Israël a déclaré vendredi qu’il ne cherchait pas à détruire le peuple palestinien à Gaza, en se défendant d’une accusation de génocide « totalement dénaturée » et « malveillante » portée contre lui devant la plus haute juridiction de l’ONU.
L’Afrique du Sud a saisi le mois dernier en urgence la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, arguant qu’Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l’Holocauste.
Pretoria souhaite que les juges enjoignent à Israël d’arrêter « immédiatement » la campagne militaire lancée à Gaza après l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre, qui a fait environ 1.140 morts, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.
En représailles, Israël a juré d' »anéantir » le Hamas au pouvoir à Gaza et lancé une offensive dans ce territoire palestinien qui a fait au moins 23.469 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Mais selon Tal Becker, l’un des avocats de l’Etat hébreu, Pretoria a « malheureusement présenté à la Cour un tableau factuel et juridique totalement dénaturé » du conflit.
À l’aide de vidéos et d’images, M. Becker a dressé devant les magistrats un tableau d’horreurs commises selon lui lors de l’attaque du Hamas.
Des membres du Hamas « ont torturé des enfants devant leurs parents, des parents devant leurs enfants, brûlé des gens » et se sont rendus coupables de viols et mutilations, a-t-il déclaré.
« Légitime défense »
L’avocat a souligné que la réponse d’Israël était un acte de légitime défense et ne visait pas les civils. « Israël est engagé dans une guerre de défense contre le Hamas, pas contre le peuple palestinien », a affirmé M. Becker.
Dans ces circonstances, « il ne saurait y avoir une accusation plus fausse ou plus malveillante que l’accusation de génocide contre Israël », a-t-il encore déclaré.
L’Etat hébreu et son allié Washington ont rejeté l’affaire devant la CIJ comme étant sans fondement.
Israël « est accusé de génocide au moment où il combat le génocide », s’est offusqué jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
« Une organisation terroriste a commis le pire crime contre le peuple juif depuis l’Holocauste et voici que quelqu’un vient la défendre au nom de l’Holocauste. Quel culot ! », a-t-il ajouté.
S’agissant d’une procédure d’urgence, la CIJ pourrait se prononcer d’ici à quelques semaines. Ses décisions sont sans appel et juridiquement contraignantes, mais elle n’a aucun pouvoir pour les faire appliquer. Elle a, par exemple, ordonné à la Russie de suspendre son invasion de l’Ukraine.
En revanche, la cour ne se prononcera pas encore sur le fond de l’affaire – à savoir si Israël commet effectivement un génocide – mais seulement sur la question de savoir si les droits fondamentaux des habitants de Gaza sont actuellement menacés.
« Franchi la ligne »
« S’il y a eu des actes qui peuvent être qualifiés de génocidaires, alors ils ont été perpétrés contre Israël », a déclaré M. Becker, faisant référence à ce qu’il a appelé « un programme d’anéantissement fièrement déclaré » de la part du Hamas.
L’Afrique du Sud peut poursuivre Israël devant la CIJ puisque les deux pays ont signé la Convention sur le génocide.
Le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, a déclaré jeudi devant les magistrats qu’Israël avait « franchi la ligne » et violait la convention, ce que même la brutalité de l’attaque du Hamas ne peut justifier.
« Les génocides ne sont jamais déclarés à l’avance », a affirmé Adila Hassim, une avocate de l’Afrique du Sud.
« Mais ce tribunal bénéficie des 13 dernières semaines de preuves qui montrent de manière incontestable un modèle de comportement et d’intention qui justifient une allégation plausible d’actes génocidaires », a-t-elle ajouté.
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, soutient depuis longtemps la cause palestinienne.
L’ancien président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela avait ainsi affirmé que la liberté de l’Afrique du Sud serait « incomplète » sans celle des Palestiniens.
Les autorités locales de Bethléem, en Cisjordanie, ont hissé vendredi le drapeau de l’Afrique du Sud, suscitant les acclamations de la foule.
Pretoria a « montré nos souffrances partout dans le monde », a déclaré à l’AFP le maire de la ville, Anton Salman, qui espère que cette affaire apportera « des résultats fructueux pour le peuple palestinien et pour l’humanité en général ».
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