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La Chine procède à des exercices «d’encerclement total» de Taïwan

Au premier jour de manœuvres militaires qui dureront jusqu’à lundi, Taïpei a affirmé ce samedi avoir détecté au moins neuf navires de guerre et 71 avions militaires.

Les exercices militaires lancés samedi 8 avril par la Chine dans le détroit de Taïwan visent un «encerclement total» de l’île, selon la télévision d’État chinoise. «L’exercice d’aujourd’hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l’espace aérien et de l’information […] afin de créer une dissuasion et un encerclement total» de Taïwan, a précisé CCTV. La localisation exacte de ces opérations n’est pas connue.

La partie la plus étroite du détroit de Taïwan entre les côtes chinoises et l’île fait environ 130 kilomètres. Selon CCTV, des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont notamment mobilisés pour ces exercices. Le parti communiste chinois «a délibérément créé une tension dans le détroit de Taïwan (…) ce qui a un impact négatif sur la sécurité et le développement économique de la communauté internationale», a indiqué le ministère, en précisant que le nombre de navires de guerre détectés autour de l’île à 16h00 locales (08h00 GMT) se montait désormais à neuf, et celui des avions de chasse à 71.

Exercices à tir réel
L’armée chinoise a lancé ce samedi trois jours d’exercices militaires dans le détroit de Taïwan, sur fond de tensions avec l’île. Ces manœuvres «servent de sérieux avertissements contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant “l’indépendance de Taïwan” et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices», a averti dans un communiqué un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi.

Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales. Taïpei a estimé que ces manœuvres menacent la «stabilité et la sécurité» dans la région Asie-Pacifique.

Ces annonces font suite à la visite cette semaine de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen aux États-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, président de la Chambre des représentants et troisième personnage de l’État américain.

Pékin avait dans la foulée promis des «mesures fermes et énergiques» en représailles. La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel.

La Chine considère Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Les États-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du «principe d’une seule Chine» défendu par Pékin.

Depuis jeudi, Pékin accentue la pression militaire sur Taïwan avec l’envoi de navires de guerre et d’aéronefs dans le détroit. Depuis plusieurs jours, la Chine a aussi renforcé la présence de ses garde-côtes dans le détroit pour des patrouilles exceptionnelles. Vendredi, des journalistes de l’AFP à Pingtan ont aperçu un navire militaire et au moins deux hélicoptères militaires transiter par le détroit de Taïwan. Il n’était toutefois pas clair si ces mouvements représentaient une augmentation du nombre habituel de patrouilles chinoises dans la zone.

Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d’illusions. »Le président chinois Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen

En août, Pékin avait lancé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé Kevin McCarthy au perchoir, s’était rendue sur l’île. Ces manœuvres militaires interviennent également au lendemain d’une visite d’État en Chine d’Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping.

«La conversation a été dense et franche» à ce sujet, a indiqué l’Élysée vendredi. «Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d’illusions», a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d’une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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