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La CEDEAO se réunit en urgence après une série de crises, dont celle de l’annulation de la présidentielle par Macky Sall

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) se réunit jeudi en urgence, sur fond de crise politique majeure au Sénégal et de différends importants avec les régimes militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger.

Les ministres des Affaires étrangères des pays-membres de la CEDEAO se retrouvent à Abuja, la capitale du Nigeria, pour « discuter des problèmes sécuritaires et politiques actuels de la région ».

A l’ordre du jour: la demande de retrait de l’institution du Mali, du Niger et du Burkina Faso, et la crise politique au Sénégal dont le président Macky Sall a annoncé samedi dernier le report de l’élection présidentielle de février à décembre.

Si les trois pays dirigés par des régimes militaires issus de coups d’Etat n’ont envoyé aucun représentant, le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Ismaïla Madior Fall, et son homologue de la Défense, El Hadji Omar Youm, sont bel et bien présents, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Dans son discours introductif, Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la CEDEAO, a qualifié la crise sénégalaise de « développement inquiétant » avant d’appeler les pays-membres à rester unis.

La réputation de l’organisation régionale vieille de près de 50 ans est en jeu, en particulier après le coup d’Etat au Niger en juillet 2023.

La menace d’intervention militaire de la CEDEAO dans ce pays semble ne plus être à l’ordre du jour, alors que le président déchu Mohamed Bazoum n’a toujours pas été rétabli dans ses fonctions et reste détenu.

Crise au Sénégal
Le Sénégal, l’une des démocraties les plus stables de la région, connaît sa pire crise politique depuis des décennies.

Elle a été déclenchée par le report de la présidentielle du 25 février 2024 par le président Macky Sall samedi, suscitant des inquiétudes quant aux répercussions dans la région.

Les législateurs ont voté lundi à la quasi-unanimité en faveur de ce report au 15 décembre 2024, après l’expulsion de membres de l’opposition par les forces de sécurité, qui n’ont pas pu voter.

Dans un communiqué, la CEDEAO a invité le Sénégal a « prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour rétablir le calendrier électoral ».

« Le Sénégal est respectueux des recommandations de la CEDEAO mais nous privilégions aujourd’hui la logique politique interne », a affirmé Ismaïla Madior Fall mercredi soir à la chaîne de télévision française France 24.

L’un des pouvoirs dont dispose la CEDEAO est d’imposer de lourdes sanctions économiques, comme elle l’a fait à l’encontre du Mali et du Niger à la suite des récents coups d’Etat.

Fin janvier, les deux pays ainsi que le Burkina Faso, déjà suspendus de la CEDEAO, ont annoncé leur retrait conjoint de l’organisation ouest-africaine, aggravant ainsi le casse-tête diplomatique.

Et mercredi, les trois pays sahéliens ont fait savoir qu’ils entendaient partir dès maintenant et non dans un an comme le stipulent les textes de l’organisation.

« En difficulté »
Les experts estiment que le Sénégal est encore loin du stade où la CEDEAO est susceptible de lui imposer des sanctions financières.

« Ce qui peut être mis en place, c’est davantage de médiation », déclare à l’AFP Idayat Hassan, affiliée au Centre américain d’études stratégiques et internationales.

« La CEDEAO est en difficulté, mais ce n’est pas nouveau. L’Afrique de l’Ouest était l’une des régions du monde les plus sujettes aux coups d’Etat avant que la consolidation démocratique ne commence à s’installer », indique Mme Hassan.

La CEDEAO est déjà intervenue militairement, notamment en Gambie en 2017 lorsque le président sortant Yahya Jammeh a refusé de quitter le pouvoir après avoir perdu les élections.

Il ne serait « pas sage pour quiconque d’avancer une action militaire » dans la région, estime Bamidele Olajide, professeur de sciences politiques à l’université de Lagos.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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