qui est un bien des contribuables, les citoyens n’ont-ils pas le droit de connaître le montant qui a été injecté pour l’achat de ce matériel », a interrogé, le verbe haut, Birahim Seck.

Puis, battant en brèche l’argument du ministre porte-parole du gouvernement au sujet du motif ayant poussé au changement de la Pointe Sarène, l’avion de commandement mis au rebut, M. Seck a invité à l’expertise aéronautique. Parce que, récuse-t-il, quand on nous dit que l’avion est vétuste, c’est là un avis politique.

« Quel est l’avis technique qui justifie la vétusté de cet avion ? On se demande est-ce que dans une République qui se respecte, l’on peut vendre un avion vétuste ? Quel est l’avis technique qui a confirmé la vétusté de l’avion Pointe Sarène ? Aujourd’hui, dans le domaine de l’aéronautique, le Sénégal dispose d’experts reconnus qui peuvent nous fournir des explications au sujet des défaillances techniques de l’appareil», a soutenu le coordonnateur du Forum civil, filiale sénégalaise de Transparency International.

Soulignant le fait que tout achat public doit impérativement passer par la Direction centrale des marchés publics (DCMP), Birahim Seck s’est également demandé si le gouvernement aurait saisi cet organe dans le cadre de la transaction. Et par rapport au coût de l’appareil objet de spéculations depuis l’annonce de l’achat du nouvel appareil, le Forum civil interpelle les autorités sur le financement de cette acquisition.

‘Le gouvernement ne va pas se tirer une balle dans la tête’
« Est-ce que l’avion a été acquis sur la base d’endettement où par la voie du Trésor public ? Je pense qu’aujourd’hui, le gouvernement ne va pas se tirer une balle dans la tête, parce que l’acte 3 du Pse consacre la promotion de la bonne gouvernance. Et l’acte qu’a posé hier le gouvernement est en parfaite antinomie avec l’acte 3 du Pse », a amèrement constaté M. Seck.

A l’en croire, le citoyen ne peut plus être infantilisé sous le prétexte qu’on ne peut pas donner le coût de l’avion parce que c’est secret. Il ajoute ainsi qu’un montage financier n’a jamais été un secret à plus forte raison quand il s’agit de l’argent du contribuable.

« Le citoyen a besoin de savoir combien cet avion nous a coûté, quel est le montant qui a été effectué et quelles sont les structures techniques qui ont poussé le gouvernement à dire que l’avion a des caractéristiques vétustes. Car, actuellement, il n’y a absolument rien de secret », a encore asséné le leader du Forum Civil, tout en rappelant que dans des pays comme la France, c’est au détail près que la cour des comptes donne le coût des voyages d’Emmanuel Macron.

Une brèche qu’il ouvre pour se pencher sur le caractère « nébuleux » de la caisse noire aux mains du président Macky Sall. Ce dernier, dit-il, avait promis d’ouvrir à la Cour des comptes les fonds alloués à la présidence de la République.

« Et actuellement, le fait même que le gouvernement refuse d’ouvrir ses comptes à la Cour des comptes est une autre antinomie par rapport à l’acte 3 du Pse qui prône la bonne gouvernance.

Il y a un besoin des citoyens d’être informés. On ne peut pas demander au peuple sénégalais de se mobiliser dans le cadre de la mobilisation des ressources puis à l’administration sénégalaise de se donner corps et âme à travers le programme Yataal de la DGID, et qu’on se permettre d’aller à l’extérieur pour s’endetter à coup de milliards et revenir nous dire qu’on peut pas nous informer sur le coût d’un bien qui appartient au peuple », a clamé haut et fort Birahim Seck du Forum Civil.

Falilou Mballo

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