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L’armée investit les rues de Port Moresby pour rétablir l’ordre après les émeutes ayant fait 16 morts

Des militaires patrouillent vendredi dans les rues de la capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, placée en état d’urgence à la suite d’émeutes qui ont fait 16 morts dans les deux plus grandes villes du pays.

Le Premier ministre James Marape s’est engagé à rétablir le calme après que des foules en colère se sont emparées de la capitale Port Moresby mercredi soir, brisant des vitrines, pillant des magasins et mettant le feu à des bâtiments.

Les émeutiers « paieront le prix » pour les flambées d' »anarchie », a promis M. Marape, déclarant l’état d’urgence pour 14 jours dans la capitale à compter de jeudi soir.

Avec 1.000 soldats en faction pour renforcer la sécurité, de nombreuses agences bancaires, stations-service et épiceries de la ville ont commencé à rouvrir leurs portes vendredi.

« Les magasins ont ouvert, les stations-service ont ouvert, les transports publics sont ouverts. Les gens se déplacent à nouveau, il y a un sentiment de paix », a indiqué à l’AFP Maho Laveil, un habitant de Port Moresby.

« La police et l’armée sont de plus en plus présentes dans la ville », a ajouté le professeur d’économie, estimant que c’est « plus dangereux la nuit ».

Des violences ont éclaté dans la capitale mercredi soir, dans la foulée de manifestations antigouvernementales menées par des soldats, policiers et gardiens de prison qui protestaient contre des baisses inexpliquées de leurs salaires.

De nombreux civils mécontents ont ensuite rejoint les émeutes, et les violences ont gagné la ville de Lae, à quelque 300 kilomètres au nord.

La police et les autorités sanitaires ont déclaré qu’au moins 16 personnes avaient été tuées dans les deux villes, selon un nouveau bilan communiqué vendredi.

M. Marape a reconnu que les forces de sécurité avaient une « véritable raison de s’inquiéter », et son gouvernement a rapidement promis de corriger ce qu’il a décrit comme un « problème technique » ayant entraîné les baisses de salaires constatées.

Mais le Premier ministre a prévenu que « l’anarchie et l’inconscience » ne seraient pas tolérées.

« Ce n’est pas la première fois que des membres de nos forces de l’ordre agissent comme des voyous », a-t-il déclaré à la presse jeudi soir, faisant référence à un conflit salarial en 2018 qui s’était soldé par le saccage du Parlement du pays par le personnel de sécurité.

« Je veux indiquer à notre pays que ça suffit. Ca suffit », a-t-il insisté.

« Vagues de blessés »
Des vidéos tournées dans la capitale par l’AFP ont montré des pillards se précipitant dans les magasins à travers les vitrines brisées, plaçant des marchandises volées dans des cartons, des chariots de supermarché et des seaux en plastique.

Des bâtiments et des voitures ont été incendiés, selon les images de l’AFP, et d’épais panaches de fumée noire s’échappaient au-dessus des quartiers les plus touchés de la ville.

City Pharmacy Limited, l’une des plus grandes chaînes de magasins de Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que des médicaments sur ordonnance avaient été volés dans ses magasins saccagés.

« Nous demandons instamment au public de ne pas acheter ces produits. Si quelqu’un utilise ces produits, il le fait à ses propres risques », a souligné l’entreprise dans un communiqué.

L’hôpital général de Port Moresby a dit avoir été submergé par des « vagues de blessés », dont 30 personnes blessées par balle, six autres présentant des lacérations causées par des « machettes » et cinq personnes souffrant de brûlures.

Pékin a déposé une plainte auprès du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à la suite d’informations selon lesquelles les émeutiers auraient pris pour cible des commerces appartenant à des Chinois.

De son côté, l’ambassade des Etats-Unis à Port Moresby a fait état de coups de feu tirés près de son enceinte alors que la police tentait de « disperser des groupes de pillards ».

Située au nord de l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’Etat le plus grand et le plus peuplé de Mélanésie.

Bien que le pays soit doté de vastes gisements de gaz, d’or et de minerais, les groupes de défense des droits humains estiment que près de 40% de ses neuf millions d’habitants vivent encore sous le seuil de pauvreté.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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